Lexa :
Je devais me marier.
Cette phrase résonnait dans ma tête comme un mantra malsain.
Mon père venait de sortir de la suite qui m'était attribuée en laissant cette affirmation sonner comme une sentence :
« - L'annonce de ton mariage se fera ce soir pendant le dessert devant tous les chefs des pays alentours qui seront ainsi témoins de l'unification de nos deux pays. »
Est-ce que demander mon avis aurait été de trop ? Enfin, de quoi pouvais-je me plaindre ? J'avais eu dix-neuf ans pour me préparer mentalement, ce n'était pas cette simple phrase qui changerait mon avenir. Et pourtant si. Parce que en dix-neuf ans, je n'avais pas eu le temps. Je n'aurais jamais le temps. Parce que cette décision royale n'était pas la mienne. Parce que c'était Lui qui avait pris cette décision. Parce que je n'y consentais pas. D'aucune manière. Parce que Finn me dégoûtait. Parce qu'il était lui et non elle. Parce qu'il était un homme avant tout. Un corps d'homme. Une éducation d'homme. Une manière de penser d'homme. Une manière d'être d'homme.
Parce qu'il était lui et non Elle. Clarke. Qui rythmait mes jours et mes nuits. Qui était la définition même de la tendresse, de la douceur, de l'amour, de la confiance, du dévouement, de la loyauté. Tout ce qu'Il ne possédait pas. Tout ce qu'il n'aimait pas.
Si j'étais la princesse à sauver dans tous les contes de fées, Elle serait mon chevalier au cœur si preux et Il serait le dragon qui voulait empêcher cette rencontre et ce bonheur. Dans les contes, les chevaliers gagnaient à chaque fois. Dans les contes, les dragons étaient mis hors d'état de nuire. Mais nous n'étions pas dans ces légendes et je priais de toutes mes forces pour que l'inverse, malgré une probabilité plus élevée, ne s'accomplisse pas. Car maquiller la mort d'une esclave est plus simple que celle d'un prince, aussi détestable qu'il soit.
_Je devais me marier.
Un bruit, une odeur, un sentiment, une sensation, un toucher, une émotion, le courant d'air sur ma peau, le froid qu'il provoquait, le léger balancement de mes cheveux, le poids de mon corps sur ce fauteuil traditionnel, tout me paraissait plus vivant que demain. Comme si c'était la dernière fois que je les vivais avec cette puissance là.
Clarke n'était pas réapparue. J'attendais son retour, je ne savais où elle était partie. Je me devais de la prévenir pour ce soir. De la rassurer. De lui dire que tout ira bien. Que ce n'est pas la fin... Même si je n'y croyais pas. C'était la fin. Ma fin.
Je voulais voir ses beaux yeux, passer ma main dans ses cheveux soyeux encore une fois en lui disant combien elle m'est chère. Combien je l'aime. Je n'avais pas eu le temps de lui dire, pas eu le temps de lui montrer la force de mes sentiments. Je voulais savoir son passé et lui raconter le mien. Je voulais qu'on parle du futur et construire le notre côte à côte. Je voulais lui montrer que mon cœur lui appartient. Combien il peut être fragile entre ses doigts mais immensément puissant lorsqu'il s'agit de l'aimer, de l'aider et de vivre à ses côtés. Je voulais lui montrer mon amour qui grandissait de jour en jour même si elle n'était pas là pour le voir. Je voulais lui dire que je ne regrettais rien. Que je ne regretterai jamais. Je voulais lui dire que j'avais espéré de toutes mes forces. De toute mon âme. Je voulais lui dire que j'aurai adoré lui écrire des mots d'amour tous les matins lorsque je me serai réveillée plus tôt qu'elle. Je voulais lui dire qu'elle n'avait pas à avoir peur. Jamais. Ni des autres, ni de moi-même, ni pour sa couleur de cheveux et pour la couleur de ses yeux. Je voulais lui dire que la prendre dans mes bras était la plus merveilleuse des choses. Je voulais lui dire que notre rencontre était écrite dans la marbre tout comme nos sentiments. Je voulais lui dire que je lui aurai dit tous les jours de ma vie qu'elle me manquait rien que pour la voir faire son petit sourire si spécial à mes yeux.
Je voulais lui dire que mon cœur est à elle pour toujours. Je voulais lui demander d'en prendre soin.
Je voulais lui dire que je ne l'oublierais pas.Il était déjà temps de rejoindre la grande salle de banquet pour le dîner. Je n'étais pas prête. Plus vite qu'il ne m'en fallut pour m'en rendre compte, je me retrouvais assise, les assiettes à fromages en train d'être débarrassées par les esclaves. Je n'avais pas parlé du repas. Mes yeux voyaient flous et une sorte de brouillard m'enveloppait. Je vis mon père se lever comme au ralenti. Il tapa sur le côté de son verre avec son couteau provoquant ce tintement agaçant plus aigu que le cri d'une chouette. Je regardais mon corps. Comme pour voir une dernière fois que c'est moi qui le contrôlais. J'étais parée de bleu clair presque transparent. Une robe à bretelles, moulante et sans artifice. Elle devait bien m'aller, bien que personne ne me l'avait dit, puisque les hommes autour de la table semblaient soudain avoir une passion pour mon assiette. Enfin, ce qui se trouvait naturellement un peu au dessus. Maintenant que je m'en rendais compte, j'étais gênée. Affreusement. Mais je ne pouvais pas rougir, cela aurait provoqué des maux de tête intenses aux représentants du pays hôte. Soudain, je repris mes esprits et me reconcentrais sur le discours de mon père.
« ... afin de préserver l'union pacifique entre nos deux pays et ainsi signer une alliance éternelle, le mariage entre ma fille, Alexandria de Trikru, et mon futur gendre, Finn de Skaykru, se tiendra dans trois mois dans les jardins du château de la future épouse.
Que ce mariage remplisse nos cœurs de paix et soit symbole de prospérité pour nos deux royaumes. »
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You're my evidence of love's existence (FanFiction)
FanficUn autre univers, une autre histoire. Une histoire de prince charmant avec une Commandante à la place du prince et pas vraiment le côté charmant... Injustement, Clarke se retrouve esclave de la Commandante tandis que la couleur de ses yeux et de ses...