La lune change de Mue et les humains de peau [Bellamione]

Les étoiles sont dramaturges

Le quotidien avait repris son cours, même après l'incident au manoir des Lestrange. L'événement récent remuait encore son esprit tourmenté. Bellatrix avait réussi à évincer sa métamorphose, à tel point qu'elle en avait oublié que la lune était ronde. A tel point qu'elle n'avait pas senti son semblable. Les informations fraîches et troublantes se bousculaient encore dans sa tête. Il y avait trop à penser. Les sourires qui avaient illuminés les visages de ses amis lorsqu'elle avait fait son apparition dans la salle commune resteraient à jamais dans sa mémoire. Leur soulagement partagé qui avaient irradié leurs cœurs valait toutes les reliques du monde sorcier. Elle avait feint l'ignorance et expliqué que, son séjour à l'infirmerie n'avait été que somnolence. Qu'elle ne savait même pas combien de temps exactement elle y était restée, qu'elle en avait perdu toute notion. Sur ce point là, ce n'était pas tout à fait un mensonge. Les Gryffondors n'avaient eu aucune raison de remettre sa parole en doute et le quotidien s'était déroulé comme à l'accoutumée. Il était plaisant pour la brune de ne pas se soucier d'autre chose que son cursus pendant quelques jours. C'était même profondément reposant. Luna n'avait pas été complètement dupe, mais ce n'était pas son histoire à conter, alors elle s'était contentée de l'informer distraitement sur les nargles. Pour cela, Hermione lui en était profondément reconnaissante. Harry, s'il était distrait, était loin d'être stupide et savait pertinemment que sa meilleure amie évitait le sujet. Sa dextérité dans cet art frôlait l'indécence. Par respect pour ses limites, il s'en tint à un regard  complice 

La lionne détestait, de près ou de loin, tout ce qui avait la possibilité d'échapper à sa pleine maîtrise. Ce qui, incluait le vol, par extension, le Quiddich, en particulier depuis qu'un Cognard avait échappé à la vigilance des batteurs pour se loger dans le bois sec des gradins à sept centimètres de sa propre tête. Elle sentait encore son sifflement frôler ses tempes et frissonnait encore à cet événement faucheux. Si elle avait essayé de faire abstraction à son aversion ce jour là, c'était pour honorer une promesse.

Hermione avait mobilisé toute sa concentration et engagé de gros efforts pour assister au match  ce jour là. Elle l'avait promis à Ron en particulier, mais Harry et Ginny l'avaient fortement encouragée eux aussi. Ron avait des qualités tout à fait remarquables comme gardien et pas le moindre souaffle n'avait réussi à passer les anneaux qu'il gardait. Mais contre toute attente, c'était l'attrapeur Pouffsouffle qui avait marqué la fin du match. La possibilité pour les Gryffondors de remporter la coupe pour cette année s'était volatilisée à l'instant où le vif d'or avait été capturé. La petite sphère dorée avait été stoppée net dans sa trajectoire et son vol frénétique. L'objet était encore fièrement brandi par l'attrapeur qui portait les couleurs or et onyx sur son habit sportif. Les acclamations ébranlaient les gradins dont le bois friable tremblait encore aux cris de joie. Hermione devait l'admettre; elle aimait cette ambiance électrique, les joueurs, les supporters, étaient en proie à une excitation palpable et quelque soient les ,scores, l'énergie ambiante faisait toujours vibrer quelque chose dans sa poitrine. Leur rencontre contre Serpentard n'avait pas suffit à afficher un score suffisant pour espérer détrôner Serdaigle en finale. Cependant, s'il fallait en juger par le regard admiratif et complice que Seamus adressa au rouquin, le match n'avait pas été une si grande perte... Harry, lui, était trop occupé à calmer Ginny pour remarquer la rougeur qui s'était glissée sur les joues du gardien.

Les cours avaient, pour coutume d'être banalisés les jours où les matchs entre maison se déroulaient. L'événement était assez important pour que les couloirs se vident et que l'école, en intégralité, se masse dans les gradins qui accueillaient les acclamations. Les professeurs ne manquaient pas de se joindre aux spectateurs pour encourager leur favori, et, pour les autres, à défaut d'être les directeurs des maisons qui s'affrontaient, apprécier l'ambiance que procurait la rencontre.