Chapitre 14

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Un combat ardu se prépara entre ma couette et moi. Je donnai des coups de pieds dans ses plis incompréhensibles. Je gesticulai dans tous les sens et ne trouvai aucune issue. Je ne comprenais rien à cette couverture. Je grognai, me tournai dans mon lit, mais au lieu de continuer à rouler sur mon tendre matelas comme je l'espérais, mon corps épousa le plancher dans un beau cri gracieux de surprise de beau matin.

Je râlai déjà de si bonne heure. Je me redressai, m'énervai contre cette couverture en shootant dedans. Mes cils collaient entre eux par mon manque de sommeil. Je frottai mes yeux et en découvrant ce corps en face de moi, je me calmai.

Les forts rayons du soleil reflétèrent sur cette peau blanche et blessée, endormie paisiblement sur mon canapé. Je ramenai mes jambes contre ma poitrine, le postérieur sur mon sol dur et restai à le regarder. Je longeai cette cicatrice impressionnante. Je m'imaginai l'origine de cette marque indélébile, coupant son visage en deux. J'observai la couette bouger au rythme de sa respiration qui cachait un corps musclé, peint d'une œuvre d'art magnifique que j'accepterais de détailler plus tard dans de beaux jours.

A genoux, je me rapprochai de ce Yakuza et attrapai sa main, au chaud sous la housse. Je me penchai vers son oreille et effleurai ses cheveux noirs en lui demandant calmement :

- Serrez-moi la main si vous m'entendez.

Aucune réponse, je lâchai cette main chaude et vérifiai ses blessures. J'appuyai du bout des doigts sur ses derniers et gardai un œil vers son visage pour détecter une petite réaction. Ses plaies ne saignaient pas et je devinais des hématomes se former sur ses tatouages. Son corps réagissait bien à la guérison et cela me soulageait.

Je le laissai se reposer et je partis préparer un bon petit déjeuner pour calmer mon appétit croissant. Dans la matinée, Daichi me rendit visite en m'apportant des anti-douleurs et des pansements. Il m'annonça qu'il m'avait trouvé un remplacent au travail. Les collègues croyaient que j'avais attrapé une bonne grippe. Daichi m'avertit donc que je devais rester à la maison. Je lui remerciai une centaine de fois de m'avoir aidée.

Par conséquent, pendant le reste de la journée, je me creusai la tête pour trouver des occupations. Je me décidai à faire du ménage depuis le temps, à aérer l'étage de ma maison une dizaine de minutes, à faire du tri dans mes vêtements, dans mes fiches de paies, de factures.

En trois ans, je n'avais jamais vu mon classeur de facture aussi bien organisée. De ce fait, mon dur labeur se fêta par une bonne bière et un film à la télévision. J'enfilai mon casque et plongeai dans un film à l'eau de rose. Une catégorie de film que je n'avouerai regarder à personne. Même à ma sœur qui, elle, pensait que je regardais des films d'horreur. Elle avait raison. J'aimais en regarder. Néanmoins, j'avais toujours préféré les bons films romantiques. Seul mon frère était au courant.

Je pleurai comme une madeleine à mon passage préféré. Les deux couples se retrouvaient malgré les interdits et dansaient autour de bougies et de pétale de rose rouge à l'endroit même de leur rencontre. J'essuyai mes larmes, mais d'autres en revenaient et en voulant tourner des yeux pour retirer un cil de mon œil gauche, il me sembla percevoir un mouvement. Je plissai mon front et pivotai ma tête en coupant le son de la télévision. Je retirai mon casque d'une oreille, me plongeant dans un silence paisible lorsque soudain, un gémissement survint du canapé voisin.

Je jetai le casque et tombai à son chevet. Je m'installai à côté puis posai une main sur son front en sueur. Sa respiration s'accéléra dans la seconde. Ses traits se tendirent et sa tête se mut de droite à gauche avec brutalité. Je plaquai ma main sur son profil et capturai la sienne en espérant le rassurer. A leur contact, je pressai mes lèvres entre elles pour retenir un cri de douleur. Sa poigne m'écrasa les os tandis qu'il remuait dans tous les sens avec une respiration saccadée. Il marmonna, semblant lutter contre quelque chose ou quelqu'un.

Désillusions // Eren X Reader X LivaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant