CHAPITRE 25

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Jaemin traînait un peu pour ranger ses affaires, lorsque la sonnerie retentit, libérant les élèves pour le week-end. Donghyuck et Mark fêtaient leur anniversaire de couple ce soir. C'est pour cela que le châtain ne voulait pas les retenir trop longtemps. Maintenant que les élèves avaient arrêté de l'insulter ouvertement dans les couloirs, il pouvait quand même se rendre aux toilettes seul ! Son regard se dirigea néanmoins inconsciemment vers Naerim. Non. Il ne pouvait pas lui demander de l'accompagner aux toilettes pour hommes, de l'attendre à l'extérieure toute seule alors que c'était le week-end. Elle voulait sûrement rentrer chez elle rapidement. Et puis, il pouvait quand même se débrouiller seul ! Il était en terminale tout de même ! Il n'était plus un enfant depuis longtemps, et pouvait bien s'assumer seul.

Il décida donc de s'y rendre, seul, alors que les classes se vidaient, les unes après les autres. Seuls quelques professeurs restaient dans leur salle pour travailler encore un peu. Au détour du couloir, il aperçut son but. Il ouvrit difficilement la porte, qui raclait toujours le sol carrelé, puis se dirigea tout d'abord vers les lavabos pour se passer un peu d'eau sur le visage.

Un premier coup s'abattit au coin de sa tempe. Sa violence projeta sa tête sur le rebord du lavabo où il se cogna brutalement. Il tomba directement sur le sol froid. Il allait avoir une belle bosse sur le front, mais ce n'était clairement pas ce qui serait le plus douloureux. Alors qu'il rentrait en collision avec le carrelage, il vit une image floue de son agresseur, puis il sombra dans un état de semi-conscience. Il ne sentait plus le sang qui coulait le long de ses cheveux, il ne sentait plus les coups pleuvoir sur son corps. Il n'avait plus mal. Comme s'il était en train de s'observer, hors de son corps.

-Ca t'apprendra à t'exhiber devant n'importe qui, sale gay, entendit-il avant que le silence s'en retourne l'étouffer.

Plusieurs heures s'écoulèrent avant que Jaemin ne revienne à lui. En ouvrant les yeux, une douleur immense traversa son corps de part en part. Il aurait préféré resté inconscient. Ses côtes le faisaient tellement souffrir qu'il avait l'impression qu'on continuait à lui écraser la cage thoracique. Une de ses joues était très enflée, et sa lèvre inférieure était fendue. Bien qu'il soit revenu à lui, il ne bougea pas, il se contenta de se concentrer sur sa respiration difficile. Il évitait même de penser.

Soudain, il entendit une marche rapide dans le couloir. Il ferma les yeux. Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, ni de qui pouvait être encore dans l'enceinte du lycée. « Pourquoi est-ce que la porte des toilettes est ouverte ? » Cette voix lui semblait familière, mais il n'arrivait pas à retrouver le nom de la personne, son esprit s'embrouillait. Quelques secondes plus tard, il vit une tête passer l'entrebâillement de la porte.

-Oh mon dieu ! Jaemin ! qu'est-ce qu'il t'est arrivé bon sang ? c'était le professeur Lee Tae-Yong, qui s'agenouilla aux côtés de son élève. Mais qui t'as fait ça ? Attends, surtout ne bouge pas, j'appelle les urgences.

Le jeune professeur d'histoire était complètement paniqué. Il n'avait encore jamais fait face à une telle situation. D'une main, il prit son téléphone et composa le numéro des urgences, tandis que de l'autre, il tenait très fortement celle de Jaemin. Il resta au téléphone jusqu'à ce que les ambulanciers n'arrivent. Il avait réussi à retrouver une respiration quasi normale. Il fut invité à accompagner son élève aux urgences, ce qu'il fit évidemment. Il comptait appeler le père du châtain depuis l'hôpital.

C'est donc vers 20h que le père de Jaemin reçut un appel inquiétant, le prévenant de l'état de santé de son fils. Alors qu'il se mettait en route précipitamment, Tae-Yong retrouvait son élève alité mais conscient. Il s'assit sur un tabouret, tout près de la tête du lit médicalisé.

-Les médecins ont dit que tu avais quelques côtes contusionnées, mais que tu devrais vite t'en remettre, commença-t-il. Dis-moi, tu sais qui t'a fait ça ?

-Oui, répondit difficilement le blessé. Je l'ai vu avant de perdre conscience.

-C'est un autre élève ?

-Oui, Jaemin faisait des réponses courtes pour économiser son souffle.

-Donc il y aura un conseil de discipline, on ira voir le proviseur dès lundi matin. En attendant, tu vas rester ici au moins jusqu'à dimanche. Tu sais pourquoi on s'en est prit à toi ? demanda le professeur sur un ton incertain.

-Oui, vous savez ce qu'on disait sur moi il n'y a pas longtemps...

-C'est donc ça, comprit Tae-Yong. Ne t'en fais pas, il ne s'en sortira pas impuni. Il reprit après une pause : Je vais bientôt partir, j'ai appelé ton père, il devrait arriver dans peu de temps.

-Quoi ? Aouch ! Jaemin s'était redressé brutalement à l'entente du mot ''père'', ce qui lui déchira l'intérieur. Mais, ne lui dites rien, je veux dire, ne dites pas pourquoi... il perdit son souffle.

-D'accord, d'accord, assura son professeur principal. Je ne dirai rien, ne fais pas de mouvements brusques, tu vas te faire mal. Voilà, repose-toi.

Tae-Yong recoucha Jaemin doucement, puis sortit de sa chambre double, dont le second lit n'était pas occupé. Il se dirigea vers l'accueil, où devait forcément passer le père de son élève. Il le vit de loin, et l'interpella avant que celui-ci n'hausse le ton avec la secrétaire, à cause du stress. Il lui expliqua la situation, puis lui demanda de ne pas trop poser de question à son fils, de le laisser se reposer, et qu'ils iraient voir ensemble le proviseur lundi matin pour décider de la punition que recevrait son agresseur. 

La discussion avec le professeur avait quelque peu calmé le père de Jaemin, qui put donc se diriger vers la chambre de son fils avec un pas mesuré. Cependant, quand il le vit allongé, avec sa joue si enflée qu'elle recouvrait presque son œil, la colère refit vite surface. Mais il serra les poings, il ne servait à rien de s'énerver devant lui ; alors il se contenta de prendre place sur le tabouret et de serrer la main de son fils entre les siennes. Un simple geste pouvait valoir plus que des mots.

Malgré cette tendresse que dégageait son père à son égard, Jaemin ne put fermer l'œil de la nuit. Pas seulement à cause de la douleur physique, mais surtout à cause de celle morale. Il n'en sortirait donc jamais ? Ne pourrait-il jamais baisser la garde ? Même s'il a des gens merveilleux autour de lui, y aura-t-il toujours quelqu'un pour le rabaisser quand il sera seul ? Et que se passera-t-il si les personnes qui lui tiennent vraiment à cœur finissent par lui tourner le dos ? Sa mère l'a déjà fait, alors tout le monde peut le faire... ? Comment réagira son père ? Et ne pourra-t-il jamais se rapprocher vraiment de Jeno ? Son espoir d'amour est-il voué à l'échec ? Et s'il déprime et devient odieux à cause des réactions de son père et de Jeno, ses amis resteront-ils ? Pourront-ils toujours le supporter ? le soutenir ? 







Ce chapitre ne faisait qu'un avec le suivant, mais je trouvais que c'était trop alors je les ai séparés... Le suivant arrive tout de suite...

My Sweet FutureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant