Partie 1

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J'entre à peine dans le petit restaurant qu'il m'a indiqué et je l'aperçois assis au fond , avec une mine bizarre comme s'il n'était pas en forme . Comme d'habitude je sens les regards braqués sur moi mais je fais mine de ne rien voir et je m'avance vers lui . Il ne m'a pas vue entrer et là il lève le visage mais ne me sourit pas comme souvent , il fait une sorte de grimace qui semble étirer ses lèvres en un sourire mais en 8 mois de relation j'ai appris à le connaître et je sais qu'il y a un souci .

- Coucou Bébé tu m'attends depuis ?
- Bonjour Olivia ...

Euuuuhhhh j'ai raté quoi svp? Olivia ? Il y a un problème ? Je ne suis plus son amour?

- Non je viens moi aussi d'arriver.
- Qu'est ce qu'il se passe Stephane ? Je te sens ... tendu . En plus tu m'appelles Olivia pourquoi ?
- Jusqu'à preuve du contraire c'est ton prénom... et s'il te plaît ne commence pas à monter dans le ton .
- Hum

Le serveur arrive malheureusement et je suis obligée de ravaler les quelques mots que je m'apprêtais à lui lancer . Je passe ma commande mais à ma grande surprise lui il décide de ne pas manger ... hum c'est bizarre , un gros mangeur comme ça?

A peine le serveur s'éloigne qu'il joint ses deux mains sur son menton et plonge ses yeux dans les miens . Je n'aime pas beaucoup cette posture car chaque fois qu'il m'a regardée comme ça c'était pour m'annoncer quelque chose de désagréable. Je commence donc à me poser mille questions à la fois mais j'essaie de garder mon calme et surtout de ne pas paraître parano, il est certainement fatigué, après tout il rentre d'un voyage .
Je pose à mon tour mes mains sur la table et je le regarde. Après cinq bonnes minutes à se fixer sans rien dire, il se racle la gorge et se lance enfin ...

- Olivia tu es une fille géniale, tu es vraiment le genre de femme que tous les hommes voudraient avoir , mais je pense que toi et moi ça ne peut plus continuer. Je suis vraiment désolé mais tu vas devoir refaire ta vie sans moi.

Je continue de le fixer, j'ai l'impression de n'avoir pas bien entendu et je préfère ne pas réagir espérant qu'il dise enfin " je te taquine bébé" . Mais il ne dit rien , il semble moins tendu mais toujours crispé, il me regarde et attend sûrement ma réaction.
Je réalise enfin ce qui est entrain de se passer et sans savoir pourquoi, je me mets à rire , je ris franchement jusqu'à me tenir les côtes et évidemment j'attire les regards de certains . Il est dépassé, il ne parle pas mais à sa mine je vois qu'il est étonné, et honnêtement moi aussi .
Je me reprends enfin, je prends une gorgée d'eau, et je me masse les tempes.

- D'accord. Sans soucis ...

C'est tout ce que je trouve à lui répondre. Il me regarde comme si j'étais venue de l'au-delà, mais la vérité c'est que je suis tellement dépassée que je n'ai pas le temps de réfléchir, je le ferai chez moi . Je ramasse mes affaires et je me dirige vers la sortie , le laissant là.
Une fois dehors , j'entre dans ma voiture et il me faut au moins deux minutes pour comprendre que je viens "encore" de me faire larguer .
Oui , c'est la deuxième fois en une année que je revis cette scène. Lui au moins a été courtois, il m'a quand même invitée à manger avant de me balancer le fameux refrain .

Tu es une fille géniale, le genre de femme que tout le monde veut mais ça ne peut pas donner entre nous. Foutaises!!!

Je démarre enfin ma voiture et je roule en écoutant ma chanson préférée "Mon goût" des X-Maleya. Cette chanson a l'art de m'apaiser je ne sais même pas pourquoi. Je roule , sans réellement prêter attention aux chemins que j'emprunte et je me retrouve en quelques minutes devant mon immeuble , le gardien ouvre puis je me gare à ma place habituelle .
J'arrive devant mon appartement toute essoufflée et comme chaque fois que je rentre, je me demande ce qui m'avait même poussée à emménager au 5e étage. Tsuips !
Après avoir pris une bonne douche , j'entre dans ma cuisine et je décide de me faire un bon plat . Alors je sors les crevettes, et quelques légumes, mais je cherche le demi kilo de riz que j'avais laissé dans l'armoire je ne trouve pas . Et là je pique une crise , je cherche, je cherche et je ne vois rien , je me sens faiblir et quelques larmes se mettent à ruisseler le long de mes joues , je me laisse tomber sur le sol et je me mets à pleurer, j'ai l'impression de revivre la même chose que dans mes relations : Je cherche quelque chose que je ne trouve jamais ! Je me rends compte à ce moment que ça fait longtemps que j'ai cette boule de chagrin dans la gorge . Depuis que j'ai commencé à enchaîner les ruptures , je n'ai jamais pleuré, il m'a fallu moins d'une semaine à chaque fois pour tout oublier et passer à autre chose . Je crois qu'en psychologie ils appellent ça "le refoulement" . Je me dis que j'ai tellement refoulé mes chagrins que je suis arrivée à saturation. Je n'en peux plus. J'ai besoin de vider mes yeux , mon coeur , alors je me laisse aller et je pleure franchement.
Mon téléphone sonne et c'est Alma . Je n'ai même pas le temps de me ressaisir, je décroche et je continue de pleurer ...

TOXIQUE  [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant