La lune change de Mue et les humains de peau [Bellamione]

On ne différencie pas les lucioles des étoiles

 Les paupières lourdes de la Mangemort papillonnèrent un moment avant que son regard flou ne se pose enfin sur la foret, percée par la lumière jaune qui irradiait le ciel. Les bribes de mémoire, qui fragmentaient la nuit passée commençaient à s'emboiter paresseusement dans son esprit embrumé. La douleur aiguë qui broya son bras quand elle essaya de prendre son appui lui rappela la morsure encore fraiche. Une grimace douloureuse fendit ses lèvres en un rictus crispé. Elle se remerciait encore d'avoir apporté la solution à base d'argent. Avoir eu la lucidité de l'appliquer juste après l'attaque avait suffit à évincer la maladie. Elle n'avait pas besoin d'un nouveau lycanthrope dans l'équation, la situation était déjà bien assez bancale comme cela. La sorcière examina la plaie, les crocs jaunes avaient déchiré son habit et brisé sa chair tendre pour se plonger dans le muscle, la moindre sollicitation était infernale et il lui fallut lutter pour réprimer les gémissement plaintifs qui escaladaient sa gorge sèche. Un solution de régénération suffirait, elle n'excellait pas dans la magie de soin, sa sœur, guérisseuse de mérite, la surpassait de loin, mais ses connaissances suffirait. Elle en garderait des cicatrices mais son membre serait fonctionnel. C'était suffisant.

Elle se maudit pour sa crédulité. Bellatrix se sentait stupide. Elle n'avait, en vérité, pas réellement douté de Rodulphus, il était vil, frontal, assez stupide pour chercher la confrontation, mais pas une seule seconde elle n'avait imaginé qu'il puisse pousser son raisonnement pour élaborer une telle stratégie et, réduire à néant ses plans. Dans son excitation il s'était trompé de cible.

La fille.

La réalisation la frappa soudainement. Sa lucidité complétement recouvré, elle balaya nerveusement la clairière plongée dans une lumière pâle. Les traces de lutte étaient encore visible sur le sol, l'écorce des arbres avait été arrachée, la terre labourée par les griffes acérées, l'odeur d'un sang fraichement absorbé par l'argile lui prenait la gorge. Les traces des larges pattes étaient imprimées à la surface molle. La sorcière prit appuis sur le tronc contre lequel son dos se reposait pour se tenir debout. Elle grimaça à l'électrochoc que la plaie lança dans son membre et entreprit de retrouver la Gryffondor. Les souvenirs de la nuit étaient encore flous, elle avait vu les créatures s'enfuir du coin de l'œil et s'était concentrée sur sa propre sécurité. Maintenant il lui fallait retrouver la sorcière. Elle espérait, de tout cœur, qu'elle n'ait pas été assassinée par la brute qu'était son mari. Elle avait vu ses métamorphoses. Un mâle immense, une musculature large, exagérément développée, des pattes puissantes et une mâchoire qui broyait les os avec une aisance déconcertante. Elle craignait que la lionne ait pu en faire les frais. Bellatrix avançait nerveusement dans la forêt dense, elle suivait les traces de la course que les créatures avaient menée. Le chaos qu'ils avaient laissé derrière eux était particulièrement évident et retracer leur débâcle de requérait pas une attention particulière. Son pas la mena aux pieds d'un chêne immense. Sa respiration se coupa net, lorsqu'elle observa la scène qui se jouait là. Hermione était à proximité d'un corps inerte sur la terre recouverte de feuilles mortes. La lumière glissait sur ses cheveux défaits. Elle reconnut Rodolphus Lestrange qui gisait là.

Ce qui restait de son époux, époux révolu en tout cas, gisait là. Des morceaux de chair en putréfaction éparpillés autour de la dépouille monstrueuse. La plaie, ou pour être exact, l'attaque qui lui avait été portée à la tête, avait perturbé tout son système nerveux. Le corps n'avait plus été capable de se dépêtrer dans les informations et les membres du lycaon étaient mélangés au désordre de l'épiderme humain. Le chaos organique n'était plus qu'infâmes variations entre deux états de sa polymorphie. D''épaisses touffes noirs jonchaient sa peau lisse, ses pattes noires se finissaient en mains brisées, ce qui restait de sa mâchoire détachée avait encontre une apparence bestiale, le reste de son visage souillé par le sang et son encéphale ne permettait pas de le reconnaitre outre mesure. Rodolphus était mort, compte tenu de son état, il n'aurait pu en être autrement. La fille n'était pas blessée outre-mesure, elle avait dû mener le combat tout au long, et en vérité, cela l'impressionnait assez. Il avait eu ce qu'il méritait. Il avait payé de sa vie son arrogance.