My Sweet Future

CHAPITRE 10

Le lendemain, l'opération séduction était lancée.

Jaemin s'était levé avant son père, une grande première. Il avait vidé son armoire sur son lit et cherchait quelque chose à se mettre qui le rendrait ''détaché''. Après un quart d'heure à faire voler ses vêtements par-dessus sa tête, il se laissa tomber à genoux et réfléchit quelques instants. Il ne devrait pas se mettre dans tous ses états pour une personne qu'il ne connaissait que depuis quelques jours. Ce n'était pas lui. Il n'avait jamais pensé à faire des efforts pour plaire. Il était détaché, et ne faisait pas semblant de l'être. Même pour la première personne qui avait secoué son jeune cœur. De toute façon, la vie était remplie de trop d'évènements pour que l'on consacre autant de temps à se changer, se conformer dans l'optique de plaire à quelqu'un d'autre que soi-même. Ҫa, c'était la philosophie de Jaemin. Peu importe ce qui lui arrivait, il avançait comme il pouvait, et si ce qu'il devenait au fur et à mesure des épreuves gênait qui que ce soit, tant pis.

Fort de sa réflexion, il se releva comme possédé, et attrapa ce qu'il trouva sous ses mains. Il ferait parler sa personnalité et pas son sens de la mode, déplorable qui plus est. Il s'habilla donc en quatrième vitesse, ayant perdu l'avance qu'il avait prise en se levant si tôt. Il dévala les escaliers pour arriver dans la cuisine où son père buvait son café. Celui-ci regarda d'un air étonné la petite tornade qui prenait son petit-déjeuner tel un aspirateur. Le jeune homme vint tout de même embrasser son père, lui souhaitant une bonne journée avant de claquer la porte d'entrée derrière lui.

Sur la route du lycée, il marcha le plus vite possible, en soufflant tellement fort qu'il changeait de trottoir à chaque fois qu'il devait croiser quelqu'un. Il ne voulait pas qu'on l'entende respirer ainsi, mais il ne pouvait pas faire autrement. S'il essayait de calmer sa respiration en marchant aussi vite, il serait vite à bout de souffle et tout transpirant, et donc nettement plus pitoyable. Au moins, en hiver il pouvait cacher sa respiration brutale par son manteau qu'il remontait jusqu'à son nez.

Malgré tout, il arriva tout de même à son lycée en un seul morceau. Il passa aux toilettes pour rafraîchir ses joues rougies par l'effort surhumain qu'il venait de fournir, avant de se rendre à sa salle de classe. En y entrant, un sourire illumina son visage, encore légèrement essoufflé. Avant de rejoindre son nouvel ami, il eut peur et passa sa main rapidement sur son front. Pas de gouttes de sueur menaçant de couler sur ses tempes. Un sportif avec de la transpiration pouvait encore être classe, mais ce n'était certainement pas le cas de Jaemin.

Enfin rassuré sur son apparence et son odeur corporelle, il s'avança vers sa place à côté du nouveau.

-Salut Jeno ! fit-il d'un ton posé, bien dormis ?

-Salut Jaemin, ç'a été, et toi ?

-Très bien, comme je n'habite pas très loin, je peux dormir longtemps ! sourit-il en pensant à son réveil gisant sur le sol de sa chambre pour avoir osé le réveiller plus tôt que d'ordinaire.

Leur conversation s'arrêta là, avec l'apparition soudaine de leur professeure d'anglais. Matière dans laquelle Jeno excellait, grâce à son père qui avait un travail international. Ainsi, il maîtrisait le vocabulaire de conversations basiques et de contrat de design dans cinq langues différentes. A la fin du cours, les élèves pouvaient apprécier une courte pause avant l'arrivée du prochain professeur. Jaemin en profita pour poser la question :

-Dis Jeno, commença-t-il nerveusement, tu es très bon élève... ?

-Mmh... fit Jeno en le regardant d'un air méfiant.

-Alors, je voulais te demander si tu pouvais m'aider dans certaines matières, parce que je voudrais vraiment progresser pour terminer l'année avec un bon niveau. Jaemin avait lâché ça d'une traite, sans respirer, et serrant ses mains sous la table.

-D'accord, pas de soucis, ça me fera réviser en même temps.

Jaemin resta la bouche ouverte jusqu'à ce que son cher professeur de physique le rappelle à l'ordre, alors qu'il continuait de se demander pour quelle raison obscure il avait stressé.