27 décembre 1535
La cour d'Angleterre été raffinée, les nombreux banquets étaient accompagnés par des pièces de théâtre, des danses, de la poésie et des mets raffinés venus des quatre coins du monde. A cette ambiance frivole venait s'ajouter le jeu de la séduction très présent entre les hommes et les femmes qui s'adonnaient aux plaisirs offert par la cour. Il fallut peu de temps à Félicité pour s'acclimater à sa nouvelle vie au château. Avec l'aide de Madge et de quelques professeurs de musique et de danse, la jeune femme était parvenue à maîtriser les usages et les coutumes de la cour. Elle avait appris à jouer de la harpe, du violon, à danser la valse, la volta ainsi que la broderie, le français, à tirer à l'arc et à monter à cheval. Elle avait appris à exécuter une révérence parfaite mêlant à la fois la souplesse et la sensualité.Ses journées étaient bien remplies et elle ne s'ennuyait jamais.
Elle était levée avant l'aube, elle se lavait et s'habillait avec des étoffes toutes plus éblouissantes les unes que les autres. Ses cheveux étaient coiffés de façon sophistiqués avec des tresses, des chignons, des diadèmes sans oublier la coiffe française (une coiffe abordant un voile noir au dos qui affiche la partie avant des cheveux.) Le point de mire de la cour était Anne Boleyn. Éduquée par la mode française, elle portait celle-ci avec un goût indiscutable et raffinement. Ses tenues étaient toujours à la pointe de la mode et chacun savait à la cour qu'il fallait la suivre. Les robes avaient un profond décolleté carré et les manches épousaient la peau avant de s'élargir au niveau du coude. Elle était plus extravagante car le style français était plus excentrique que le style anglais qui était plutôt conservateur. A ses tenues venaient s'ajouter des bijoux somptueux et éclatant, son fétiche étant un ras de cou en perle de nacre sur lequel pendait un "B" en or, symbolisant le B des boleyn, auquel pendait trois perles symbolisant sûrement les trois enfants de la fratrie : Mary, Anne et George.
Une fois parée et habillée, elles allaient éveiller la reine ainsi que la préparer. Après la collation, elles assistaient à la messe et priaient ensemble pour le roi et espéraient que Dieu accorde un hériter à la couronne d'Angleterre et un fils pour continuer la dynastie des Tudor. Après la messe les activités pouvaient varier allant des banquets à la chasse en passant par les sports auxquels Félicité assistait en compagnie d'Anne et de sa cour.La cour d'Anne boleyn rassemblait autour d'elle des jeunes gens de tous horizons s'adonnant au plaisirs de la littérature, de la musique, de la danse, de la chasse, du théâtre et de tout autres activités. Jamais ont ne s'ennuyait, la reine ressemblait toujours dans ses appartements cette ambiance légère et culturelle. Sa cour était composée de ses dames de compagnies, Jane Boleyn (sa belle-soeur), Madge et Margaret Shelton, Anne Bray et Jane Seymour une jeune fille blonde et effacée que le roi avait fait entrer au service de la reine quelques temps auparavant. A ces dames de compagnies s'ajoutaient plusieurs gentilshommes de la cour : George Boleyn (le frère cadet d'Anne), Mark smeaton un musicien de base condition, William Bereton, Henry Norris (un ami du roi), Francis Weston et Thomas Wyatt, un poète dont bon nombre de ses œuvres étaient inspirées par la reine en personne. Chaque soirs on dansaient, récitaient des poèmes ou allaient voir des pièces de théâtre. Le vin coulait à flot et une ambiance légère et conviviales emplissait la pièce. Il arrivait au roi de se joindre à eux et de danser avec la reine. Dans ses moments là, tous s'écartaient formant autour du couple une ronde ou tous les regards convergeaient vers le centre ou évoluaient les danseurs. Félicité remarquait fort bien le regard vagadon du roi qui passait de femme en femme, les observant le regard baladeur. Souvent, elle pouvait sentir le regard du roi se poser sur elle, sur son décolleté, la déshabillant du regard. De nombreuses rumeurs circulaient à la cour sur les différentes liaison du roi. A quarante cinq ans, le roi était un colosse de six pieds de longs aux cheveux roux flamboyant et magnifiquement habillé, un modèle parfait parfait de la beauté masculine avec un port de tête altier et le regard fier. C'est pourquoi, lorsque le roi arrivait dans les appartements de la reine, la jeune femme se faisait le plus discrète possible, se cachant derrière les convives. Fort heureusement pour elle, le roi était toujours accompagné par quelques gentilshommes de sa suite dont l'intriguant M.Sharpe faisait parti. Souvent Félicité le surprenait à l'observer de loin. Son regard émeraude impénétrable posé sur elle, le jeune homme la perturbait par sa beauté et l'intimidait. Bien qu'elle n'osait pas lui adresser la parole, ce jeu de regards l'amusait. Bien différents de celui d'Henry, il lui était impossible de deviner les pensées qui traversaient le jeune homme lorsqu'il la regardait. Rapidement, la jeune femme se surpris à le chercher du regard à travers cette foule de jeunes gens exaltés par l'ambiance festive qui régnait à la cour.
Mais derrière les apparences se cachent des secrets, des mots que l'on n'ose prononcer à voie haute. Devant la cour, Henry et Anne portaient leur masques en permanence et renvoyaient l'image d'un couple heureux et aimant. Mais à l'abri des regards, l'inquiétude du couple était palpable. Deux ans et demi après leur mariage, beaucoup refusaient encore de considérer Anne comme leur reine et n'hésitaient pas à la discréditer, l'affublant de surnoms horribles, l'insultant de "putain de roi" de "sorcière" ou encore de "concubine". Certains proches de l'entourage du roi ne se cachaient d'ailleurs pas pour montrer leur loyauté envers l'ancienne reine Catherine d'Aragon, vivant désormais recluse et répudiée seule dans un palais froid et glacé.Afin de faire taire les médisances sur son mariage, Henry avait fait passer l'acte de suprématie indiquant qu'Anne était désormais sa reine devant Dieu et la loi et que les enfants qu'ils auraient seraient les véritables héritiers du trône d'Angleterre et tous les sujets du royaume devaient reconnaître que c'était le cas et jurer devant Dieu. Ceux qui refusaient de jurer étaient considérés comme des traîtres et étaient éliminés. Peu importait à Henry qu'ils soient proche de lui ou non. C'est ainsi que des centaines de personnes subirent le châtiment le plus terrible qu'il soit. Ils étaient pendu, traîné sur une claie jusqu'à la potence et mis en quart ou équarri (C'est-à-dire démembré, puis décapité). L'un des supplicié était pourtant un ami proche et chancelier du roi : l'humaniste Thomas more. Il fut accusé de haute trahison pour avoir nié la validité de l'Acte de succession et refusé de reconnaître Anne comme la reine. Pour Henry, s'opposer à lui revenait à un acte de haute trahison, il ne supportait pas que quiconque puisse s'opposer à lui quand bien même il s'agissait d'un vieil et loyal ami. L'exécution eu lieu le 6 juillet 1535 et, par égard pour son vieil ami, le roi réduisit la peine en simple décapitation. La fille unique de Catherine d'Aragon et d'Henry était elle aussi sur la corde raide et refusait de reconnaître qu'elle n'était plus désormais l'héritière du trône mais une bâtarde et que sa mère avait été répudiée.Cette série d'exécutions sordides jetaient un voile sur la cour dont cependant aucun n'osait parler. Pour assurer et sécurisé sa position en tant que reine, Anne devait à tout prix remplir ses fonctions de reine en engendrant de nombreux hériter afin qu'ils puissent assurer l'avenir de la dynastie des Tudor et succéder à leur père. Sous de telles pressions, la reine était inquiète. En plus de deux ans de mariage elle n'avait donné au roi qu'une petite fille prénommée Elizabeth en dépit de sa promesse de donner un fils au roi s'il l'épousait. Quelques mois auparavant, elle avait fait une fausse couche au bout de quelques mois de grossesse. Le roi et elle avait tût l'affaire en espérant bientôt une nouvelle grossesse fructueuse. L'avenir d'Anne dépendait de ce fils. Déjà son époux s'éloignait d'elle et se cherchait une nouvelle maîtresse parmi ses dames de compagnies. Bien qu'elle ne laissait rien paraître, Félicité commençait à connaître la reine et percevait à travers ses colères et ses crisses de jalousie une profonde tristesse et solitude que la reine tentait de masquer. Cependant, la reine ne devait rien laisser paraître des tourments qui l'agitaient et rester une reine de glace.
L'année 1535 touchait à sa fin et, déjà, les préparations pour les fêtes de Noel et du Nouvel an occupait une grande partie de leur temps, permettant à tous de se changer les idées et de se préparer à entrer dans une nouvelle année qui apporterait, on l'espérait, l'accomplissement des vœux de chacun.
Souvent, alors qu'elle s'occupait de ses tâches, il arrivait à Félicité de se sentir glisser hors du temps, comme si elle ne faisait qu'observer la scène qui se déroulait sous ses yeux tel un fantôme venu d'un autre temps. Il lui semblait que si elle tentait d'attraper le verre posé devant elle, celle-ci passerait à travers.
-Qu'en pensez vous Lady Hastings ? Demande la reine, sortant la jeune fille de ses pensées.
Face à elle se trouvait une somptueuse sculpture commandée par la reine à un orfèvre afin d'être offerte lors des célébrations de noël au roi comme le voulait la tradition. Elle représentait deux lion soutenant une coupole, les deux lions étant le symbole du roi Henry. Félicité observa la sculpture, le travail était fin et minutieux jusque dans les moindres détails.
-C'est magnifique, votre majestée à beaucoup de goût. Surement le roi sera ravi de son cadeau.Anne eut un sourire satisfait étirant le coin de ses lèvres.
-Oui je crois que le roi sera fou de joie. Assura t-elle, son regard se perdant dans le vide regardant la statue sans vraiment la voir. La reine était partie dans ses pensées.
Félicité la regarda tentant de comprendre ses paroles mais déjà la reine l'entraînait auprès des autres dames de compagnies afin qu'elles l'aident à choisir les étoffes qui ornerait sa robe pour le banquet.
Il tardait à la jeune fille d'être à Noel, bien que chaque réception à la cour soit toutes éblouissantes, le roi s'était dépassé pour les fêtes de Noel dépensant son compter pour éblouir et faire rayonner la puissance de la cour d'Angleterre. La cour tout entière préparait la fête depuis des mois. L'année 1536 commencerait avec éclat, baignant l'Europe entière dans le feu et l'élégance des Tudor. Tout s'annonçait pour le mieux dans le meilleur des mondes.
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Le temps viendra
Ficção GeralFélicité Hastings est une jeune historienne de 23 ans spécialisée dans la période des Tudor. Fascinée par l'incroyable vie et destinée d'Anne Boleyn, la tristement célèbre femme d'Henry VIII, elle décide d'écrire un roman sur la femme derrière la lé...