Christian est un imposteur

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La Mangemort ricanait intérieurement. Elle avait, bien-sur, deviné que la créature qu'elle poursuivait depuis plusieurs phases déjà, était un résident de Poudlard. Elle ne savait simplement pas s'il s'agissait d'un enseignant ou un étudiant, mais sa certitude s'était affirmée quand les mois estivaux l'avaient éloignée de sa proie disparue. Les deux cycles qui correspondaient aux vacances n'avaient fait que confirmer ses doutes. Elle avait accru son attention alors. Le Lycaon devait prendre la Tue-loup. C'était une évidence. Bien des cadavres auraient été découverts sinon. Puisqu'il s'agissait de la fille, cela faisait sens, elle était profondément bonne et attentive, douée aussi. Nul doute quand à sa capacité pour réaliser une potion si complexe. Une question roulait alors en boucle dans son esprit: si la fille prenait la tue-loup, pourquoi la prise n'avait-elle été effectuée ce cycle dernier? Une licorne qui plus était... La Gryffondor avait bien choisi sa proie...

La sorcière revivait l'odeur putride et doucereuse des relents sanguins. La licorne n'était pas une victime aisée. Elles défendaient chèrement leur peau. Pas assez pour ce loup là, visiblement. Elle se promit de partir en quêtes de ce qui pourrait rester. Le cadavre, avec un peu de chance, n'avait pas été consommé entièrement. Le sang dans la gueule était frais, abondant, peut-être avait-elle assez intrigué la louve pour que cette dernière abandonne son repas. Ce qu'elle pouvait récupérer sur une telle créature n'était pas négligeable. Même si la Mangemort avait un certain attrait pour les potions, elle avait pour principe de ne jamais porter atteinte aux créatures. L'un des rares principes qu'elle s'était fixé et respectait à la lettre. Cependant elle n'allait certainement pas se soustraire à la possibilité de récupérer un sang aussi précieux. Peut-être même son crin, quelques mèches et l'ivoire torsadé qui constituait sa corne. Les sabots étaient connus pour leurs vertus médicinales et très utilisés en onguents. Cette chasse avait été une aubaine.

La sorcière était adossée au mur de la chambre qui lui avait été attitrée. Il ne lui avait pas plu de bouleverser ses habitudes au début, mais cette routine avait fini par se faire un place et, malgré ses premières réticences, elle s'y plaisait presque désormais. Il suffisait de faire abstraction du bruit environnant. Il était plus facile pour elle de servir son maitre en ces lieux. N'importe quel endroit était, de toute façon, plus enviable que sa cellule austère. Alors elle s'y était accoutumée.

Elle ne s'était pas attendue à découvrir la fille qu'elle avait affronté au ministère.  On ne s'attend jamais à cela. Bellatrix avait, supposé un visage inconnu, un ancien professeur au pire. Un visage étranger, une identité neuve sans histoire commune. C'était compromettant.

Alors quoi? Attendre de trouver un autre individu? L'idée lui avait traversé l'esprit, mais elle l'avait évincée, presque immédiatement. Ces créatures étaient rares, la chasse longue, éreintante, elle avait un individu fiable, juste à sa portée. Elle ne pouvait pas simplement se résoudre à décliner cette opportunité. La bête lui était liée avec cela.

La sorcière appréciait la sensation molle du matelas qui épousait les aspérités de sa silhouette sous son corps frêle. Elle dût lutter pour ne pas se laisser s'échouer sur les draps qui semblaient l'appeler. Cette nuit avait été éprouvante et sinon utile, au moins instructive

La sorcière grinça tout en jouant nerveusement sur ses boucles noires. Elle tirait pensivement les mèches disparates avec une anxiété qui prenait à la gorge. La tâche allait s'avérer plus ardue que prévu. La Mangemort connaissait la file depuis un certain temps désormais. Assez pour réaliser qu'elle n'était pas dotée de la personnalité la plus docile en ce bas monde. La sorcière savait qu'il lui faudrait jouer sur la peur, la menace, la répression. Si elle parvenait à assoir et maintenir son emprise, cela lui gagnerait du temps. La fille était un Gryffondor. Un véritable rat de bibliothèque pour ne rien arranger. Bellatrix était consciente qu'il lui faudrait peu de temps avant d'analyser la situations pour la retourner. La situation était décidément embarrassante. Cependant, l'ainée des Blacks n'avait pas le loisir de s'en préoccuper pour l'heure. Bellatrix Lestrange tira une dernière fois sur ses cheveux indisciplinés et laissa un grognement sourd, mécontent, s'échapper entre ses lèvres rouges.

La lune change de Mue et les humains de peau [Bellamione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant