CHAPITRE 14

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Lorsque le professeur Lee Tae-Yong lâcha bruyamment sa sacoche sur le bureau, Jaemin fut pris d'un spasme nerveux, balançant sa trousse à terre.

-On se réveille ! fit le jeune professeur, ce n'est plus le moment pour la grasse matinée.

En se baissant pour récupérer son bien, le châtain ne put s'empêcher de marmonner qu'il ne dormait même pas, qu'il avait juste sursauté. Mais ses propres murmures ne l'empêchèrent pas d'entendre un ricanement dans sur sa droite et dans un souffle ''bouboule et ses grosses paluches''. Ses gestes se stoppèrent l'espace d'un instant, mais il pria pour que les autres élèves ne le remarque pas. Il se réinstalla sur sa chaise, à côté de Jeno qui, à son grand soulagement, n'avait rien entendu. Paraître stupide avec ses questions sur le cours de mathématiques, d'accord, mais savoir qu'il est le boute-en-train de la classe, qu'il est faible et qu'on le lui fasse bien sentir, jamais.

De toute façon, ce n'est pas comme s'il s'en préoccupait. Mark lui avait conseillé d'ignorer les quelques élèves qui se moquaient de lui depuis sa prise de poids, et c'est ce qu'il faisait. On lui prenait son pain ou son dessert à la cantine en disant qu'il n'en avait plus besoin ? il avait décidé de déjeuner à l'extérieur avec ses amis, il habitait assez près du lycée pour se le permettre, donc rien de plus simple. On lui crachait à la figure son nouveau ''surnom'' dans les couloirs ? Mark le mettait entre lui et Donghyuck en jetant des regards noirs autour de lui, rien de plus simple. On ne le pointait du doigt en cours de sport et on ne le choisissait jamais dans une équipe ? Quoiqu'il en soit, sa professeure ne le laissait jamais très longtemps sur le terrain de peur qu'il provoque un cataclysme, et il passait les trois quarts du cours sur le banc de touche, rien de plus simple.

En réalité, il préférait quand les autres élèves le laissaient tranquille bien entendu. Surtout qu'il n'avait jamais eu de problèmes de surpoids avant le lycée. Mais disons qu'à un moment de sa vie, moment encore récent pour lui, la nourriture avait été sa seule source d'affection. Bien que ses amis aient été là pour lui, ils venaient de se rencontrer et Jaemin n'avait pas réussi à parler pleinement de ce qui le perturbait, et Mark et Donghyuck n'avaient pas trouvé les mots qu'il attendait. Contrairement aux biscuits, gâteaux, et sablés en tout genre, dont les mots étaient tendres, sucrés ou même croustillants. Et eux étaient toujours là pour lui, à toute heure de la journée ! Alors oui, il s'était laissé aller.

Mais depuis la rentrée, il avait moins envie de sentir le goût sucré et caramélisé de ses cookies préférés. Il voulait la sensation des bras de Jeno autour de lui, et ça, aucun aliment ne pourrait la lui procurer. Ce dernier était toujours à côté de lui en classe, et était également toujours très concentré sur les cours.

En général, les relations entre les différents élèves se créent rapidement dès les premiers jours, mais pour Jeno, c'étaient plutôt l'inverse. En effet, c'est dès les premiers jours que ses relations sociales ne se créaient pas. En cours, il se montrait concentré et à l'écoute, tandis que pendant les pauses, quand d'autres élèves que Jaemin, Mark ou Donghyuck s'approchaient de lui pour parler, il arborait un air blasé et son esprit partait loin, si loin qu'il n'écoutait jamais rien. Son manque de sociabilité avait été pris pour de la froideur et du mépris envers ses petits camarades, si bien qu'en moins de deux semaines, ils avaient tous lâché l'affaire et ne tentaient plus rien.

A la fin de la journée, Jeno se rendit sans tarder chez lui. Son père rentrait plus tôt aujourd'hui, et il voulait être là pour l'accueillir. Il entendit la clé rentrer dans la serrure alors qu'il venait d'ouvrir la porte pour aller aux toilettes. Il rebroussa chemin rapidement, et ouvrit la porte d'entrée, avec la main de son père toujours accrochée à la poignée.

-Bonsoir, dit ce dernier en souriant après avoir été tiré à l'intérieur.

-Papa... ? commença Jeno d'un ton hésitant.

-Oui ?

-Qu'est-ce qu'il s'est passé aux toilettes ?

-Ah, soupira l'homme, c'est pour ça que je voulais rentrer plus tôt, continua-t-il en chuchotant. Je vais aller y mettre de l'eau de javel, ne t'en fais. Tu sais, ta mère n'a pas encore pu aller acheter ses médicaments depuis qu'on a déménagé, parce qu'il fallait qu'elle retrouve un nouveau gynécologue.

A ces mots, Jeno baissa la tête, les larmes aux yeux. Il était persuadé qu'il était la cause du déménagement. Mais il sentit soudainement les bras de son père l'encercler et le serrer contre son torse.

-Tu sais bien que ce n'est pas de ta faute, lui murmura-t-il. Et puis, pour ta mère, elle a des soins, mais c'est tout à fait bénin, ce n'est rien de grave, alors ne t'inquiète pas.

L'homme berça son fils dans ses bras un certain temps, avant qu'ils ne se séparent et ne se mettent à leur travail respectif.







Voilà pour ce chapitre, j'espère qu'il a plu... Dites moi ce que vous en pensez ?

Désolée pour le retard, je voulais poster hier...

Bonne journée/soirée

My Sweet FutureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant