Le Marionnettiste était somnambule

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La jeune sorcière avait grand peine à masquer sa nervosité croissante depuis plusieurs heures maintenant. La pulpe de ses doigts, arrachée, portait les sévices anxieux que ses dents leur avait infligé. Hermione avait attaqué sa peau toute la journée, ses ongles rugueux, sectionnés, avaient été rongés jusqu'à la chair rose, désormais à vif. Elle était, de toue façon, beaucoup trop préoccupée pour sentir la douleur, ou même s'en soucier. La lionne avait passé des heures incalculables à parcourir, les yeux épuisés, les rayons abritant les ouvrages spécifiques au sortilèges réalisés pour lier les sorciers. Malgré ses recherches qui l'avaient forcée à se maintenir en éveil, Hermione n'était pas parvenue à quelque résultat que ce soit. Elle avait été frustrée, énervée, inquiète... Désormais, le désespoir ébranlait sa carcasse.

Harry n'avait pas été en capacité de lui céder la carte du Maraudeur pour l'heure. Fred et George en avaient eu besoin, ne laissant à la brune, que ses bribes d'espoir éclatées. Elle avait haï la situation, avait voulu déverser sa colère, son désespoir sur le monde entier, mais à quoi bon? Nul n'en était responsable. Elle avait voulu pleurer, seulement elle n'en avait pas la force.

Sa recherche ne pourrait se poursuivre qu'après son rendez vous hebdomadaire. Alors, à quoi bon lutter, si c'était inévitable? Elle laissait son pas fatigué la traîner un peu au hasard entre les murs épais. La Gryffondor s'assit sur un muret, ses ongles blancs grattaient la pierre rugueuse jusqu'à s'user complètement. Elle aurait bien usé de ce temps pour préparer son Aconit, mais elle n'osait pas vraiment imaginer la punition que la Mangemort pourrait lui faire subir si elle osait la reprendre à l'encontre des instructions. Lestrange avait été claire. Ses yeux vitreux scrutaient sa main blême un peu distraitement.

Hermione avait eu peur. Une angoisse lente, profonde, terrifiante. Avec le temps, cet effroi s'était mué en affliction, puis en apathie. Elle était épuisée et commençait à sentir dans tout son être, un attraction étrange contre laquelle elle peinait à lutter. Ce n'était pas violent, ni même réellement invasif. C'était lattant, présent. Passif. Un manque, ce sentiment nostalgique qui ne la quittait plus, pointé par l'amertume. Comme de vieux regrets que l'on chercher à déterrer, une plaie à ré-ouvrir. Elle connaissait ce sentiment, cette intensité lasse. Elle se sentait aspirée. La lionne en avait deviné la provenance, mais elle se sentait trop épuisée, lasse pour user ce qui lui restait comme énergie à haïr la Mangemort.

Le soleil déclinait sur le ciel rouge. Il perdait sa teinte azurée pour laisser l'immense étoile se fondre, disparaître peu à peu en dispersant les ombres paresseuses.

Hermione n'avait même pas l'énergie suffisante pour se questionner. Elle avait esquivé toute tentative d'interaction sociale, en particulier envers Harry et Ron. Elle aurait cédé. Et elle ne pouvait pas se le permettre, c'était beaucoup trop dangereux. Ma jeune femmes se devait de rester puissante, stoïque pour faire face à la sorcière noire. Admettre ses faiblesse, même à ses amis, lui ferait perdre ce qui lui restait de territoire contre la femme sombre. Elle ne lui céderait pas le moindre centimètre sans qu'il lui faille la réduire en miette. Seulement, la Gryffondor était bien déterminée à ne pas se laisser détruire avec tant d'aisance, quoi que ce travail ait déjà opéré sur sa fragilité mentale. Il lui faudrait tenir tête à son ennemie dans quelques minutes, alors, pour l'heure, elle pouvait bien s'autoriser un peu de répit...

Après, il faudrait mentir. La jeune sorcière sentait le poids de la fatigue courber son dos, presser ses épaules qui s'étaient affaissées. Elle errait dans les couloirs désertés, ou peut-être ne l'étaient-ils pas? Elle ne savait plus trop. Sa perception avait été altérée, elle n'entendait plus les conversations depuis un moment déjà. Leur bourdonnement seulement. Elle ne savait pas pourquoi elle laissait sa démarche mécanique la porter au hasard dans le dédale sorcier qu'elle connaissait par cœur depuis les années passées en leur sein. La lionne n'avait pas envie de se questionner, elle se laissait faire, distraitement, pour aujourd'hui, il était trop tard. Il ne servait à rien de lutter dans l'immédiat. C'était inévitable, pour ce soir au moins, elle ne trouvait aucune utilité dans le désespoir ou la colère. Il lui fallait préserver ses forces pour lui faire face, puis pour poursuivre ses plans. Mais pas ce soir. Les émotions trop puissantes ne feraient que rendre les choses plus difficiles encore.

La lune change de Mue et les humains de peau [Bellamione]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant