Voilà déjà deux semaines que Béatrice avait quitté la ville pour s'installer dans une ville à plus de quatre heures de route de celle-ci. Avec l'achat inespéré de son ancienne demeure à un prix plus élevé que celui sollicité sur l'acte de vente, elle put se trouver un appartement cosy qu'elle acheta avec une facilité inouïe. Bien entendu en si peu de temps elle n'avait pas encore déposé de dossiers pour retrouver du travail mais elle y pensait dans un coin de sa tête qui n'était pas forcément envahi par les souvenirs de sa fille.
D'un autre côté, dans l'ancienne ville de Béatrice, vivaient toujours des habitants fidèles à celle-ci. Le mois de mars avait déjà montré ses prémices et non loin de l'agitation matinale de chaque début de semaine, dans un des trois quartiers huppés de la ville s'agitait une certaine Rebecca Simonet qui comme à son habitude n'avait toujours pas renoué les liens avec son réveil matin. Elle se précipitait à la douche lorsqu'elle appercut sept heures trente deux s'afficher sur son téléphone ; comme tous les matins de semaine, elle ne perdait pas de temps à la douche et s'acharnait à mettre en pratique une technique qu'elle avait mise en place et appelée affectueusement : <<le doucher-brosser-peigner>> qui comme l'indique son nom, consistait à faire les trois choses en même temps, soit, se laver en se brossant les dents et en se peignant les cheveux sans bien entendu réussir à ne pas les mouillés, fussent-elles possibles de les effectuer au même moment, qu'importe tant que cela lui faisait gagner du temps. Elle passa dans la pièce en face de sa salle de bain, et choisit parmi le large choix de vêtements qui décoraient ce prêt-à-porter qui composait son dressing, elle finit par choisir une veste dans la matière de tissu denim bleue qui appartenait à Bella, un de ces t-shirts près du corps de couleur blanche avec l'inscription : <<Rebelle>> en rouge, un short dans le même tissu que celui de la veste mais de couleur noire et para ses pieds d'une paire de boots noires, termina le tout avec quatre boucles d'oreilles bien placées et trois bagues pour orner ses doigts. Elle attrapa son sac et quelques bouquins, sortit de sa chambre en trombe et elle dévala les marches deux par deux, avisa son déjeuner empaqueté sur le comptoir de la cuisine ;
- merci Sylvie ! (Lança t-elle à l'égard de la gouvernante de la maison avant de filer). Elle sortit et grimpa tout droit dans la Mercedes où son chauffeur l'attendait patiemment.
- bonjour mademoiselle. (Fit-il)
- bonjour Luc. On met la gomme ! (Somma t-elle, telle une furie). Et le chauffeur fit comme exigé. En une bonne vingtaine de minutes il gara devant le portail du lycée, elle sortit précipitamment et courut dans l'enceinte de l'établissement, bien évidemment elle était en regard d'au moins trois minutes. Mais bon qu'est-ce que trois minutes quand le professeur en avait dix de retard ? Elle entra sans grand mal et partit sagement s'asseoir à sa place sous les regards aguicheurs des composants de l'agente masculine que comptait sa classe, mais comme à son habitude, elle ne leur offrit que la rude et froide indifférence. Enfin le professeur d'histoire-géographie fit son apparition et le cours put débuter.Après quatre heures de cours divisées en deux heures chacune pour un cours, vint enfin l'heure tant espérée par les élèves, celle du déjeuner, une heure trente à se conter quelques ragots, à se remplir la panse, à rôder çà et là, etc. Quant à Becca, elle, avait préféré garder les habitudes voire traditions instaurées par Bella lors des derniers instants de sa vie. C'est donc dans ce respect des traditions qu'elle montait en direction du toit de l'établissement. Elle mangeait le repas sophistiqué que sa gouvernante avait soigneusement veillé au grain à chaque minute de la cuisson, prouvant ainsi tout son savoir-faire et son expérience auprès de ceux pour qui elle utilisait ses talents. Elle finit de se sustenter et chercha à remplir le vide laissé par cette fin de repas arrivée trop tôt pour la laisser abandonner à elle-même durant les nombreuses minutes qu'il restait encore à écouler, par le passé, l'on sait bien comment elle aurait occupé ce temps restant avant la reprise des cours, mais maintenant, c'était une nouvelle donne. Elle fouilla alors dans son sac et ses yeux se posèrent sur le fameux carnet aux cotons roses et jaunes, elle le sortit, tira sur le marque-page pour se retrouver dans sa délectation des œuvres poétiques de sa défunte amie, elle se figea alors sur cette page marquée et parcourut chaque vers de chaque ligne, ce poème parlait du vide que l'on ressent lorsqu'on grandit avec une moitié de parents, lorsque l'autre moitié n'est pas ou plus là, ou tout simplement qu'elle n'a jamais été là, quitte même à n'avoir jamais existé. Il va s'en dire que ce poème parlait intimement à sa lectrice. Elle acheva la lecture du poème et tourna la page lorsque quelque chose revint subitement dans son esprit comme débarrassée de la brume qui l'étouffait, elle fit défiler les pages rapidement jusqu'à arriver entre deux pages où était coincé une feuille pliée en quatre, elle la libera de sa prison étroite et la déplia, elle tenait encore devant ses yeux cette liste de noms dont elle ne comprenait pas encore le but. Elle la détailla en réfléchissant fortement sur d'éventuelles probabilités ou hypothèses. Elle était en pleine réflexion lorsqu'elle remarqua clairement une ombre qui la surplombait, elle prit peur lorsque l'ombre lui souffla :
- impressionnante ta kill list!
- quoi? (Fit-elle en se retournant apeurée). Derrière elle, se tenait un garçon gâté par la nature au niveau de sa stature qu'on pouvait spéculer jusqu'à un mètre quatre-vingt-cinq, mais aussi de sa silhouette parfaitement taillée dans une musculature ondulée, un type de peau cocasien parsemé de tâches de rousseur embellissait ce physique qu'on pourrait dire d'Apollon, son visage était ovale avec une mâchoire très bien dessinée, des lèvres assez fines colorées d'un rouge cerise, un nez droit et des yeux perçants noisettes claires, son crâne était recouvert d'une multitude de cheveux sombres et coiffés avec soins.
- je disais que ta kill list était impressionnante.
- ma...quoi? De quoi tu parles ?
- bah de ça (dit-il en désignant du doigt le papier serré entre ses doigts). Elle jeta un coup d'œil dans la direction de la feuille de papier, intriguée et osa demander:
- c'est quoi une kill... list?
- une kill list, c'est tout simplement une liste de personnes à abattre. Elle fronça les sourcils, méfiante et lança :
- qu'est-ce qui te faire dire ça ?... Attend d'abord t'es qui? Et qu'est-ce que tu fais ici ?
- oh lo siento chica, je ne me suis pas présenté. Andrade, Andrade Fuentes. Je suis nouveau dans le lycée.
- c'est cool pour toi mais tu n'as pas répondu à ma deuxième question.
- en fait si. Parce que tu m'en as posées trois. Elle plissa des yeux clairement irritée par l'arrogance de son interlocuteur.
- ok. Ce que je fais ici c'est simple, je suis venu me détendre (l'informa t-il en lui montrant son mégot artisanal contenant quelques herbes aux propriétés hallucinogènes et relaxantes, et continua), je suis monté guidé par la curiosité et j'ai trouvé la porte ouverte, là, je t'ai vu entrain de lire hyper concentrée et quand je me suis approché bah j'ai vu ta kill list.
- tu peux arrêter avec cette histoire de kill list! Et puis qu'est ce qui...
- me fait dire ça ?(le coupa t-elle), c'est juste une intuition, mais une intuition vraiment forte. En vérité j'en ai fait une aussi y a longtemps. Becca avait un peu radoucit ses traits mais restait sur ses gardes.
- je peux jeter un œil ? Elle hésita un peu et finit par capituler. Il examina la liste de plus près et lâcha :
- et bah y a presque que des mecs, ils doivent être de sacrés cabrónes. Qu'est ce qu'ils t'ont fait ? *Connards*
- rien! C'est pas à moi. (Dit-elle)
- ah ouais ? Et tu as ça entre les mains? Vas-y prend pour un débil, ils t'ont brisés le cœur, hein?
- je te le redis, ce n'est pas à moi! (Scanda t-elle)
- ok chica. Pas la peine de crier.
- je ne crie pas et arrête de m'appeler "Chica".
- désolé mais je ne connais pas ton nom.
- bah crève pour le savoir. Il s'esclaffa et lui jeta un regard amusé ;
- bon ok. Et c'est à qui? Si je peux savoir. (Tenta Andrade). Becca soupira en baissant la tête quelques secondes et se reprit;
- c'est ma meilleure amie qui l'a faite. Je ne sais pas vraiment dans quel but.
- je te l'ai dit.
- oui le truc là...kill list.
- exact.
- pourquoi en es-tu si sûr ?
- je sais pas, intuition. Est-ce par hasard ils ne lui auraient pas fait du mal ou un truc dans le genre ? Et là, à l'évocation de cette question, l'entendre si hautement posée, ça la percuta. Pourquoi n'y avait-elle pas pensé plus tôt ?
- mais oui! Ça peut être ça la réponse. ( Se dit-elle à elle tout haut)
- ça alors c'est moi qui me défonce et c'est toi qui plane (plaisanta t-il)
- rien à voir idiot ! Cette liste, tu as peut-être raison.
- ah ouais ? Tu penses à quoi ? Une liste d'ex qui lui ont brisé le cœur?
- non loin de là ! Elle se remit à réfléchir, à chaque mauvais coup qu'on avait asséné à son amie.
- elle est où d'ailleurs l'excitée de la vengeance ?
- elle est morte ! (Cingla Becca sèchement et en lui lançant un regard noir)
- désolé, je ne savais pas.
- pas étonnant.
- elle est... elle est morte de quoi? Elle expira de l'air et baissa le regard sur ses chaussures, elle prononça simplement :
- elle s'est suicidé. Il resta estomaqué face à cette révélation et Becca continua:
- il y a quelques mois déjà, c'était en décembre, elle s'est jetée du haut de l'échangeur. Andrade fut frappé par la nouvelle et abandonna son mégot encore allumé sur le sol.
- pourquoi... pourquoi a-t-elle fait une chose pareille ? (Demanda t-il sous le choc)
- elle se faisait harceler. Il resta un peu sous le choc, comme si il réfléchissait, puis revint à lui.
- si comme tu dis ces personnes lui ont fait du mal il faut que je le découvre. (Dit-elle)
- est-ce que tu sais qui ils sont ?
- pour la plupart se sont des élèves du lycée mais le dernier je n'en suis pas sûre.
- ok et tu n'aurais pas une vague idée de ce qu'ils auraient pu lui faire ?
- malheureusement non. Bella ne me disais pas tout, je m'en suis rendu compte avec cette liste. La seule chose que je peux dire c'est que, fait voir la liste s'il te plait. Il l'a lui rendit et elle poursuivit: voilà lui, Baptiste, c'était un mec avec qui elle a eu un rencard mais qui l'a humiliée juste après en faisant croire à tout le lycée qu'il se l'était tapée et que c'était une fille facile. Ah oui! Y avait aussi cette anonyme qui la harcelait, il ou elle, même si j'ai toujours eu l'intime conviction qu'il s'agissait d'une fille, la personne avait commencé par la stalkée lors de son rencard avec ce mec, ensuite, elle avait posté des photos avec des commentaires salaces et ça ne s'est pas arrêté là.
- donc si ton intuition est bonne, il n'y a qu'une seule fille sur cette liste, ça ne peut être qu'elle, cette Ilda.
- il n'y a qu'une seule Ilda que je connais dans ce lycée et peste comme elle est, ça ne m'étonnerait. Mais pourquoi elle s'en prendrait à Bella?
- ça, va falloir le découvrir.
- ouais et j'y compte bien.
- une fois que tu découvriras la vérité, tu comptes faire quoi?
- et bien tu l'as dit toi-même, c'est une kill list donc je compte bien respecter le principe de cette liste et abattre tout ce qui sont inscrits dessus.
- en faisant quoi?
- je n'en sais encore rien mais bon j'ai du temps pour ça, souvient toi que si la vengeance est un plat qui se mange froid c'est bien parce qu'il faut laisser le temps à ce plat de refroidir.
- alors on va se venger !
- on? (Fit-elle scandaleusement choquée)
- oui, On! (Fit-il en lui tendant la main)
- non merci j'ai pas besoin d'aide.
- sans moi t'aurais jamais su que c'était une kill list.
- et alors je m'en saurais douté à un moment.
- ah ouais ?(fit-il avec prétention et ironie)
- ouais !( Répondit elle agacée de sa moue arrogante). Il garda sa main tendue et lança à Becca un regard chargé de sous-entendus, elle se pinça la lèvre inférieure et lui serra la main.
- vous venez de faire un pacte avec le diable señorita.
- extrêmement drôle.
- alors maintenant c'est quoi le plan ?
- je dirais : la chasse est ouverte ! Et sur ces mots elle ramassa ses affaires et se dirigea vers la porte mais fut interrompue dans son élan ;
- attend! On va comploter ensemble mais je ne connais toujours pas comment tu t'appelles. Elle le fixa droit dans les yeux et esquissa un sourire et prononça finalement :
- Becca. Il sourit et elle s'en alla pour de bon , le laissant seul sur le toit. Il resta encore quelques minutes avant que la reprise des cours ne se manifeste, il tourna les talons vers l'horizon et à son tour se dirigea vers la porte qui donnait sur les escaliers, à l'encadrement de la porte il se remémora le moment où Becca lui avait avoué son nom qu'elle gardait comme un secret précieux et dit alors :
- Becca, ¡cuál hermoso nombre! *Quel beau prénom !***********************
VOUS LISEZ
prédateurs chassés
Fiksi RemajaDeux amies inséparables, entament leur nouvelle année scolaire au lycée. Entre intimidations, violence, insultes, moqueries et agressions ; l'une d'entre elles vit l'enfer sur terre en se faisant harceler. Tandis que l'autre tente tant bien que mal...