LES FRÈRES D'YGGDRASIL Chap 8 : A la merci des Ombres

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Thor déglutit difficilement tout en essayant d'ouvrirles yeux. Tout son corps lui faisait mal et sa tête martelait furieusement, lelaissant dans un état de confusion assez désagréable. Il avala difficilement sasalive et tenta de rassembler ses idées pour appréhender son environnement. Ilétait plaqué contre un mur, couvert de chaines qui enserraient ses bras, sesjambes, son torse, son cou... Elles étaient froides, trop serrées et coupantes.Celles qui s'enroulaient autour de sa poitrine lui compressaient tellement lescôtes qu'il parvenait à peine à respirer. Pire, à chaque fois que sa poitrinetentait de se gonfler, dans un geste de survie désespéré, il sentait lesanneaux déchirer sa peau. Du sang gouttait sur le sol... Son sang... et sesdifficultés pour déglutir venaient de celle qui enserrait sa gorge, l'étouffantà moitié. Elle le privait peu à peu d'air se resserrant autour de son cou àchaque mouvement léger, à chaque spasme de douleur. Celle-là n'entaillait passa peau. Non, elle l'étranglait sournoisement, dans une asphyxie progressivequi serait tout aussi efficace, mais bien plus longue et douloureuse... 

Le jeune homme frémit. Il avait envie de hurler, d'appeler à l'aide, mais cela lui aurait été fatal et puis, il devait se reprendre. Il n'était pas seul... Il devait tenir bon et, quand une angoisse profonde et différente vint le frapper, un seul mot sortit de ses lèvres. Un seul mot qu'il murmura en oubliant la précarité presque déjà mortelle de sa position.

- Loki ?

Même s'il trahissait le reflet de ses angoisses, prononcer le nom de son frère ne fut pas une bonne idée. Les chaines s'enroulèrent un peu plus autour de lui, découpant sa chair et meurtrissant son cou au point qu'il parvint à peine à respirer. La douleur dans son crâne monta d'un cran à cause de la privation d'oxygène. Toutefois, il n'avait pas pu retenir ce cri. Il se rappelait du squelette géant, de son aura démoniaque et du regard fataliste de son cadet avant de lui lancer la lance. Il se rappelait de son corps trop inerte et du sang sur son visage juste avant l'attaque des Ombres et... il n'avait pas eu le temps....

Avant qu'elles ne fondent sur lui, avant qu'elles l'ensevelissent sous leurs hurlements, il n'avait pas eu le temps de glisser les doigts dans son cou, pas eu le temps de se rassurer en percevant les battements de son cœur. Alors, il devait savoir ! Ce dernier regard, cette résignation qu'il avait perçue, ce ne pouvait pas être le dernier échange entre eux. Comment envisager de le perdre, envisager de le voir mourir, en ayant pour dernier échange qu'un regard rempli d'amour, de fatalité et de regrets ?

Alors Thor s'accrocha. Son cœur battait fort. Ses poumons le brûlaient à cause du manque d'oxygène, des points noirs rendaient encore plus floue sa vision, mais il lutta. Il devait savoir.

Au travers de son regard épuisé, sa vision déformée lui permit de discerner les contours d'un corps enchaîné au mur en face de lui. Un corps à la tenue sombre et aux cheveux noirs collés par le sang, masquant une partie de son visage... Loki... Il était là son frère. Il était en face de lui. Il semblait inerte, mais il était enchaîné. Les Ombres étaient prises de folies, le squelette géant était un monstre, mais aucun n'irait enchaîner un mort de la sorte. Il respirait encore ? Il était vivant ? Cette simple perspective lui redonna des forces, lui qui les sentait pourtant le quitter de manière inexorable.

Thor aurait voulu ruer, briser ses chaines et le rejoindre, mais il se sentait si faible. Il se retrouvait totalement à la merci de ces puissances démoniaques, tout comme son frère... Un frère qu'il vit bouger doucement. Est-ce que c'était réel ? Ou est-ce que cela était une illusion de son esprit fatigué ?

En face de Thor, retenu par des chaines toutes aussi acérées et ensorcelées que les siennes, Loki remua faiblement. Sa légère reprise de conscience fut accompagnée par une désagréable sensation d'étranglement qui lui arracha une légère plainte. Cependant, le jeune homme fut assez lucide pour comprendre que c'était les mouvements de son corps qui lui entraînaient ces tourments. Alors, il resta immobile, inspirant faiblement pour donner un peu d'oxygène à son corps affaibli. Il ferma les yeux, tentant de lutter mentalement contre la vague de folie et de mort qu'il reçut de son environnement.

LES FRERES D'YGGDRASILOù les histoires vivent. Découvrez maintenant