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« Dans la peau de Younes. »

-Retour en arrière-

J'ai 23 ans et dans ma tête je suis encore très jeune et inconscient. Je ne me soucis de rien. Je vis simplement au jour le jour. Je passe mes journées à trafiquer avec Naïm: mon shab (*mon pote), mon acolyte de toujours. A cette époque, il était impossible de nous croisés séparément. Quand quelqu'un voyait l'un, il voyait l'autre aussi. On était juste inséparable. 

J'avais confiance en personne, j'étais insociable, dans ma bulle, casquette ou capuche sur la tête. Certains me définissaient d'«Une racaille de banlieue» mais combien d'entre eux ont connus les coups durs de la rue ? Combien ont vus leur mère en larmes pour les prix de plus en plus élevés des factures alors qu'elles sont à peine femme-de-ménage ? Combien d'entre eux ont vus un membre de leur famille enfermés en prison pour des peines énormes alors qu'ils voulaient juste apportés de l'argent pour que leur maman affiche un simple petit sourire de rassurement en se disant qu'elle pouvait payer le loyer ce mois ? Ou alors pire, combien on vu un membre de leur famille mourir à cause de ce climat trop insoutenable ? Combien ont vécus tout cela pour se permettre de nous juger ?

A cet age là, j'étais déjà père d'un enfant de trois ans: Djibril, mon fils, mon petit bonhomme, un petit soldat dès sa naissance. 
Je le voyais tout les week-end à peu près quand j'allais le chercher chez sa mère: Soukaina. On était séparé et on ne s'entendait pas. 
Cette meuf, je l'avais rencontré jeune, vers mes 18 ans. Je l'aimais bien mais ça s'arrêtait là mais elle, elle était vraiment amoureuse de moi. Je lui avais dis qu'il fallait qu'elle s'enlève de la tête qu'on finirait ensemble mais non, elle continuait d'espérer. 
Un soir, on était chez elle. On rigolait en tant que shab quand elle a commencé à vouloir me séduire au max. J'avais envie d'elle mais je savais que si on allait le faire, elle allait encore plus croire en nous alors que moi, je ne voulais pas être son mec. Je l'ai prévenu plusieurs fois mais elle a tellement insisté qu'on l'a fait. Elle avait bien prévu son coup cette **** ! Un mois et demi plus tard, elle m'appela en me disant qu'elle était enceinte de moi ! Elle s'était pas protégée, elle avait fait exprès pour qu'en voyant qu'elle est enceinte je viens habiter avec elle et on se met ensemble mais moi j'étais jeune et j'étais pas du tout près à me poser et surtout pas avec elle ! J'ai décidé d'assumer le bébé (Djibril) mais entre moi et elle il n'y avait rien. 

Un jour, je crois que je m'en souviendrais toute ma vie. C'était au mois de septembre. J'étais chez moi à galérer quand je décida de descendre en bas. Dans les escaliers, je croisa Naïm avec un gros sac dans la main accompagné d'une fille. Au départ, je pensais que c'était sa meuf et là le choque quand j'ai appris que c'était sa cousine ! Sérieusement ? C'était une bombe ! Je faisais mine de rien mais rien que je la regardais pendant que je parlais à Naïm. 

Le temps passent et je ne l'avais pas revu mais je m'en foutais, je continuais ma vie. Ok elle était belle mais voila quoi c'était la cousine de mon pote, j'allais pas commencer à tenter quelques choses avec elle. Vous vous imaginez comment il le prendrait ? Et même gérer la cousine de son pote, c'était vraiment pas mon délire.

Ça faisait trois mois qu'elle était arrivée à la citée et j'entendais souvent les gens parlaient d'elle. Ils disaient qu'elle se la pétait parce que madame venez des beaux quartiers de Paris et j'avoue que ça m'avait bien énervé ! Je lui avais parlé une fois, elle avait un charme de malade mais j'avais quand même les zhef (*les nerfs) contre elle. Je lui ai fais la remarque d'arrêter ses manières et de redescendre d'un étage parce qu'ici on était plu chez les bourges ! Elle l'avait mal pris mais j'avais réussi à lui lancer un clin d'oeil en mode bogosse et un beau sourire. J'étais sûr qu'elle allait craquer. 

J'ai réussi à choper son numéro peu de temps après et on parlait tranquille par message. Je lui ai proposé qu'on passe une aprèm et après avoir bien insisté elle a accepté. On a passé un bête de moment malgré ces petites tmeniques (*manières) et on est rentré. 

J'avais appris qu'elle avait fait un shooting photo avec un gars pour la danse et j'avoue que je l'avais vraiment très mal pris. Je m'étais bien énervé sur elle et à la fin je lui ai lâché l'air de rien «Je cris si je veux ! Vas-y rentre , rentre je sais pas pourquoi je me casse la tête avec toi puisque l'un pour l'autre on est rien ! » alors que je le pensais même pas ! Je commençais à avoir des sentiments pour elle et c'était justement pour qu'elle s'éloigne de moi que je lui avais dis ça parce qu'on avait pas le droit d'être ensemble ! On pouvait pas et je voulais pas ressentir de sentiments et surtout pour elle ! La cousine de mon meilleur ami !

Quelques temps après, j'ai pas supporté de plu avoir de contacts avec elle et je pense qu'elle aussi donc on s'est réconcilié et je suis tombé. Je le savais que ça allait arriver, ce n'était qu'une question de jours de toutes façons. Elle est venue me voir au parloir et en étant enfermé j'ai réalisé que je pouvais plu passer à autre chose, ces putin de sentiments étaient beaucoup trop présents ! Je lui ai proposé de se mettre à deux et elle a accepté. 
" Super couple ! " vous me direz. La pauvre, pendant que moi j'étais enfermée, elle, elle était seule à l'extérieur. Je voyais qu'elle allait mal à chaque coup de fils que je lui passais mais je ne lui disais rien parce que je savais qu'elle allait se braquer. Elle osait pas me dire à quel point elle galérait pour moi mais je le sentais soubhan'Allah.

Moi qui pensait que c'était juste un petit kiffe et que jamais je n'aurai pu tomber amoureux d'elle et bah je me suis vite rendu compte que je me trompais ! Elle avait beau mérité mille fois mieux que moi, c'était d'elle dont j'étais amoureux et pareil pour elle. Elle qui était une danseuse de haut niveau, belle, souriante, gentille, simple car oui en apprenant à la connaître j'avais bien vu qu'ils avaient tous menti et qu'elle ne faisait aucunes manières, était amoureuse de moi ! Vous vous rendez compte ? Cette fille qui méritait une star, me voulait moi « Le voyou » comme ils me définiraient. 

Elle est arrivée dans ma vie comme une fée et je vous avoue que j'ai rien vu venir tellement c'était fou. Elle a chamboulé ma vie ! Elle m'a rendu dingue d'elle ! Moi qui prenait quasiment toutes les meufs pour des **** ! J'étais blasé de son entrée dans ma vie mais wAllah qu'est-ce que j'étais heureux ! 

J'avais jamais vécu les mots qui appartenaient au champs lexical de la joie comme « le bonheur», être «heureux» et avoir « le sourire». C'était tout nouveaux pour moi. J'avais jamais goûté à d'autres sentiments que la haine contre la société et tout les fils de **** qui m'entouraient et elle avait réussi à me rendre heureux, même ma mère s'en était rendue compte !

Naïm lui aussi avait remarqué que je n'étais plu «Younes le thug » d'avant mais à chaque fois qu'il me questionnait sur ça je lui disais que cela c'était fait tout seul. Je pouvais pas lui dire que c'était grâce à sa cousine et wAllah que ça me tuait ! J'aimais pas lui cacher des choses mais j'avais peur de niquer notre amitié en lui expliquant que j'étais avec Nyliah et je ne pouvais pas la quitter, elle était trop importante pour moi !

Malgré la galère, les disputes, la jalousie, la haine, nos séparations, Naïm qui avait un peu mal pris que Nyliah et moi nous nous sommes mis en couple sans son autorisation, la disparition de Soukaina, etc nous avons finalement réussi à s'unir. 
Cinq ans d'attentes mais Al Hamdu-liLlah Allah nous a réunis. 

Elle a accepté que Djibril qui n'est pas son fils vivent avec nous. Elle s'en est occupée comme si c'était le sien pendant les huit mois que j'ai passé en prison. Elle a subi sa grossesse sans moi. Elle m'a offert une petite princesse qui nous liera toute notre vie. 

Aujourd'hui, je me retrouve père de deux enfants: Djibril et Asma. Pour eux et Nyliah je crève ! Si on les touche je suis capable du pire. Ils sont ma famille et ma vie en même temps. 
On est heureux tout les quatre et c'est le principal. De petites disputes de temps en temps entre Nyliah et moi mais rien de méchant. Je pense et j'espère qu'on a traversé le pire In Sha Allah. 

Asma a maintenant 3 ans et Djibril bientôt 10 ans. Ils s'entendent très bien et Djibril est très protecteur avec Asma. J'me revois quand j'étais petit avec ma petite soeur Hania Allah y rahma...(Paix à son âme)

Hier soir, on était tous devant la télé autour d'un film quand Djibril appela Nyliah «Maman », Nyliah me regarda en me faisant les gros yeux puis se tourna vers lui.

Nyliah: Comment tu m'as appelé ?
Djibril: Bah "maman".
Nyliah: Djibril, c'est Soukaina ta maman..
Djibril: Non mais elle, c'est plu ma maman. Elle m'a abandonné alors que toi tu t'occupes de moi comme tu t'occupes d'Asma. Tu fais pas de différence alors que c'est elle ta fille. Moi je t'aime beaucoup Nyliah et je sais que même si t'aimes mon papa, tu es pas obligé de t'occuper de moi mais tu le fais alors pour moi tu es ma deuxième maman. 

Je le regardais et j'étais content d'entendre ses paroles. Elles étaient belles. Nyliah le prit dans ses bras avec les larmes aux yeux et le sourire aux lèvres et elle lui dit qu'elle aussi le considérait comme son fils. 

On m'a longtemps cassé dans ma lancé et dit que j'allais finir ma vie seul au milieu de quatre murs de prison mais grâce à Dieu, leur rêve ne se s'est pas réalisé. J'ai réussi à sortir la tête de cette grotte pleine d'illicite, je me suis rangé et j'apprends chaque jour un peu plus sur ma religion.

[La rue m'a laissée des hématomes, la juge laisse un ultimatum. Il est trop tard pour plomber la taupe, il est trop tard pour planquer la dope. Petit l'horreur est humaine, tu n'aperçois plus le bout du tunnel. Il te faudra bien plus qu'un atome, il te faudra bien plus qu'un atome de folie face à l’œil du magnum. On vit sans foi ni loi dans la faune, on vit sans foi ni loi dans la faune. La rue m'a laissée des hématomes, les frères que j'aime sont partis là-haut.]

[ J'ai tenté de pardonner, la rue m'a donnée l'amour que je n'ai pas donné. Né en Algérie j'pars de rien, les plus belles années de ma jeunesse à charbonner. Tous les soirs interpellé, ils veulent que j'finisse ma vie derrière des barbelés. 6 du mat', ils débarquent, me soulèvent, j'ai le fou rire en voyant le commissaire gueuler. Rythme de vie dégueulasse, on vit comme ça depuis qu'on a la morve au nez. L'illicite une longue impasse que l'on empreinte pour survivre ,on en marre d'voler. Une main de fer dans un gant de velours, j'm'adresse à tous les bâtards qui veulent me teste : venez. Vous n'allez pas me voir venir, as-tu déjà eu affaire à un biko décervelé ? Il s'agit d'faire du blé, étant petit j'faisais le mur pour aller l'tenir. Manque de monnaie j'me démenais pour en obtenir, quitte à m'faire cueillir si les shlags saignent du nez.
Ici c'est dur d'aimer, son prochain, l'appât du gain pour nous attrayer. Tout ça pour fréquenter des boites de nuits, nul n'est à l'abris de tomber amoureux d'une traînée.
On va tous payer, pour le mal qu'on fait chaque jour on va tous payer. On va tous crever, chacun son heure, chacun son tour on va tous crever. Electron Libre je vais, où je veux j'viens du four, j'ai le cœur gelé. Et de ma vie je n'ai, jamais douté qu'un jour j'entendrais mon heure sonner.]

FIN 

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 20, 2014 ⏰

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Nyliah: « Pas du même monde mais on a su s'aimer. »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant