Je roulais sans but précis depuis des heures, sentant le vent dans mes cheveux courts. J'avais besoin de me vider la tête. J'avais eu envie de changer d'air le temps d'un petit road-trip à moto. Trop de problèmes à gérer au club. Même les filles qui traînaient en permanence autour de nous ne me tenter pas.
Quelques heures auparavant, un de nos prospects était revenu au QG en sang, à moitié mort, avec un message d'un nouveau clan qui tenter de s'établir sur notre territoire. Ils voulaient notre place, nos clients, nos investisseurs, notre mort. Ils ne savaient, cependant, pas à qui ils avaient affaire. Trop impétueux, dû à leur jeunesse. Ils ne se rendaient pas compte qu'ils s'attaquaient à plus fort, plus compétent. Ils allaient mourir pour cette erreur. J'avais juré la vengeance à Minse, pour ce qu'ils lui avaient fait subir avant qu'il ne rende son dernier soupire entourer de nous tous. Terry, dit Minse, était en passe de devenir un frère à part entière. L'initiation était déjà programmée. Il ne le serait jamais et pour cela, ils allaient payer. La colère refit surface à cette pensée. Mes mâchoires se contractèrent de rage. Ils avaient lancé une partie dont ils ne connaissaient aucunement les règles.
Une heure plus tard, je me garais devant le bar du club où traîner plusieurs de mes frères, la gueule dépitée. Ils fumaient leurs clopes en discutant doucement afin que les brebis ne puissent entendre le sujet de la conversation. Je m'approchais.
- Salut pres', me saluèrent-ils en chœur.
Je filais une tape sur l'épaule de Bounce et un mouvement de tête aux autres.
- Arrêtez de vous prendre la tête avec cette affaire. Nous la réglerons en temps et en heure. Pour le moment, allez profiter des jambes qui s'écartent sur votre passage, mes frères.
Je tournais les talons. J'avais besoin d'un verre ou dix. Je comptais bien me mettre minable pour digérer cette histoire.
- Hey Riker, me salua Circé, mon bras droit et meilleur ami.
- Salut.
Je contournais le bar et pris une bouteille de whisky puis allait m'asseoir en face de lui.
- Cette virée t'a fait du bien ?
Il souriait en coin mais cela ne se reflétait pas dans ses yeux.
- Non, grognais-je.
- M'en doutais. On est tous à bloc pour retrouver ses enfoirés.
Je me contentais de hocher la tête en buvant, d'une traite, ma boisson. La brûlure familière dans ma gorge m'apaisa quelque peu. Je me resservis.
- On devrait rendre une petite visite à Care. Il a peut-être des infos sur ses types.
- Ouais. Bonne idée. Il est toujours au courant de tout. On y passera en fin d'après-midi. Quand j'aurais cuvé tout l'alcool que je compte ingurgiter.
Je me réveillais, quelques heures plus tard, avec une gueule de bois de tous les diables et Lizzie près de moi, nue. Putain, je l'avais baisé et je ne m'en rappelais pas.
Je me passais la main sur le visage afin de chasser les dernière traces de sommeil et me levais sans prêter plus attention à la fille. Toutes savaient à quoi s'en tenir avec moi. Je les baiser dans tous les sens, par tous les trous puis c'était fini. Il ne fallait pas espérer plus de moi. Je n'avais pas encore trouvé la femme qui se tiendrait à mes côtés en toute circonstances et cela ne serait certainement pas une des brebis du club. J'espérais mieux de la femme qui deviendrait ma régulière. Une femme qui ne serait pas passé dans le lit de tous mes frères, de préférence. Une femme forte et droite qui serait à même d'assumé la dangerosité de mon statut et bien sûr, canon au possible. À trente-deux ans, je n'étais encore jamais tombé sur une femme qui s'approcherait de l'idée que j'avais de cette femme alors je passais du temps avec ses femmes qui écartait les cuisses plus vite que leurs ombres.
Je sortis de la chambre libre du club, n'invitant jamais de fille chez moi. Mon appartement au-dessus du bar du club, afin d'être toujours présent en cas de problème, n'avait jamais été visiter par l'une de ces gonzesses.
Je retrouvais Circé au bras de Sydney, le visage entre ses seins. Elle riait à ce qu'il venait de dire mais cessa en me voyant arriver. Son regard se fit plus aguicheur. Elle me voulait mais je n'avais pas le temps pour ces conneries et de plus, mon frère de cœur avait le nez plongé dans son décolleté, ce qui me rebuta d'autant plus.
- Circé ? m'amusais-je en l'appelant.
Il releva la tête rapidement et m'offrit son sourire narquois.
- On y va.
Il comprit que les affaires reprenaient et son visage se fit plus sérieux, plus dur. Il fit un mouvement sec de la tête en se relevant pour me suivre à l'extérieur. Nous grimpions sur nos motos et nous étions partis, destination le garage de Care.
Nous pénétrons dans l'immense entrepôt de notre informateur. Ce type faisait presque partie de notre organisation. Il était fidèle à notre cause. J'aurais aimé qu'il se présente en tant que prospect auprès de moi. Il aurait fait un bon élément avec ses oreilles traînantes, son corps massif et son sourire jovial. Les gens lui donneraient le bon Dieu sans confession, ce qui était très appréciable au vu de certaines situations, tel que celle qui nous amenait aujourd'hui.
Care se trouvait sous le capot d'une prius hors de prix lorsque je le repérais. Je me postais derrière lui et me raclais la gorge. Il releva la tête et son visage se fendit d'un sourire amical.
- Salut les gars.
- Salut mec, répondit Circé.
Le mécanicien de talent nous scrutait un moment puis se releva complètement, l'air déterminé.
- Je sais pourquoi vous êtes ici. Je suis désolé pour Minse, présenta-t-il en secouant légèrement la tête. C'était un gamin génial.
Circé et moi demeurions silencieux, attendant qu'il parle du sujet qui nous intéressait.
- Des Arméniens. Un nouveau club qui veut s'implanter ici. Il est négligeable. Seulement une cinquantaine de gars. Ils traînent pas mal au BurryGirls. Je pense que vous pourrez en trouver un ou deux pour les faire parler mais faites attention. Ces gars agissent comme des kamikazes.
Pleinement satisfait de ses informations, je me déridais. Je lui mis une tape sur l'épaule.
- Tu es toujours d'une aide précieuse, mon ami.
- Tu sais que si je peux aider, je serais toujours là pour vous. Vous m'avez aidé à un moment donné et c'est normal que je sois là, pour vous et le club en retour, souriait-il.
J'allais répliquer qu'il ne me devait rien du tout lorsqu'une douce voix retentit derrière moi m'obligeant à me taire. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale à l'intonation veloutée et basse de la voix féminine qui avait retenti dans mon dos. Je me retournais lentement, le cœur battant la chamade, comme si quelque chose en moi sentait qu'il était en train de se passer quelque chose d'important.
Une femme. Une créature. Une divinité se tenait près des bureaux du garage. Ses cheveux et ses yeux étaient d'un blanc laiteux. Sa petite bouche pulpeuse avait la teinte d'une cerise mûre à souhait. Cette femme était étrangement magnifique et mon érection instantanée et dure était là, pour le prouver. Je me trouvais dans l'incapacité de détourner le regard de la fille. Mon palpitant battait à tout rompre et je sus.
J'avais trente-deux ans et j'avais enfin trouvé celle qui régnerait près de moi sur ce monde froid et violent qu'était le mien.
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Illusion of appearances
RomanceMillie, déchu des cieux célestes, erre sur la terre des hommes depuis deux siècles en compagnie de sa soeur jumelle, Maddie, jusqu'au jour où cette dernière décide de partir de son côté, persuader qu'une mission les attend dans ce monde. Chose qui...