Partie 16 : D' étranges compagnes

52 8 2
                                    

Super! Un petit déjeuner dans le silence complet, mon rêve. Pfff, j'aurais dû m'attendre à ce qu'ils se souviennent, et penser qu'ils me le montrerai bien.

C'est parti pour le premier cours de la journée, potion. En me rendant aux cachots, je ne pouvais m'empêcher de revoir les rires, réentendre les moqueries. J'ai posé la main sur la porte; je me suis dit que de toute façon mon voisin de bureau soit m' ignorerait , soit se moquerait de moi ; en fait, je n'ai pas eu le courage de la pousser.

J'ai fait demis tour, en croisant quelques élèves pas très en avance. Ils m'ont regardée sans comprendre où j'allais. Il ne se sont pas plus intéressés à moi . Le mépris avant la curiosité ! Ça m'a fait beaucoup de peine, alors j'ai commencé à courir, je voulais être seule, j'en avais besoin. Pas comme si tout le monde venait de disparaître, en me laissant seule face à la vie ou la mort, mais comme si c'était moi qui le choisissait, comme une liberté . J'ai couru vers la forêt interdite, sans me poser de question.

En entrant dans la forêt, j'étais en larme, je me suis enfoncée dans la forêt. Au bout d'un moment, j'ai arrêté de courir, j'étais juste assez loin pour qu'une éventuelle personne qui passerait près de la forêt ne me vois pas. Je me suis lourdement laissée tombée sur le sol. Il m'a fallu un petit moment pour reprendre mon souffle.

Une fois tous ça fait, j'ai fondu en larme. J'ai laissé toutes mes émotions sortir, sans retenue. J'ai pleuré jusqu'à en avoir mal à la tête. C'est à ce moment là qu'on devient raisonnable, qu'on reprend ses esprits. Je me suis calmée, et j'ai remis mes idées en place. Et c'est vrai que je n'ai pas traversé tout ça pour que ça se passe comme ça, parmi des sales gamin. J'ai décidé qu' a partir de maintenant, je garderai le sourire.

Plus facile à dire qu'à faire évidement. Je sentais déjà une boule dans ma gorge et mes émotions ressurgir. Il y a bien une solution, connue pour apaiser : danser, chanter, faire de la musique. Je serai bien trop gênée de chanter, et ma boule dans la gorge rend la chose compliquée. La musique ? Même pas la peine d'y penser, en plus, je ne sais jouer d'aucun instrument. Qu'est ce que je dois faire ? Danser ? Pas route seule quand même ?

Tiens! Comme pour répondre à mes questions, j'ai senti l'humidité de l'air et la rosée du matin se rassembler en moyennes sphères d'eau . Des sphères qui devant moi se sont rassemblés et ont pris une forme humaine. Une grossière forme humaine, mais c'est ce que j'aurais voulu : ça aurait été trop bizarre qu'il ait des yeux et une bouche et j'aurais eu peur .

Il agissait comme telle, me prenant la main et m'entraînant dans une danse que j'avoue n'avoir jamais dansée. Pourtant, mon pied semblait la connaître, où du moins agir par instinct. J'ai fermé les yeux. C'était agréable, et pendant un court instant, j'ai cru ne pas avoir de problèmes, j'ai tout oublié.

En les rouvrant, je suis brutalement revenue à la réalité, ma tristesse est remontée. J'ai oublié mes espoirs. Mon cavalier a éclaté en milliard de gouttes d'eau. Je me suis doucement assise, au bord du gouffre . Et j'ai regardé vers le ciel. J'ai senti une présence au dessus de moi et comme sortant de l'invisibilité, une présence s'est révélée à moi. Des mains squelettiques, entièrement vêtue de noir, une capuche, cette personne ou plutôt cette chose flottait dans les airs. Elle semblait ne pas respirer.

La surprise m'a coupé le souffle. Dans un silence toujours complet, la chose a lentement tendu la main vers moi . On aurait cru le temps suspendu. Il y a eu un craquement derrière moi. La chose a regardé et s'est volatilisée.

- Hura, on s' inquétait pour toi et j'ai eu un mal fou à te retrouver. LA FORÊT INTERDITE EST, COMME SON NOM L'INDIQUE, INTERDITE !!!

- Oui monsieur.

Je me suis retournée, et j'ai constaté que c'était le professeur Rogue qui était venu à ma rencontre. Lui, il a dû remarquer mes yeux rouges et tout comprendre.

- Hura, sais tu qui te tendait la main

- Non

- C'est la mort. Prendre sa main ça aurait été accepter de mourir, accepter de la suivre. Pour être franc, je ne croyais pas moi même en son existence,pour moi ce n'était qu'une représentation, un conte pour enfants.

- ...

- Personne d'autre ne l'a jamais vu, on dit qu'elle ne se révèle qu'à ceux qui lui échappent, ceux qui survivent, tardent à mourir et qu'elle veut. Elle agit quand elle peut, je suppose que tu devais être désespérée, à en souhaiter de te rendre, de mourir.

- Oui.

- Tu devrait être punie pour être allée dans la forêt interdite, mais je pense que le réconfort est plus important. Mais je rapporterai l'incident au directeur, il doit être informé.

Encore une fois, je n'ai rien répondu.

De retour en classe, le professeur a demandé aux élèves de stopper leurs gamineries, et d'arrêter de traiter les autres comme ils le faisaient. Il les a sermonés et on voyait qu'il était très mécontent.

J'ai vu que quelqu'un s'intéressait à mon sort et le savoir m' a permis de terminer ma journée en paix, même si on peut percevoir encore quelques traces de mépris chez les élèves. Mais c'est vrai que ça va mieux.

Gardienne de la MémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant