Chapitre 11

5.9K 280 377
                                    

La faible luminosité de mon quartier m'enleva toute visibilité pour retrouver la bonne clé parmi les quatre, accrochées à mon trousseau. J'insérai celle qui me semblait la plus plausible et par chance, elle rentra avec facilité. Je la tournai et abaissai la poignée. Je poussai la porte, récupérai mes clefs ainsi que mes sacs de course sur le palier de ma maison. Je me dépêchai de rentrer au chaud et d'un bon coup de pied, je claquai ma porte en pensant à ma facture de chauffage à la fin du mois.

Dans la pénombre, je me dirigeai vers la cuisine et lâchai mes sacs en poussant un long soupir exténué. Je tournai ma tête avec lenteur de droite à gauche et massai mon épaule endolorie. J'allumai le lustre suspendu au milieu de mon plan de table et m'activai dans mes corvées. Je déballai mes courses, les rangeai dans mes tiroirs, mon frigo et lavai mon panier-repas de ce midi pour le lendemain.

Entre un appel de mes parents et un déchaussage de chaussure négligé, je terminai mes tâches et sortis de la cuisine, épuisée. J'éteignis la pièce et allumai le salon en jetant mes clefs de maison sur ma table à manger jusqu'à ce que je stagnasse en direction de mes canapés. Un corps s'étendit, dans toute la longueur de mon sofa collé au mur, un bras plié derrière la tête et le regard dans le vide.

- Je peux savoir depuis quand tu es là ? me renseignai-je

Je fermai les volets de mes fenêtres, attendant avec impatience sa réponse qui m'inquiétait un tantinet. Puis, par sécurité, j'installai ma chaîne de porte et ouvris ma penderie sur ma droite.

- Une heure.

Dos à lui, je mimai un « merde ». J'avais raison d'être inquiète car d'une part, je n'avais pas remarqué sa présence, et d'une autre, j'ignorais comment il avait fait pour rentrer. De plus, la petite cerise sur le gâteau, j'avais oublié qu'il devait venir. J'espérais une soirée seule, tranquille en compagnie de ma télévision et de ma pizza après cette journée épuisante. Ma soirée intime attendrait.

Cependant, avant, je devais régler un léger détail. J'accrochai mon manteau sur le cintre, refermai ma penderie et me retournai pour l'affronter.

- J'ai accepté que l'on se voie chez moi, quand toi, tu le décides et à contre cœur. Alors que tu rentres chez moi comme bon te semble, ça, il en est hors de question, m'énervai-je

Il pivota ses iris vers ma direction. Il me scruta et redressa son corps du canapé. Les jambes écartées, les deux pieds ancrés au sol et les coudes accoudés sur ses genoux, il pipa mot. L'intensité dans son regard ne m'arrêta pas pour autant. Son comportement m'énervait. Il prenait ses aises dans cette maison avec une facilité qui m'horripilait. Il devait comprendre qu'ici, ce n'était pas chez lui. Il avait sans doute l'habitude de tout posséder, partout où il allait, mais le propriétaire de cette maison, c'était moi.

- Tu attends quelqu'un ? m'interrogea-t-il

Il maîtrisa sa voix avec brio à contrario de ses veines sur son cou qui grossissait à vue d'œil. Ses yeux verts brillèrent de rage, mais se mélangèrent à une pointe de désir naissante. Depuis le temps, je savais qu'il aimait quand je lui tenais tête. C'était d'ailleurs dans ses moments-là, que le sexe était parfait. Toute la hargne qu'il accumulait par ma faute se transmettait dans ses coups de reins.

- Serait-ce de la jalousie que je perçois dans ta voix ? me moquai-je

De la jalousie serait ironique. Il me donnait du plaisir uniquement quand il s'énervait. De là, il comprenait d'où venait mon excitation. De sa rage, de sa colère, de cette envie de savoir qu'il désirait me punir. Lorsqu'il était dans cet état, sa performance m'envoyait au septième ciel. Je m'en mordis les lèvres d'avance, mais quel dommage que ses occasions se raréfiaient. Au final, je retrouvai cette frustration de départ. Cet horrible sentiment que j'avais décidé de fuir pendant six mois. Je ne pensais pas le revivre avec cet homme. J'espérais que cela soit différent, surtout après cette première nuit inoubliable. Il me décevait et entendre de la jalousie au son de sa voix me faisait doucement rigoler.

Désillusions // Eren X Reader X LivaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant