Un accord taciturne s'était établi entre les deux sorcières et Bellatrix rejoignait la lionne chaque nuit pour lui tenir compagnie et lui assurer un sommeil réparateur. Les deux femmes s'étaient habituées à leur présence mutuelle et leurs corps s'étaient apprivoisés, les bras avaient trouvé leurs chemins et elles plongeaient immédiatement dans l'inconscience enlacées dans une position souple et confortable. Les respirations harmonisées rythmaient les légers mouvements que faisaient leurs poumons sous leurs poitrines fatiguées. Les deux semaines qui séparaient Hermione de sa prochaine métamorphose s'étaient écoulées beaucoup trop rapidement à son gout et, quelques jours avant la pleine lunes, l'anxiété avait pris une place beaucoup trop encombrante dans son corps dont l'étroitesse ne permettait pas d'accueillir un tel sentiment dévastateur. La crainte avait labouré son estomac serré avant de racler la surface de chaque muscle. Elle étouffait la journée et il lui semblait qu'elle ne commençait à respirer qu'à la nuit tombée lorsque la Mangemort trouvait sa place dans sa chambre à ses côtés.
Elle l'avait suivie docilement au manoir la veille de sa transformation, ainsi isolée, la sorcière sombre souhaitait observer les effets de sa nouvelle concoction dans la forêt. Simple précaution au cas où quoi que ce soit se déroule mal. Hypothétiquement, si rien ne venait troubler la fille, ses émotions seraient assez tranquilles pour contenir la transition bestiale. Crookshanks avait réveillé les instincts prédateurs, mais isolées loin de toutes sources qui puisse constituer une distraction, Hermione ne devait pas avoir à souffrir d'une nouvelle métamorphose.
Ses recherches devraient alors se porter sur un philtre plus fiable, idéalement définitif, quoi qu'elle ne puisse inverser la maladie. L'héritière Black espérait qu'un traitement de fond soit déjà une solution provisoire, sinon idéale, au moins largement convenable. Elle sentait que son mariage était désormais en péril et jubilait. La délivrance se rapprochait peu à peu et la Mangemort éprouvait de plus en plus de difficultés à contenir son excitation devant son époux. Il lui tardait de pouvoir enfin abandonner le nom de Lestrange.
Rodolphus avait quitté les lieux depuis plusieurs jours, elle soupçonnait une mission pour leur seigneur et s'en réjouit, bien aise de ne pas avoir à s'en soucier durant sa nouvelle expérience curative. Elle n'avait pas besoin qu'un second loup vienne interférer dans ses affaires et déranger sa protégée pendant le processus. Elle sentait la tension accumulée dans le corps de la brune qu'elle tentait de rassurer vainement. Il lui tardait que les résultats prouvent à la lionne qu'elle ne constituait pas un danger si la lycanthropie était correctement traitée.
Alors que le soir descendait sur le manoir en rependant les ombres sur les sols rutilants, Bellatrix estima qu'il était temps de se rendre dans les bois qui bordaient la propriété. Cela faisait plusieurs heures qu'Hermione s'était murée dans un silence minéral que seule sa respiration saccadée brisait par instants quand l'anxiété se faisait trop présente pour être contenue. La jeune sorcière la suivit sans opposer aucune résistance avec une certaine distance pour assurer une sécurité et permettre la fuite dans le cas où l'expérience venait à, échouer.
La Mangemort préféra lui laisser cet espace, quoiqu'elle ne craignait aucunement pour sa vie à cet instant. Duelliste de renom, vive, elle connaissait les lieux et pouvait transplaner en bien moins de temps qu'il n'aurait fallu à n'importe qu'elle créature pour plonger ses crocs dans sa gorge découverte. Pour ne pas causer plus d'inquiétude et attiser la crainte qu'Hermione nourrissait pour elle même, elle accepta de se tenir à la distance que la polymorphe avait instauré.
Les aiguilles des pins et les feuilles jaunes, mouchetées par le carmin bruissaient sous leur pas alors que les silhouettes s'enfonçaient plus profondément entre les arbres denses. Le ciel noir avait accueilli les toiles qui commençaient à luire sur sa surface et la lune finit par poindre sur l'azur noir. Quand les yeux ambrés se posèrent sur le disque qui luisait dans l'obscurité, la Gryffondor ne put réprimer un frisson quand elle sentit les rayons blancs teintés par un cyan détestable glisser sur sa peau nue. Elle ferma les yeux, la force qu'elle y employait faisait plisser son front, elle mordit violemment ses lèvres dans la crainte et le sang se rependait maintenant dans sa bouche. Son cœur s'était mis à battre frénétiquement dans sa poitrine, son souffle était court, sec, son sang pulsait dans ses artères et les frissons électrisaient chaque muscle de son corps. La brune essayait désespérément de chasser l'anxiété qui prenait le moindre espace disponible dans sa carcasse et attendit dans la terreur croissante. Après plusieurs minutes, elle constata pourtant que son corps était sensiblement le même. Seuls ses sens, déjà pointus s'étaient encore affinés. Elle entendait battre les ailes des chouettes qui appuyaient sur le néant leurs ailes blanches à plusieurs dizaines de mètres dans l'espace. Les odeurs étaient plus précises, elle décelait la présence de jeunes lapins à plusieurs kilomètres et détaillait l'écorce rugueuse sur laquelle les écureuils serpentaient souplement.
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La lune change de Mue et les humains de peau [Bellamione]
Fanfic/!\ Classé adulte pour représentation graphique de la violence - pas de violence sexuelle/!\ Hermione est majeure. Les rôles peuvent s'inverser, la roue tourne et détruit les certitudes quand les formes se modulent et que la nuit dévore les silhouet...