Chapitre 22

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La pointe aiguisée d'un poignard venait de transpercer ma peau et de se créer un chemin, tout droit vers mon cœur. Par tous les moyens, j'empêchai cette lame de m'atteindre et ravalai cette sensation désagréable qui compressait ma poitrine avec brutalité. La soudaine atmosphère silencieuse que je créais, ne passait pas auprès de Livaï. De son œil fatigué, il me toisait tandis que toutes mes pensées se concentraient sur Eren. Pourquoi ses hommes m'avaient-ils attaqué ? Le savait-il ? En était-il le responsable ? Pourquoi ferait-il ça ? Parce que j'avais désobéi à une règle ? Cette raison était illogique.

Devant cet homme, je me forçai à adopter cette même expression neutre et indélébile que sur son visage ciselé. Je finissais par hocher la tête avec un petit sourire au coin des lèvres et attrapai la bandoulière de mon sac pour le suivre en dehors de la chambre. Par petits pas, j'avançai avec ma jambe boiteuse en longeant la vieille tapisserie rouge. Je tenais ma cuisse en me disant que si j'arrivais à marcher de cette manière, c'était que l'os ne devait pas être fissuré. Et à bien y réfléchir, je me serais évanoui un bon nombre de fois déjà si tel avait été le cas. De plus, le médecin ne m'aurait jamais autorisé à sortir de l'hôpital. C'était bon signe pour moi.

A mes côtés, Livaï gardait une distance raisonnable, mais suffisante pour me rattraper au cas où je perdrais l'équilibre. Il appela l'ascenseur et à l'intérieur, je soufflai contre le mur et massai cette cuisse endolorie en supportant une douleur aigüe, s'atténuant à l'arrêt de tous mouvements. Je fermai les yeux et essayai de retirer cette crispation baigner mon corps après la révélation incompréhensible de ce yakuza. J'exigeais des explications de mon cher Oyabun. Des explications crédibles.

Livaï refermait la portière de sa voiture après m'y être installée. Durant le trajet, je ne prêtais pas attention à la route. Ma jambe gauche tremblait de nervosité et de rage. Intérieurement, je bouillonnai et mon envie d'entendre les excuses de ce chef m'impatientait.

— Tu parles moins. Hier, tu étais plus bavarde, révéla cet homme à ma droite

Je passai mes doigts sur mes yeux et appuyai ma tête sur l'appui-tête en la tournant de son côté. Je longeai cette cicatrice en première ligne et ne pouvais qu'apprécier la beauté de son profil meurtri. Je contournai cette mâchoire carrée et imberbe de mes yeux, descendais sur ce large cou musclé, sur cette nuque dévoilée par un rasage propre.

— J'ai dû dire des choses embarrassantes, répondis-je avec un fin sourire

— Pas que je ne savais déjà.

J'arquai un sourcil de stupéfaction pendant que la commissure de mes lèvres se leva d'amusement à sa réponse honnête. Je tombai mon attention sur ses grandes mains agrippées au volant en cuir. Je me perdais à le regarder le tourner de sa paume dans un mouvement gracieux pendant que l'autre rétrogradait.

— Par contre, vous, vous m'avez l'air plus bavard aujourd'hui, constatai-je

— Je le suis tous les jours. Tu ne me laisses juste pas le temps d'en placer une.

Ma bouche forma un O et ma tête se mut de bas en haut, accompagnée d'un rire léger. Je le dévisageai d'une mine amusée et au plus près de l'entrée des urgences, Livaï stationna, le moteur allumé.

— Je ne peux pas t'accompagner. Tu as un rendez-vous dans une demi-heure pour passer une radio. Si jamais tu rencontres un problème, mon numéro t'est valide pendant encore trois jours. Après, je te demanderai de le supprimer.

J'acquiesçai à ses paroles en devinant que je n'avais pas mon mot à dire. Ces trois jours correspondaient au temps qu'il avait passé chez moi, alors sa demande était juste et respectable. La dette était payée.

Désillusions // Eren X Reader X LivaïOù les histoires vivent. Découvrez maintenant