Chapitre 23

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La mélodie du piano nous entraînait dans une danse lente. Elle rythmait le mouvement de nos lèvres pour un baiser langoureux que ni moi, ni lui ne voulait arrêter. Je m'accrochais à sa chemise, sous cette veste au tissu soyeux et mon corps, si fragile par rapport au sien, se cambrait à sa force émise autour de ma taille. Son pouce caressait mes doigts fins, plaqués sur son pectoral en m'enfermant dans une prison de muscles impénétrables.

Je retrouvai un semblant d'oxygène lorsqu'il décolla ses lèvres de quelques millimètres. Nos souffles haletants se mélangèrent tandis que mes paupières refusèrent de s'ouvrir pour savourer ce moment.

— Tu es tellement belle.

Il prononça ces mots avec tant de virilité et de spontanéité que le peu d'air que je possédais, s'échappa brutalement. J'affrontai son regard émeraude qui s'implanta aussitôt au plus profond de mon âme. Mon ventre se creusa par un stress naissant et ses doigts sur mon poignet ressentirent l'agitation de mon pouls face à cette tension plus qu'insoutenable qu'il créait dans mon salon.

— Sais-tu que, tous les jours, tu monopolises mon esprit. Je n'ai qu'une hâte à chaque fois ; revoir ce visage magnifique, ce désir brûlant dans tes yeux quand on se retrouve. M'imprégner de ton parfum pour l'avoir jusqu'à mon retour. Entendre ta voix si unique.

Mon cœur battait la chamade dans chacun de mes membres. Je déglutissais et Eren cessa notre danse en remontant sa main le long de ma colonne vertébrale. Il déposa sa paume sur ma joue en feu tandis que mon regard s'écarquilla. La panique apparaissait à pas-de-géant et me retournait l'estomac. Pourquoi me disait-il tout cela ?

— Tu m'es plus inestimable que je l'aurai cru.

Je tentai de garder mon calme, mais la situation intimiste dans laquelle il nous emmenait ne me disait rien qui vaille. Ses pierres translucides me tirèrent vers les abysses. Il m'emportait avec lui dans les profondeurs, m'éloignant de cette surface dont je m'accrochais depuis des années. Ce vert, pourtant l'opposée du jaune et de l'orange, m'embrasait. Je l'aimais, mais de jour en jour, je me rendais compte qu'il devenait un danger.

— Tu es impressionnante.

Il entrechoqua nos fronts et ses paupières se fermèrent en soupirant. Sa main sur mon profil retrouva sa place sur ma chute de reins et me tira davantage contre son corps, décollant mes talons du sol.

— Tu as mérité mon respect,  Kimura, déclara-t-il entre nos lèvres

Une pointe de menace prédominait dans sa voix et elle me terrifiait. Il insistait sur mon nom de famille en aggravant sa poigne. Un contraste avec les caresses de ses lèvres, effectuées sur les miennes. Derrière cette barrière de cil, les émeraudes scintillantes de ses yeux me transperçaient jusqu'à disparaître par ce baiser délicat. Il lâchait toutes pressions et glissait ses mains dans ma nuque. Il empoignait ma chevelure avec précaution et amplifiait cet échange frissonnant.

Avec douceur, je le repoussai en rompant ce contact suffocant. Je retroussai mes lèvres humides et baissai mon regard de ses iris enflammés, bloquée par un mur de muscles.

— Eren, qu'est-ce que tu me fais ? demandai-je apeurée

Coiffant mes cheveux rebelles dans une étreinte attendrissante, il me considéra avant de répondre.

— Je veux que tu arrêtes de lutter, beauté. Je suis là, n'est-ce pas ce que tu voulais ?

Le voulais-je ? Cette proximité, cette aura oppressante, qu'émanait de lui, m'empêchait de réfléchir comme il le faudrait. Les informations stagnaient et n'aboutissaient pas au raisonnement que j'aimerais. Ce dont j'étais sûre, était l'appel de mon corps envers ce yakuza. Il réagissait à ses touchers comme Eren le désirait. Et je me disais qu'il avait raison. Je lui succombais. La preuve était-elle que j'avais transgressé les règles le plus dangereuses en allant le voir. Je perdais le contrôle de moi-même. Cette perte de moyen m'effrayait. Je luttais pour la maîtriser. Je résistais en me convaincant que je ne ressentais rien. Je persistais à rester insensible à son charme, à tout ce que l'on avait vécu ensemble. Mais depuis combien d'années maintenant, n'avais-je pas fait confiance à un homme en dehors de ma famille ?

Désillusions // Eren X Reader X LivaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant