Ça continue

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                 Des sanglots animaient toute la pièce, accompagnés de bruits de portes qui s'ouvrent et se ferment et de robinets d'eau qui coulent. Recroquevillée dans une des cabines des toilettes des filles, Bella repensait à ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt. Elle n'en revenait pas qu'elle soit la victime d'un esprit tordu qui voulait se venger de quelque chose qui n'avait jamais eut lieu. Elle aurait voulu courir la confronter, l'humilier et lui faire  payer tout ce qu'elle lui avait fait mais elle avait peur. Peur de cette fille qui était probablement atteinte d'une pathologie cérébrale, peur de son regard noir et rempli de folie, peur du fait qu'elle n'est pas de limite dans sa méchanceté, dans sa vengeance. Alors, elle prit la décision de se tenir à carreaux, de se faire oublier voire même de devenir invisible. Elle sortit finalement de sa cabine, se dirigea vers un lavabo, se rinça le visage pour effacer les marques qu'ont laissées ses larmes. Elle resta à observer son reflet dans la glace aussi longtemps que ses paupières pouvaient tenir sans cligner. La sonnerie l'extirpa de son analyse, elle sortit enfin des toilettes et repartit vers sa classe.

                    Elle marchait à vitesse de tortue, la tête baissée et vide. Elle arriva devant sa classe où se trouvait déjà sa professeure de français, Madame Barral.
- ah! Mademoiselle Assin, vous revoilà. ( Remarqua t'elle) entrez donc. Elle s'exécuta et alla s'asseoir à sa place habituelle, mais c'est sans compter sur la bienveillance de ses camarades. Quand elle arriva à sa place, celle-ci était tapissée d'injures et de petites coupures de revues de lingerie. Elle resta planter debout devant sa place détaillant chacun des mots écrits : << bitch>>;
<<t'es qu'une pute, et ta place c'est sur un trottoir>>;
<<à quand la prochaine vidéo ?>>;
<< Tu prends combien pour bouffer des bites ?>>;
<< Tu devrais juste disparaître>>;
<< On se voit à 15h dans les vestiaires je veux une danse privée>>.... Sa professeure ne manqua pas de remarquer son comportement
- Mademoiselle Assin ? Cette dernière ne répondit pas, trop prise par la tâche à laquelle elle vaquait
- Mademoiselle Assin ? ( Reprit-elle). Elle fronça les sourcils s'approcha de Bella pour déterminer la raison de absence passagère, arrivée à la place de Bella, elle la rejoignit dans sa lecture, elle fut sidérée de tant de vulgarités et de méchancetés gratuites. Elle leva la tête soudain lorsqu'elle entendit quelques gloussements.
- Ça vous amuse ?! ( Les questionna t'elle l'air mauvais). Qui a fait ça ? Les gloussements cessèrent et un silence d'enterrement les remplacèrent.
- pour la deuxième fois, qui. A. Fait. Ça ? ( En pointant du doigt la table de Bella) le même silence trona dans la salle.
- très bien. Très bien. Alors vu que personne n'ose se dénoncer, je vais sévir. Une semaine de colle pour tout le monde. Les bouches closent se rouvrirent et protestèrent, ressortant l'excuse de l'injustice. La professeure haussa le ton ce qui les obligea à se taire
- en plus de la semaine de colle, je vous colle à tous un zéro pointé au prochain devoir! Ce qui m'évitera de corriger vos bêtises. Oh hé bien sûr, Mademoiselle Assin est exclue de cette punition. Les plaintes reprirent de plus belle et une fois de plus elle haussa le ton.
- si j'entends encore un bruit je vous emmènerait tous en conseil de discipline ! Ils se turent.

                   Le cours de français était à son terme, les élèves sortaient de la classe sans néanmoins omettre de jeter des regards noirs à Bella. Sa professeure lui avait demandé de patienter car elle avait deux mots à lui dire.
- mademoiselle Assin, comment allez vous ? Bella fut surprise par sa question. Etait-ce de l'inquiétude ? Était-ce de la compassion ou encore de la pitié ? Elle ne savait véritablement pas comment interpréter cette question mais répondit avec une pointe d'hésitation dans la gorge
- euh...b...b...bien.
- Mademoiselle Assin, je m'inquiète vraiment pour vous. Ce qui vous est arrivée avec ces photos et cette vidéo, c'est lamentable ! ( Dit-elle avec une Once de dégoût envers le coupable, puis continua) savez-vous qui aurait pu faire ça ? Par exemple quelqu'un qui vous déteste ? Bella se contenta de bousculer la tête de gauche à droite pour manifester son désarroi, même si elle connaissait très bien l'identité de son bourreau.
- très bien. Mais avez-vous parlé de cela à qui que ce soit ? Encore un autre signe de la tête.
- Mademoiselle Assin. ( Elle expira bruyamment et reprit) ce qui vous arrive c'est du harcèlement, et croyez moi que garder le silence, ça vous bouffera de l'intérieur jusqu'à ce que vous vous retrouverez totalement vide et dénuée d'estime pour votre propre personne. Alors mon conseil en tant qu'adulte, professeure et mère : c'est de le dire à quelqu'un, précisément à un adulte, pour que celui ou ceux qui vous font du mal arrêtent. Personne n'est infaillible sur cette terre surtout pas une bande d'adolescents immatures. Bella écoutait attentivement les conseils prodigués par son enseignante et ne put s'empêcher de verser quelques larmes en repensant à tout ce qu'elle avait subie depuis la rentrée jusqu'à présent. Sa professeure la prit dans ses bras pour la consoler, elle lui caressait le dos en lui susurrant des mots tendres à l'oreille ce qui l'appaisa.
- Bella? Cette dernière se détacha des bras où elle se sentait tellement bien pour se retourner et voir dans l'encadrement de la porte son amie. Ça ne va pas ? ( reprit-elle)
- si Mademoiselle Assin va bien, enfin physiquement ( répondit l'enseignante) . Je crois que vous êtes amies toutes les deux, n'est pas ? Alors veillez sur elle, et également l'une sur l'autre.(leur somma t'elle). Elle relâcha son emprise sur Bella et se retira des lieux.
- Bella qu'est-ce qui s'est passé ? Bella pointa du doigt sa place pour montrer à Becca ce qui lui était arrivé. Becca s'avança vers la dite place et poussa un grand soupire lorsqu'elle découvrit les œuvres  de ses camarades.
- madame Barral m'a donné des conseils. Elle m'a conseillé de parler de tout ça à un adulte mais j'ai peur que ça s'aggrave.
- je sais que tu as peur mais je suis là et je ne compte aller nul part.
- est-ce que je peux t'aider à nettoyer ? J'ai peur de rentrer maintenant, d'autant plus que je serai toute seule à la maison.
- pourquoi ?
- maman est de garde aujourd'hui.
- non pourquoi t'as peur de rentrer maintenant ?
- Madame Barral a puni tous les autres à cause de ceux qu'ils ont fait et certains m'ont presque menacée.
- les Enfoirés ! ( Cracha Becca sèchement) bon ok! Tu viens avec moi, de toute façon on est Cendrillon et Blanche neige. Bella pouffa un rire face à cette blague et Becca fit heureuse de la voir rire et la rejoint dans cette euphorie.
- Becca?
- hum ?
- Est-ce que tu crois que je peux venir passer la nuit chez toi ? Un large sourire s'afficha sur le visage de Becca.
- bien sûr que OUI! ( Lâcha t'elle le ton rempli d'enthousiasme) mais avant je dois faire un truc. Elle sortit son téléphone, fit quelques manipulations et l'apporta à son oreille, elle patienta quelques secondes et finalement:
- allô Luc. J'ai besoin d'un service s'il te plaît. (Elle marqua une pause pour écouter la réponse de son interlocuteur et reprit) bien, j'ai besoin que tu viennes avec un des gardes du corps d'Aaron c'est pour ma sécurité, y a quelques élèves qui m'en veulent c'est tout ce que je peux dire. Elle raccrocha instinctivement après avoir entendu la réponse de l'autre au bout du fil.
- euh... pourquoi un garde ?
- on ne sait jamais si quand on aura fini ces abrutis seront encore là, vaut mieux être prévoyante. Je suis forte mais pas Wonder woman quand même.
- ok. Elles sortirent de la classe et se dirigèrent vers l'endroit qu'on avait assigné à Becca pour nettoyer.

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prédateurs chassésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant