Désillusions // Eren X Reader X Livaï

Chapitre 17

Un individu puissant appuya sur la barre d'espace de son clavier d'ordinateur et mit ma vie en pause à l'ouverture de ma porte. Il me vola mon souffle, un battement de cœur aléatoire et ma conscience pendant que mes yeux se figèrent face à cette personne, qui, une semaine plus tôt, agonisait dans mon canapé. Mes iris tombèrent sur sa longue cicatrice traversant son œil et fendant sa lèvre, mais dévièrent vers la couleur intense de sa prunelle. Cette fois-ci, son sang ne remplaçait plus le blanc et grâce à ça, ce bleu électrique m'hypnotisa plus que la première fois où je l'avait croisé. Avec son teint blanchâtre et malgré ses imperfections, il était d'une beauté à couper le souffle.

Je dû lui sembler bizarre à rester planter devant lui sans dire un mot, mais il me parut tout aussi choqué que moi. Il adoptait le même regard qu'Eren lorsqu'il m'avait vu dans cette maison en pierre. Sauf que cette fois-ci, il mit plus de temps à revenir à la réalité. Comme pour moi. Il me fallut plusieurs secondes pour reprendre mes esprits et repenser à sa fugue. J'avais tout risqué pour cet inconnu. Ma vie, mon travail. Et j'avais embarqué Daichi dans cette histoire. Le savoir vivant et bien portant me rassurait, cependant, je ne pouvais pas supporter son comportement. Je ne demandais rien. Juste un merci me suffisait.

- Vous ! crachai-je

Ma voix, emplie de reproche, fut le déclic pour le faire revenir parmi nous. Je me demandai s'il savait que c'était moi l'origine de sa guérison. Et d'après son expression impartiale, la réponse me sauta aux yeux. Oui.

- Vous allez me laisser entrer ? me demanda-t-il

J'eus envie de lui claquer la porte au nez devant ce mépris inqualifiable. Je ne voulais pas qu'il entre avant de recevoir de la gratitude envers lui. Mais Yuna était plus importante en ce moment. Elle avait besoin de son frère.

Son frère. Un Yakuza. Mon dieu. Décidément, les informations eurent du mal à monter ce soir. Yuna faisait partie d'une famille de Yakuza. Chrislène, était-elle au courant ? J'en doutais, elle me l'aurait dit. Elle ne connaissait même pas son nom de famille. Et maintenant, je connaissais la raison. Chris aurait de suite fait le rapprochement.

Je me décalai et l'invitai à entrer. Celui-ci trouva sa sœur endormie. J'arquai un sourcil en me demandant ce qu'il attendait pour aller la voir. Je refermai la porte derrière lui et retroussai mes bras contre ma poitrine en me plaçant à sa hauteur, à côté de cette large carrure emprisonnée dans un costume noir.

- Elle manque de sommeil, lui informai-je

L'homme à ma droite ne réagit pas. Il la fixait sans penser. Ses deux-là me semblaient dans le gouffre le plus profond du monde, incapable d'en ressortir. Il me paraissait dans un état plus inquiétant qu'elle. Il donnait l'impression de ne rien ressentir pour sa sœur, ou du moins, de ne plus en être capable. De ne plus avoir la force de s'en occuper. Je comprenais les peurs de Yuna à son égard. Mais pourquoi pourrais-je être en mesure de l'aider ?

D'un pas lent, il se dirigea vers elle en plongeant mon salon dans une atmosphère effrayante. Je devais faire confiance à Yuna et laissais son frère l'emporter, mais il ne me disait rien qui vaille. Je marchai derrière mon deuxième canapé et m'adossai au dossier en observant cette famille brisée.

- Elle m'a parlée de vous, lui avouai-je en rompant le silence

Je captai son attention et admirai ce visage ciselé. Des petites mèches de cheveux noirs ornaient son front en dégradé. Yuna et lui avaient la même teinture. Un noir sombre, venant des enfers, intensifié par le bleu foudroyant de leurs iris et la blancheur de leur peau. J'en venais à détester celui qui avait osé abîmer un si beau visage. Même si, cette cicatrice ne faisait qu'embellir son côté dangereux et inaccessible.