Partie 42: Face à face

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Une clé déverrouilla la cellule. Sans attendre que la porte soit ouverte, je me suis levée. Un homme, caché sous une cape me fit signe de venir et vérifiant que mes chaînes étaient toujours là, il dit:

- Suis moi, tu verra ton frère !

J'ai mis ma capuche et à travers un dédale de couloir, nous sommes sortis des cachots. Nous sommes arrivés devant une grande porte. Quand elle s'est ouverte, s'était comme si des centaines de regards s'étaient portés sur moi. Parmi ces gens, certains ont certainement été menacés, une grande partie viennent d'autres pays, ainsi leur absence est bien moins remarquée. Quand la porte s'est ouverte, tous se sont écartée pour me laisser un chemin.

J'avançait dans l'allée qu'ils avaient crée, sans guide. Quand je suis arrivée au bout, un homme était assis sur un fauteuil en haut d'une sorte de petite estrade, et à côté de lui, il y a Nahei, avec des menottes lui aussi, mais elles sont ordinaires.

- Vous n'étiez pas obligés de tenir parole. Pourquoi ne m'avez vous pas tués avant que je le vois ?

-Mais enfin, voyons, te tuer ne nous servirait à rien ! Mais si nous n'avons pas agi avant, c'est surtout parce que nous ne pouvions pas. Le soi disant pacte que vous avez passé s'est révélé bien plus efficace qu'on n'aurait pu le prédire. A chaque fois que quelqu'un s'approchait de toi avec de mauvaises intentions à moins de dix mètres, de l'eau apparaissait dans nos poumons, nous étouffant jusqu'à ce que nous renoncions. Mais maintenant, je te conseil dire tes derniers mots parce que tu risque de ne plus jamais être la même.

- Il vaut mieux éviter de parler trop vite ! dis je en sortant mes mains du dessous de la cape.

Les regard étaient portés sur mes chaines, elles étaient en train de fondre comme du beurre. Le métal dégoulinait sur le sol. Tous sont stupéfait et se demandent comment une telle chose est possible. Mais moi je le sais, et un simple regard à Nahei a suffi à le confirmer. Lui non aussi n'a plus ses chaînes. J'ai bien fait de lui apprendre comment faire fondre du métal sans chaleur.

En une fraction de seconde j'ai retrouvé mon apparence et brandi mon épée. Je la manie avec force et précision. Le combat va commencer.

Tous réagissent, un déluge de sortilèges arrive. Dommage pour eux, la magie ne résout pas tout ! J' en esquive les deux tiers, et ceux qu'il reste je les bloques de mon sabre.

- Arrêtez immédiatement ! vociféra l'homme.

Le calme revenu, il reprit :

-Êtes vous idiots au point de ne pas voir que la plupart de vos sorts tuent l'un des nôtres ? En plus, il ne faut pas la tuer.

Sur ce, il a tendu la main et empoigné les cheveux de mon frère. Il l'a ensuite tiré vers lui et a plaqué sa baguette sur la temple de Nahei.

De stupeur j'ai lâché mon arme et par réflexe, je me suis élancée vers lui. C'est l'erreur qu'ils attendaient. J'ai été saisie par derrière et immobilisée.

-Maintenant, vas tu coopérer ?

J'en ai assez, je suis fatiguée et je suis détruite émotionnellement. On ne cesse de me poursuivre et je perd sans arrêt les êtres qui me sont chère. J'en ai assez des espoirs déçus. Je baisse la tête et pleur.

- Hura, écoute bien, si jamais tu accepte, je serait sans doute tué quand même. Ces gens là on ne peut pas leur faire confiance et ils n'hésitent pas à tuer ceux qui ne leur apporte plus rien.

J'ai l'impression que mon coeur se noie tant il se sert.

- Tais toi sale morveux, et toi si tu ne fais rien, je le tue sur le champ!

Je suis incapable de parler. Je tente de me débattre, mais la formule de la mort est tout de même prononcée. Je hurle et pleure. Puis j'entend un bruit derrière moi, du sang gicle. Celui qui me tenait fermement tousse et du sang est craché sur mon épaule. Il me lâche et s'effondre. Je suis sur le point d'en faire autant tellement mes jambes tremblent.

Quelqu'un me retient. J'ai failli faire une crise cardiaque en m'apercevant que c'était Nahei. Il me tend une épée dont la lame est pleine de sang.

- Ce n'est pas le moment de faiblir ! En tous cas, merci, tu m'as sauvé et en plus tu m'as accordé la marque de nos pères.

Il me lança un grand sourire et poursuivit :

- En tous cas tu as bien fait pour tes yeux, quand aux autres, laisse leur le temps d'arriver, ils n'étaient pas aussi proche et prêt que moi.

Je comprend tout, les circonstances m'ont fait perdre ma lucidité, et j'ai agit sans conscience: Voulant à tous prix que Nahei survive, je lui ai accordé cette marque qu'il voulait tant et mes yeux ont pris la couleur qui l'a rappelé à moi. Il a été téléporté derrière moi et avec l'épée que j'avais lâché, il a tué mon agresseur.

-Ecoute moi bien Hura, je te laisse leur chef et ne t'inquiète pas je m'occupe des autres en attendant les renforts.

Je me suis relevée et m'avançait vers mon adversaire. Vif comme l'éclaire, il suffisait à Nahei de toucher un homme pour retirer toute l'eau que contenait son corps, le tuant sur le coup et se servant de cette eau pour en tuer d'autres. L'eau devenait de la glace et ses éclats tranchant faisait le reste. Il recommencera autant de fois que nécessaire.

Je ne me sent pas très bien, je suis a peine remise de mon choc. A l'évidence, je n'était pas prête puisque je fus saisie à la gorge avec une grande facilité. J'étais sur le point de m'évanouir, mais je luttait. Après avoir pointé sa baguette sur moi et prononcé quelque mots, l'homme me lâcha.

Je commençait doucement à m'élever. Et c'est en lévitation que j'ai senti une partie de cette mystérieuse magie qu'ont les gardiennes se réveiller au fond de moi. Elle jaillit, inexplorée . Les joies, les peines, la vie de celles qui mon précédée. Tout défile devant mes yeux, en même temps, et si vite. Je n'y comprends rien, ne retient rien. Il se passe quelque chose, je n'y comprend rien.

Les rêves, les personnes à qui on tient, les souffrance, les joies et l'expérience, c'est tout ce qui forge l'esprit et fait grandir l'âme. Et c'est cela qui défile sous mes yeux : c'est la trace des quatre dernières gardiennes de la mémoire, qui veillent sur leur descendance. Une partie d'elles vie et veille sur moi.

Puis, d'un coup, ces âmes qui me réchauffaient le cœur sont sorties de moi, immatérielles et d'une transparence qui les rendrait presque invisible si elles ne dégageaient pas une faible lumière blanche.
Elles avaient forme humaine, flottant au dessus du sol. Aucune ne se ressemblaient. J'imagine qu'elles ont l'apparence qu'elles avaient avant de mourir, puisque parmi elles, j'ai reconnu ma mère : Hinarau. J'ai vu qu'elle portait bien son nom, " toutes les déesses réunis en une seule" . Elle était belle, avec un visage doux et calme qui ne reflète que bienveillance.

Puis elles se sont matérialisée, mais pas de chaire ou de sang, chacune était faite de son élément : une de foudre, une de terre, une d'air et ma mère de feu. Pourtant, même avec un corps de feu et de flamme, elle était parfaitement reconnaissable, elle avait gardé ses traits et jamais je n'aurait pu la confondre avec une autre.

Gardienne de la MémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant