Chapitre 12

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29 Janvier 1536

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29 Janvier 1536

Le beau temps qui revenait apportait de la baume aux cœurs endeuillés de la cour. 

En cette fraîche journée de janvier, la nature commençait à pointer le bout de son nez et offrait un sentiment renouveau aux promeneurs qui se baladaient à travers les jardins. 

Emmitouflée dans son épais manteau de fourrure, Félicité aimait arpenter les allées encore ensommeillées par l'hiver qu'ils venaient de passer. Une légère brume s'échappait de sa bouche lorsqu'elle respirait, frictionnant ses gants entre eux pour se réchauffer. Le froid donnait à son visage une teinte rosée sur les joues et le bout nez. 

Elle profitait de ses moments de solitude bercée par les bruits de la nature et non de ceux des médisances des vautours de la cour. Ces heures lui permettait de remettre de l'ordre dans son esprit et de faire la part des choses. Elle ignorait toujours ce qu'elle faisait là et beaucoup commençait également à se poser des questions à son sujet. Plus que jamais elle devait rester vigilante afin de ne pas laisser échapper d'informations qui pourraient la compromettre. Beaucoup de courtisans venaient la voir afin de lui poser des questions sur son enfance et sa famille et la jeune femme feignait que son coup sur la tête l'avait désorienté et qu'elle ne se souvenait plus de rien, si certains se contentaient de cette version, d'autres ne la trouvait que d'autant plus suspicieuse.

Aussi, ces moments de calme étaient assez rare et Félicité appréciait chaque secondes d'entre eux. Mais la réalité finissait toujours par la rattraper. 

Aujourd'hui, elle lui apparaissait sous la forme d'un jeune homme qui l'attendait au bout de l'allée portant lui aussi un manteau de fourrure. Félicité soupira et rejoignit Ethan qui la salua poliment. Il lui offrit son bras et Félicité glissa sa main sous la cape du jeune homme qui la raccompagna au château. Seul leur respiration vaporeuse faisait office de conversation.

-Vous êtes bien silencieux aujourd'hui monsieur Sharpe, je vous ai connu plus bavard.

-Je songeais à l'ancienne reine Catherine que l'on enterre aujourd'hui dans l'indifférence la plus totale, déclara t-il.

Félicité acquiesça en silence. Après avoir souffert pendant de nombreuses années de la cruauté du roi, elle avait été répudiée et avait vu sa fille unique être déclarée une bâtarde au privilège des enfants d'Anne boleyn et du roi. 

Jusqu'à son dernier souffle elle n'avait cessé de se considérer comme la souveraine légitime aux yeux de dieu. Le roi avait choisi l'abbaye de Peterborough comme dernière résidence pour cette femme qui avait partagée et consacrée vingt cinq ans de sa vie à son époux pour se voir supplanté par une jeune femme plus jeune et plus belle. Depuis sa mort, son corps avait été embaumé d'épices, enveloppé dans du lin ciré, inséré dans un coffre et reposait sous un auvent d'État pendant quelques jours. Le corps avait ensuite été enfermé dans du plomb et placé dans un cercueil ou elle reposait pour l'éternité. 

Le temps viendraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant