Ce premier week-end de l'année scolaire s'était résumé à des achats de livres spécialisés dans chaque matière, recommandés par les professeurs pour prendre de l'avance dans les programmes, et Donghyuck était déjà épuisé par ses parents. Le dimanche, en milieu d'après-midi, il se retrouva installé de façon très inconfortable à plat ventre sur son lit, sous la pile de savoir en papier.
Il se mit d'un coup sur ses avant-bras en entendant les pas feutrés de sa mère dans l'escalier. Il se dégagea de tous les livres et essaya de les remettre en ordre sur son bureau en moins de quarante secondes, avant que sa mère ne toque à sa porte. Elle entra sans attendre de réponse. Les yeux de son fils s'arrêtèrent sur ce qu'elle avait dans la main. Elle était venue lui apporter une part de tarte au potiron et un verre de lait pour son goûter.
Elle lui déposa sur son bureau, sur la gauche, le verre le plus loin possible des livres, mais pas trop près du bord non plus. Puis elle passa ses doigts sur les différentes couvertures, et prit le livre de sciences naturelles dans ses mains, avant de l'ouvrir sur le premier chapitre de biologie et de le reposer bien à plat sur le bureau. Sa mère préférait la biologie à la géologie. Pas étonnant venant de quelqu'un qui prévoyait pour son fils une brillante carrière de médecin. Elle tira la chaise puis posa une main se voulant encourageante sur l'épaule de son fils avant de quitter la chambre.
Résigné, Donghyuck s'assit à son bureau silencieusement. Toute sa vie était silencieuse, il n'échangeait presque jamais avec ses parents. A tel point que si la télévision n'avait jamais été inventée, les dîners familiaux auraient tous ressemblé à des veillées mortuaires. Mais pour ses parents, cela n'était pas pesant. Ils avaient toujours étaient un couple heureux, bien que peu loquaces car ils n'avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Ils avaient les mêmes envies et la même façon de pensée inculquée par leurs familles conservatrices. Donghyuck avait donc un peu de mal à trouver sa place dans ce plan parfait construit à deux, et pour deux. Au moins il n'avait pas à se plaindre de disputes de couple incessantes et de déchirement familial. Il savait que ses parents étaient soudés. Ils étaient une équipe. Mais dans cette équipe, il avait l'impression d'être le ballon.
Et un ballon, ça ne parle pas, contrairement aux autres joueurs. Alors comment lâcher que son meilleur ami Mark, avec qui il révisait le samedi matin, de 9h15 à 12h15 très précisément, depuis la seconde, était en réalité son petit ami et premier amour. Ses parents ne pourraient pas concevoir qu'il soit tombé amoureux d'un garçon. Ils n'étaient pas assez ouverts d'esprit pour comprendre une telle chose, ce n'était pas dans leur culture, ça ne faisait pas partie de ce qu'on leur avait appris et répété durant leur éducation.
Il se mit donc à réfléchir, la tête pausée sur la paume de sa main, le regard dérivant à l'extérieur, d'un nuage cotonneux à un autre. Il se dit que ses parents le foutraient certainement dehors s'ils apprenaient que leur fils unique était homosexuel. Ils étaient totalement illogiques, contrairement aux parents qui mettaient leurs enfants en thérapie. En effet, s'ils considèrent que c'est une maladie, ils doivent l'aider et le soigner, et non l'abandonner à la rue. Mais en y réfléchissant à deux fois, il pensa que finalement, il préférerait être à la rue plutôt qu'être envoyé de force dans un institut où on lui laverait le cerveau, comme ce qui était arrivé à cet auteur de mangas d'horreur dans Poison City. Il sentit alors des frissons lui remonter le long de la colonne vertébrale.
Après avoir reformulé intérieurement son serment de ne jamais révéler, au moins avant d'être indépendant, son homosexualité à ses parents, Donghyuck se replongea dans le fonctionnement des connections neuronales (chapitre qu'il préférait). Il aimait sincèrement la biologie et devenir médecin lui semblait envisageable, la seule ombre au tableau étant le fait qu'il sentait que ce n'était peut-être pas son choix, et ceci était une sensation relativement désagréable.
Voilà pour ce chapitre, j'espère qu'il a plu.
Je ne pensais pas faire un chapitre entier sur Donghyuck, mais je crois que je me suis un peu emballée, et puis je ne voulais pas laisser sa personnalité à ''colérique et un peu antipathique''...
Bonne journée/soirée
VOUS LISEZ
My Sweet Future
FanfictionJeno déménage avec ses parents dans une ville côtière pour sa dernière année de lycée. Les rencontres qu'il va y faire vont lui permettre de surmonter un passé étouffant et de retrouver la réalité dont il s'était coupé. (Attention : première fanfic...