Partie 40 : Blessures ouvertes de nouveau

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Ma vision s'est terminée sur la mort de l'assassin de mon père de mes propres mains et ma dernière pensée a été le constat que la souffrance de cette personne n'était rien comparé à la mienne . J'ai ainsi compris que l'homme ne s'était pas arrêté là et a continué à se venger au moyen du pouvoir de sa famille : le contrôle des animaux.

Petit à petit je retrouve ma lucidité : je retrouve mes souvenirs, mes sentiments, ma personnalité et la notion du temps. Je sais bien que ça n'a duré qu'un court instant. Je ne m' appellait plus Yaïko, mais bien Hura.

L'homme est furieux. Il n'a pas compris mon geste, et n'a pas eu mal quand le coquillage s'est brisé et pourtant, mon geste a été pris comme une agression.

Il a tendu la main vers moi et l'a refermé sur ma gorge. Mes pieds ont quitté le sol. Tandis qu'un serpent sortait de sous sa manche, le garde était pétrifié de peur. Le serpent s'approchait de mon visage, et ouvrant la bouche, il s'apprêtait à me mordre.

Ma gorge me faisait si mal que je ne pensais pas au serpent. J' étouffait. J'ai réussis à desserrer ses doigts. Le serpent, tout près de mon œil, a cessé d'accomplir la volonté du maître. Ce dernier m'a regardé puis lâchée.

Je suis lourdement retombée sur le sol et me massait le cou. Il demanda :

- Tu appartient à la famille royale, n'est ce pas ?

- Comment le sais tu ?

- Il n'y a que l'un d'eux qu'un animal sous mes ordres refuserai de tuer. Et surtout, ils sont les seuls a pouvoir spontanément changer la couleur de leurs yeux.

Je ne m'en étais pas rendu compte, mais mes yeux sont ceux d'un serpent. Dès que j'en ai été consciente je leur ai fait reprendre leur couleur normale.

- Mais ces yeux de serpent, aucun autre être humain n'en a, ça n'existe pas, aussi, si tu avais été la souveraine, je me serais senti appelé et ce n'est pas le cas.

- Tu te trompes, si ces yeux étaient ceux des serpents, c'est qu'ils existent, en revanche, si ils étaient violets que tu te serais senti appelé.

Le gardien a repris ses esprits , a débusqué et retiré tous les animaux présents sur Yaïko, et l'a emmené comme il était prévu.

C'était l'heure du jugement, j'étais anxieuse.

Nahei était assis, encerclé par des dizaines de juges. J'ai profondément inspiré, mais avant même que je ne prononce le moindre mot :

- Attendez, ce n'est pas sérieux, lança un des juges, cette gamine n'a pas de parents, personne ne l'a éduquée, comment pourrait elle avoir le sens de l'honneur ? Elle a toujours dû vivre seule, sûrement au prix de tromperies et d'une malhonnêteté sans précédent. On ne peut pas faire confiance à cette fille !

- En réalité, je suis née il y a plus de 20 ans.

Il y a eu un instant de surprise, puis tous ont ri aux éclats.

Un autre a alors dit :

- En plus elle est folle ! Petit, il va falloir trouver quelqu'un d'autre pour te défendre !

Cette voix insupportable, me donnait des frissons. Sous le choc, j'ai porté la main à ma ceinture. J'ai eu un geste maladroit. La bourse contenant de la potion s'est détaché et, tombant sur le sol, celle ci s'y est répandu.

Je suis à moitié consciente : je continue de percevoir le monde qui m'entoure, mais préoccupée par d'autres choses, mes sens m'indiffère.

Cette voix qui raisonne dans ma tête a réouvert les blessures du passé. Les souvenirs reviennent et les larmes lentes avec eux. Ils ont cessé de rire.

Me voici paralysée et forcée de revivre la mort de mon père et de mon petit frère. Je sais que devant moi, la potion matérialise mes souvenirs, à quoi bon l'arrêter ? J'ai tant de peine !

La potion est de nouveau inanimée et gît au sol.

Je plaque ma main sur ma bouche. À présent, les larmes abondent. Je ne retiens plus rien et , la tête entre les mains, je laisse échapper un grand cris de douleur.

C'est trop !

Immédiatement, à une vitesse que personne ne m'avait encore vu utiliser et tout en courant vers cette voix, je reprends l'apparence de la petite Hura de cette époque et dégaine mon sabre .

Moins d'une seconde après, la pointe de mon sabre est contre la gorge de l'homme, prête à le tuer, alors que les autres sont ahuri. Je ne pleure plus.

- Ta voix, je l'aurai reconnu entre mille. C'est toi l'assassin de mon père ! Je n'avais jamais vu ton visage et ta voix je ne l'oublierai pas. Mais tu le sais déjà.

Il y a eu un court silence.

- COMMENT AS TU OSÉ ? ais je hurlé.

L'homme n'a rien ajouté et n'a pas nié non plus. Puis il a souris :

- Mon maître avait besoin de ton pouvoir pour acquérir cette vie éternelle. Quand ta famille a été tuée, il était bien vivant et aujourd'hui, même si il a disparu nous ne cesserons jamais de te poursuivre. Tu peux maudire ce pouvoir que tu as, ou mieux, ta famille !

À ces mots, mon sang n'a fait qu'un tour. Je l'ai giflé aussi fort que possible sans utiliser mon don.

- COMMENT OSE TU ? Le seul que je maudit, c'est toi ! Tu n'es qu'un monstre ! Et le pire, c'est que rien que te voir me donne envie de te broyer de mes mains ! Avec ce que tu as fait, j'espère pour toi que tu finira ta vie à Azkaban, parce que sinon, c'est moi qui vais m'occuper de toi !

Il a rit. Quel être méprisable. Et ces sorciers autour de nous qui nous regardaient sans rien faire ni rien dire.

Je ne supporte ni sa voix, ni son rire !

Je l'ai empoigné par le col, et rengainant mon épée, je l'ai plaqué au mur. C'est alors que j'ai levé mon poing serré, et d'un coup sec j'ai frappé, juste à côté de son visage. Le mur s'est effondré !

- Vous qui me regardez sans rien dire, il serait temps que vous preniez conscience que je ne suis pas qu'une insignifiante gamine dépendante d'une baguette, ne connaissant pas de sort qui pourrait blesser et incapable de faire le moindre mal. Je vous conseille de réagir vite, sinon je pourrais continuer, voire ne plus me contrôler. Vous ne savez pas ce que ça fait à un enfant de dix ans de voir sa famille mourir et ne pouvoir rien faire!

Gardienne de la MémoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant