le poème de Pamphile Le May

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Sirius:

Premier rêve

Mes souvenirs d'amour ont toujours leur fraîcheur.

J'avais une voisine et je l'aimais en rêve;

J'avais un lis aussi, recueilli sur la grève

Un soir que j'attendais le retour du pêcheur.

Pauvre lis, il souffrait et perdait sa blancheur,

Et je souffrais de même, et de même sans trêve.

Notre vie à tous deux allait être fort brève.

Nous serions, au printemps, la moisson du faucheur.

Un rayon de soleil, par la fenêtre ouverte,

Est venu ranimer mon lis déjà perdu.

Mon lis est encor blanc, sa feuille est encor verte.

Un regard de tendresse est sur moi descendu;

Le mal qui m'oppressait s'en est allé sur l'heure.

L'amour n'est plus un rêve et la vie est meilleure.


James:

Lever de soleil

Les sommets du levant se teintent de vermeil.

Une lueur s'étend, encore molle et basse,

Et puis, le feu jaillit. Sur la campagne lasse

De dormir, les oiseaux vont sonner le réveil.

Et moi je peux vous dire un lever de soleil

Qui ne dore jamais les lointains de l'espace.

Il rayonne pourtant, et son éclat surpasse

Le lever d'orient que l'on dit sans pareil.

L'un embrase le ciel et l'autre nous embrase.

Notre âme le contemple en une ardente extase,

Et dans un trouble extrême elle attend son retour.

Ce lever ravissant qui nous jette en démence,

C'est l'oeil ivre qui s'ouvre à l'appel de l'amour,

Et promet la flambée au beau jour qui commence.


Remus:

Premier baiser

Pourquoi dire cela s'il n'en est pas besoin?...

Un nuage, au couchant, semblait un banc de craie,

Et, perçant la ramure, une éclatante raie

Argentait un ruisseau qui se perdait au loin.

Nous marchions au soleil, dans les fleurs et le foin,

En causant tendrement de notre amitié vraie.

Nos coeurs étaient pareils à des blés sans ivraie.

De nos graves serments un oiseau fut témoin.

Elle prit au buisson une blanche églantine,

Et la baisa disant d'une voix enfantine:

--C'est comme une autre bouche, et combien pure, va!

Et moi, je répondis, d'une âme un peu tremblante,

En effleurant sa lèvre où le mot s'acheva:

--C'est comme une autre fleur, mais combien plus troublante!


Teddy:

Le chemin de l'école

Nous allions nous aimer quand on nous sépara...

C'était aux jours de feu de la jeunesse folle;

Nous fîmes connaissance en allant à l'école,

Un jour que le hasard coquin nous égara.

Nous arrivâmes tard, et vite elle narra

Une plaisante histoire au maître bénévole.

Le maître, souriant, ne dit qu'une parole:

--"Suivez le bon chemin, tout se réparera."

Après de longs hivers, en fouillant dans les cendres,

Nous avons retrouvé ce souvenir charmant.

Nous n'y vîmes d'abord rien de bien alarmant.

Le chemin de l'école, où l'on fait des esclandres,

Mène loin quelquefois, j'oserais l'affirmer...

Quand on nous sépara nous allions nous aimer


James Sirius:

Rosée

Elle avait repoussé plus d'un amour banal,

Et son âme chantait une idéale stance.

Nous étions--mais j'oublie en quelle circonstance--

Au jardin que berçait un souffle matinal.

Un papillon, caché dans un lis virginal,

S'enivrait de rosée. Il paya d'inconstance.

Nous le vîmes s'enfuir une longue distance,

Et la fleur, sembla-t-il, pleura l'adieu final.

Elle la prit alors de ses beaux doigts de fée,

La mit à son corsage ainsi qu'un fier trophée,

Et le parfum semblait s'exhaler de son coeur.

Elle tourna vers moi sa figure rosée,

Et dans son oeil humide, ouvert comme la fleur,

Comme le papillon je bus de la rosée.




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AN

je vais publier moins souvent car je vais essayé de me concentré sur l'autre livre, pour qu'il soit au même niveaux (chapitre).


J'ai découvert Pamphile Le May pour un travail en français et j'ai bien aimé ses poèmes.

Préférence MarauderOù les histoires vivent. Découvrez maintenant