Chapitre 15

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Les quatre murs de ma salle de bain m'apportèrent un réconfort le temps que je me calme. Seule, au milieu de cette petite pièce blanche, mon ouïe ne capta plus de bruit dans les pièces attenantes. Je retrouvai une respiration régulière après que mes sueurs froides cessèrent leurs déferlantes dans mon corps. Je quittai le carrelage froid et me brossai les dents. J'optai ensuite pour un bain de bouche et observai mes yeux rouges dans le miroir, mes cheveux emmêlés qui partaient dans tous les sens. Je me jetai de l'eau froide sur la figure et m'essuyai avec une serviette en me perdant dans le trou du lavabo. Je suivis une goutte, fusionnant avec une autre. Je soufflai et me rapprochai de la porte où Eren m'attendait de l'autre côté.

En sortant, je pensai voir une barrière de muscle devant moi, me fusillant de ses yeux émeraude et au lieu de cela, je découvris un espace vide, plongé dans un noir oppressant. Je me dirigeai vers ma chambre sans une lumière pour me guider. Je pris mes repères avec le mur de droite et entrevis les rayons de la lune à travers la fenêtre de ma chambre.

Je poussai ma porte et mes yeux tombèrent sur la carpe Koï, ancrée sur le dos ciselé du Yakuza avant que sa chemise blanche la cache.

- Tu t'es enfin calmée ? se renseigna-t-il d'une voix emplie de reproche

Il noua sa cravate en relevant le col de sa chemise et m'affronta de face dans sa carrure imposante et la tête haute entourée de ses longs cheveux bruns. Son regard vert me considéra et me donna une impression d'inconfort que je rompis en vitesse. Je retroussai mes bras contre mon tee-shirt, avalai ma salive en maîtrisant l'intensité de ma voix.

- Je veux qu'on arrête.

J'y allais droit au but et ma phrase ne sembla faire aucun effet à cet homme. Il ne broncha pas, continua de s'habiller. J'attendis une réponse, une remarque. Je pensais qu'il allait se mettre à hurler contre moi, me dire qu'il en était hors de question. Mais son regard neutre en disait long sur cette relation. Et sur moi.

Il passa son premier bras dans la manche de son costume noir avec grâce, puis l'autre. Il plia son col, enleva quelques pelotes de laine. Je remarquai que son apparence devait toujours être irréprochable. Quand je le voyais, je ne décelais pas un seul faux défauts sur ses vêtements hors de prix. Il montrait sa supériorité partout où il allait. Je devinai que tout le monde dans le quartier des Yakuzas, devait reconnaître ce prédateur terrifiant, même de dos.

Je suivis le trajet de ses mains sur sa veste et lorsqu'il finit, mon attention se leva. Les muscles de sa mâchoire se contractèrent au fur et à mesure qu'il avança. Je ne bougeai pas malgré l'aura démoniaque qui enveloppa ma chambre. Je ne détournai pas mon regard, restai droite, forte face à un géant tel que lui, même après ce qui venait de se passer.

A ma hauteur, il montra une expression dure, impénétrable. J'entendis les battements de mon cœur s'agiter à toute allure jusqu'à mon cerveau. Ma respiration se coupa. J'espérai qu'il coopère, qu'il comprenne qu'entre nous, cette histoire devait s'arrêter. Cependant, j'avais omis un détail important. Un détail qui refusait de s'intégrer dans ma tête. C'était un Yakuza. Et on ne s'en débarrassait pas d'un claquement doigt, surtout quand ce Yakuza en question était l'Oyabun.

Je le laissai poser sa grande main contre ma joue. Son pouce caressa mes pommettes dans un geste délicat, contrastant avec ce qu'il dégageait et vint frôler mes cils, encore humides. Il glissa ses doigts sur ma nuque et amena mon visage vers le sien. Mes talons quittèrent le sol et nos fronts se cognèrent. Toute sa chaleur corporelle courba mes poils et m'alourdit. Mes jambes tremblèrent et mes paupières se fermèrent. Je soupirai face à ce long frisson qui parcourait mon échine. Mes lèvres entrouvertes aspirèrent son souffle. Je humai son eau de Cologne, incrusté dans ses vêtements et mes doigts vinrent s'accrocher à ses biceps sculptés.

Désillusions // Eren X Reader X LivaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant