Désillusions // Eren X Reader X Livaï

Chapitre 44.3

Mes poings, gonflés de sang, s'abattirent sur son visage. Je l'étranglai comme une cinglée sortant tout droit d'un asile psychiatrique. Je le tabassai avec aucune volonté de m'arrêter. Seuls mes yeux tuméfiés et ma voix démolie et surpassée par mes sentiments contredirent mes excès de violence.

— Comment tu as pu ! hurlai-je, ce qu'on a partagé toi et moi ne signifiait rien pour toi ?

Parler ne faisait qu'accroître mes coups. Je m'attaquai à son torse, éprouvant une certaine satisfaction à le voir grimacer de douleur. Chacun de mes poings équivalait à chaque belle phrase qu'il avait pu me sortir au temps où nous étions ensemble. Et avoir cru à ses mensonges explosait toute ma haine à son encontre.

— J'étais prête pour toi ! Ce soir-là...

Je me tue. Je croyais que j'utilisais toute ma force, mais aux images qui me traversent la tête, la brutalité de mes coups augmenta. Cette nuit-là, j'étais prête à faire un énorme pas en avant avec lui. Il m'avait demandé de mettre mes peurs de côté, de les lui transmettre, j'avais réalisé ses dires. J'avais mis de côté mes craintes, il avait endossé le rôle à ma place. C'était lui qui les portait pendant que je profitais de ce moment avec plus aucun poids lourd sur les épaules. Je m'étais sentie légère pour la première fois en quatre ans. J'avais réussi à faire confiance à un homme et le plus merveilleux, j'avais vu un début d'avenir avec lui.

— Toi et moi, ça aurait pu...

Finir cette phrase relevait de l'impossible. Des injures me brûlaient la langue et je ne me gênais pas pour les lui balancer en les accentuant par des baffes.

— Toi et moi...

Mais merde ! Qu'est-ce qu'il attendait pour m'arrêter ? Pourquoi ne réagissait-il pas ? Il encaissait sans émettre la moindre résistance. À ce rythme... Mon dieu...

— Toi ... et moi...

Arrête-moi... Eren... Fais quelque chose ! J'allais le tuer. Arrêtez... Pitié... Mes membres ne m'écoutaient pas. Ils n'en avaient pas encore fini. Chaque miette de mon cœur brisé était déterminée à en découdre. Il n'allait jamais tenir... Livaï l'avait déjà tant amoché...

— Pourquoi tu ne m'arrêtes pas ! criai-je, les nerfs à fleur de peau.

Il ouvrit un œil, sa paupière gonflée et violacée, et glissa ses mains le long de mes bras. Je lui suppliai intérieurement de bloquer mes attaques, mais il n'en faisait rien. Il empoignait mes coudes dénudés avec douceur, n'émettant aucune retenue. Il attendait que je reprenne moi-même le contrôle de mon corps, de mon cœur. Seulement, j'en étais incapable. Je l'observais tousser, cracher ce liquide rouge lorsqu'il essayait de sortir un son de sa bouche, pendant que je m'acharnais sur lui.

— Il n'y a que comme ça... que je peux ressentir tout le mal que je t'ai causé.

J'immobilisai mes mains noyées dans nos hémoglobines à hauteur de son visage et les tombai sur son buste. Ma vue se brouilla, mes lèvres tremblotèrent jusqu'à se faire mordre par mes dents. Je plaquai une paume contre cette bouche et éclatai en sanglots en croisant le regard tendre de cet homme. Je gémissais, secouée par des convulsions brutales, tandis qu'il essaya de redresser.

Je ne me dégageai pas de ses jambes. J'étais clouée sur place, possédée par des spasmes agressifs qui remontaient mes nausées dans ma gorge. Et lorsque sa main entra en contact avec ma joue, je m'effondrai. Je tombai dans ses bras qui m'accueillirent et m'encerclèrent dans un nuage de douceur. Puis, avec hésitation, il appuya son front sur mon épaule.

Son souffle chaud s'écrasa contre ma peau. Il abandonna ses forces, relâcha la tension dans ses muscles et respira à pleins poumons comme s'il venait de retrouver sa bouffée d'oxygène. Ses lèvres frôlèrent ma chair couverte de cendres, ses mains s'accrochèrent à mon tee-shirt troué.