Partie 39 : Un homme rongé par la haine

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Le jour J est enfin arrivé. Je suis venue avec au moins trois heures d'avance, avant même Nahei.
Je suis si anxieuse.
Dumbledore sera présent, il nous sera d'une grande aide. J'ignore pourquoi il nous aide, et pourquoi je ne me sens pas jugée de sa part au sujet de ces personnes que j'ai tué. Je me demande ce que peut contenir son passé.

J'ai peur. Je me demande si entrer dans la vie privée d'un juge pour mieux l'influencer est une bonne idée. En plus je n'ose pas imaginer ce qui arrivera si nous perdons ce procès.

Alors que j'attend perdue dans mes pensées, le procès précédent vient de se terminer. L' homme qui vient d'être déclaré coupable sort de la pièce pour passer devant moi.
Mais pourquoi est ce qu'il ressemble aux personnes de mon pays ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Sans attendre je m'approche pour lui demander de quoi il est accusé. Il ne comprend pas l'anglais. Cette fois c'est sûr, il n'est pas d'ici ! Alors j'interroge celui qui lui passe les menottes.
Il semblerait qu'il soit envoyé à Azkaban pour le meurtre prémédité de trois sorciers. Il n'a même pas essayé de plaider coupable !

Avec la permission et sous la surveillance de son gardien, je tente d'engager la discution avec lui dans la langue du pays d' Huoyan.

Il vient bien de là bas. Il répond à mes questions, je comprends peu à peu ce qu'il est arrivé, mais pas par les mots qu'il me dit.
Cet homme est fou, ceux qu'il a assassinés ne sont pas mort alors qu'il exerçait la légitime défense, deux parmi les trois ne lui avaient rien fait, il ne regrette rien et voudrais même aller plus loin. Je ne suis pas spécialement clémente, mais ce que je comprends me fait peur.

Cet homme me fait peur . Ceux qui tuent avec le sourire sont qualifiés de psychopathe. Mais lui, il va au delà, il est fou !
Mais qu'est ce qu'il se passe dans mon pays que je ne sais pas ?

L'espace d'un instant, je ne sais comment, j'ai vu la marque convoitée par Nahei sur son épaule. C'est la vraie, puisqu'elle a la couleur exacte de mes yeux : quand je l' ai fait varier d'un demi ton sur mes pupilles, je l'ai vu sur le tatouage. Je suis restée stupéfaite, comme paralysée. Pendant quelques secondes, j'ai cessé d'entendre, je me suis arrêtée de penser. C'était un choc ! Comment est ce possible que les plus loyaux envers mon père deviennent comme ça.

Une goutte de sueur perlait sur ma tempe, mes mains ont agi d'elles même et ont plaqué le coquillage sur le cœur de l'homme. J'ai senti les vibrations de la voix retentir dans mon bras.
Je suppose qu'à présent mes gestes me protègent à tous prix quand je suis sous un choc qui me paralyse.

J'ai été comme transporté dans les souvenirs important à ses yeux, je ressentais les même émotions, mes peurs ont disparues et sont devenues les siennes, c'est à peine si j'avais conscience ne pas être cette personne.

Il est vrai que je suis maintenant bien placé pour le comprendre. C'est que je vit ce qu'il a vécu.

Quand je suis né, les parents étaient au service du roi. Mon père portait la marque, et ma mère tenait à l'aider dans ses obligations pour qu'il puisse lui aussi passer du temps avec son fils. Ainsi les moments où nous étions trois étaient bénis.

Seulement, alors que j'allais avoir quatres ans, ma mère a surpris des actions louches venant d'on ne sait qui et a disparu de la circulation.

Mon père était était inquiet de ne pas la voir rentrer et m'a confié à un monastère pour découvrir ce qui était arrivé à sa femme et pourquoi.

C'est là bas que j'ai grandi, et que j'ai été éduqué par les moines, à tout partager, à travailler pour le bien commun et ce genre de chose . Rien ne m'appartenait, je n'avais aucun désir,et ne cédais à aucun plaisir.
Je vivais une vie " saine " de moine dans un monastère perdu dans les montagnes. La seule chose que j'avais était un père et mon seul soucis était de bien remplir mes tâches quotidiennes.

Vers mes neuf ans, mon père est revenu, et j'ai appris que maman était morte. Le roi, comprenant la douleur de mon père, lui a demandé de prendre une pause pour s'occuper de moi.

Nos malheurs furent oubliés et nous commençions une nouvelle vie. Papa me parlait du roi et de son importance: il me transmettait sa loyauté. Il m' apprenait également le don de notre famille : le contrôle des animaux. Moi qui était élevé à vivre sans désir, je n'en avais toujours pas, où plutôt, j'avais le désir que tout reste ainsi. Mon père était tout pour moi, et je n'avais que lui.

Je progressait rapidement. Mon entrainement arrivait à son terme, tout allait bien.

Mais un jour, alors je revenais avec le dîner, j'ai vu mon père se faire assassiner par l'un de ces sorciers. Il s'est enfui. Je n'oublierai jamais son visage!

Je pris mon père dans mes bras, moi qui n'avait que lui, je venais de le perdre. J'avais tout perdu.
Je détestait les sorciers, et mon coeur s'est emplis de rancoeur. Je le sentais bien, j'ai été surpris. C'est la première fois que j'écoutais mes sentiments.

Les questions affluaient dans mon esprit et les sentiments qui allaient avec me déchiraient.

La haine est apparue. Cette émotion encore inconnue, je la trouvais bien étrange. Je ne savais poser les mots sur mon ressenti et j'ignorais que c'était l'émotion malsaine dont tout le monde parle. La haine est aussi fascinante que dérangeante, et moi qui n'avait jamais rien ressenti, j' ignorait la force d'un sentiment. Cette haine, je m'en suis enivré, enivré à en perdre la raison.

Alors que la blessure traverse mon coeur, j'ai de la joie dans ma douleur. J'ai succombé au charme de cette haine, au point de lui donner mes larmes, ma tristesse. Je me suis donné tout entier !

Je ressens à présent de violentes pulsion, je sent mon âme se noircir . J'ignore d'où vient ce fléau, mais j'adore l'avoir dans la peau. Envoûté par des idées folles, moi qui n'ai jamais eu de désir, j'ai soudain pu constaté des envies. Moi qui en était privé, je n'ai pas appris à les contrôler. Le désir devient ma prison et voilà que j'en perd la raison.

C'est comme si la vie que j'avais vécu n'avais pas eu de sens, où plutôt, je m'en suis trouvé un nouveau.
À présent, mon but est de tuer l'assassin, de venger mon père, et puis, comme malgré moi, je ne peux que respecter sa volonté, car je ne parviens pas à la négliger.

Et voilà que la seule chose que je parviens encore à respecter en ce monde, c'est le roi du pays d' Huoyan .

Gardienne de la MémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant