CHAPITRE 2

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Finalement, se sentant un peu ballonnés par la longue route en voiture, les trois membres de la famille s'étaient dirigés vers la plage pour apprécier le vent salé. Chacun avait sa paire de chaussures dans les mains, profitant de la sensation de ses pieds s'enfonçant dans le sable. Jeno avait envie de tremper ses pieds dans la mer. Il délaissa ses parents un moment pour aller planter ses pieds dans le sable humide où des coquillages pointaient. Il se laissa se submerger ainsi à intervalles réguliers pendant un certain temps sans s'en rendre compte, face au soleil qui disparaissait rapidement maintenant. Il prenait de grandes inspirations, les yeux fermés, sans penser à rien.

Une légère brise arrivait jusqu'à la plage, jouant avec les cheveux noirs comme la nuit de Jeno, et soulevant son T-shirt à manches longues pour le chatouiller. Une sensation de liberté totale s'emparait de lui ; il pouvait partir là, s'envoler dans le ciel ou alors plonger dans les abysses, et tout oublier, tout détruire de son être et ne rien laisser derrière lui, partir comme les pétales de cerisier au printemps, doucement dans un tourbillon calme et serein.

-JENO ! le cri de sa mère le ramena à la réalité, encore une fois. Enfin, ça fait cinq minutes qu'on t'appelle ton père et moi, reprit-elle lorsqu'il fut à leur hauteur, à la frontière entre la plage et la route goudronnée. On s'est dit qu'avant de rentrer on pouvait aller acheter une glace, tu en veux une ?

-Oui, je veux bien, répondit Jeno.

-Tu la veux à quel parfum ?

-Mmh... Cerise.

-D'accord, tu nous attends ici.

Jeno s'assit sur la bordure en béton en les attendant, le temps de faire sécher ses pieds recouverts d'une couche de sable collante. Il faisait presque nuit, et les lampadaires dans la rue commençaient à s'allumer les uns après les autres, dont un juste derrière le jeune homme. Il baissa les yeux sur ses mains qu'il ne sentait plus. La température avait radicalement baissée lorsque le soleil s'était couché pour de bon. Ses doigts devenaient de plus en plus bleus, mais il ne bougea pas, il ne fit aucun geste pour se réchauffer, comme s'il était tétanisé par le froid.

Un violent coup sur la tête le sortit de sa torpeur. Un groupe de jeunes venait vers la sortie entre les bordures juste à côté de Jeno, qui s'était pris leur ballon de plage en plein dans la tempe. Il se leva en se frottant la bosse en devenir d'une main, pendant que l'autre cherchait son agresseur. Il le lança alors d'une main au premier garçon qui était maintenant arrivé à sa hauteur.

-Mon dieu ! s'exclama celui-ci, l'air concerné ; t'as pas trop mal ? Je suis vraiment désolé.

Jeno dévisagea le jeune qui lui parlait avant de lui répondre, il avait des joues assez rebondies qui lui donnaient un air enfantin. Il était accompagné de deux autres garçons, qui devaient avoir le même âge que lui.

-Ҫa va, merci, répondit simplement Jeno en se levant avec sa paire de chaussures en main pour aller retrouver ses parents.

-Tu es nouveau dans le coin ? continua le garçon joufflu, parce que je ne t'ai jamais vu par ici.

-Oui, je viens d'emménager, dit Jeno avant de partir à grandes enjambées pour couper court à la discussion qui le gênait.

Les trois amis se regardèrent d'un air surpris, avant d'hausser les épaules et de repartir chez eux en trottinant pour ne pas avoir froid dans leurs tenues légères.

Jeno, de son côté, retrouva ses parents un peu plus loin avec des gaufres pleines de sucre glace dans les mains. Ils avaient renoncé aux glaces en sentant le froid les envelopper dangereusement. 

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