Cette femme allait me rendre fou avec ses secrets.
Tout ce que je croyais, jusqu'à ce jour, était qu'illusion. Je me sentais perdre l'esprit, cela ne pouvait être que ça.
Je ne l'avais pas réellement entendu parler avec une voix différente que celle que je lui connaissais, n'est-ce pas ?
Et si...
Son physique peut ordinaire. Ses gestes aériens. Sa façon de marcher, comme si elle flottait. Sa fragilité affichée. Et cette intonation glaçante avant de se réfugier aux toilettes.
Non. J'avais juste trop abusé de la bière. Voilà, c'est l'alcool qui à déformer ma perception de sa voix. Elle était allé se cacher à l'intérieur parce qu'elle était bouleversée par son altercation avec cette conne de Lizzie.
À cette idée, je me précipitais dans le bar pour la trouver. Elle allait certainement mal. Il fallait que je la trouve pour la réconforter puis si je la trouvais en pleurs, je m'occuperais du cas de Lizzie.
Je l'appelais, de plus en plus fort, à mesure que je visitais chaque pièce sans la trouver. Elle n'était pas aux toilettes. Elle n'était pas dans la grande salle. Elle n'était pas dans la salle de billard, ni dans les chambres. Pas de mon appartement non plus. Puis ça fit tilt. Elle était partie. Ni une, ni deux, je grimpais sur ma moto et démarrais.
Le QG était loin de la ville et la route n'était pas éclairée. Il pourrait lui arriver n'importe quoi. Se faire renverser par une voiture, se perdre, se faire kidnapper. Cette dernière pensée me rappela à son bon souvenir, les Arméniens. J'accélérais, le cœur battant. Il fallait que je la retrouve et vite avant de perdre, pour de bon, le bon sens commun.
Scrutant le bord de la route, je me sentis, peu à peu défait en ne la trouvant nulle part. Je me garais devant chez Care et montai les escaliers qui menaient à son appartement, en vitesse. Je tambourinais violemment à sa porte mais elle s'ouvrit, pratiquement dans la seconde. Dommage, à défaut de pouvoir me défouler sur une cible humaine, j'espérais avoir quelques secondes pour cogner cette foutue porte blinder.
Care me regardait, un sourcil levé, avant de se rendre compte que Millie n'était pas avec moi. Je compris qu'elle n'était pas rentré. Je n'avais jamais connu la peur de ma vie, même lorsque des balles m'avaient frôlé et j'aurais aimé ne jamais la connaître.
- Où est Millie ?
Je repris mon souffle.
- Je ne sais pas. J'espérais qu'elle soit ici.
- Elle est partie de ton barbecue ?
- Oui. Elle a dit qu'elle se rendait aux toilettes mais elle a disparu, expliquais-je avec une pointe de panique que je n'avais pu refluer.
- Oh. Tu veux entrer ? demande-t-il le plus simplement du monde. Tu pourras m'expliquer ce qu'il s'est passé ainsi je serais s'il est nécessaire que je remette ma veste ou non. Je viens de rentrer d'un rendez-vous.
- Tu déconnes, m'énervais-je.
- Non. Entre.
Je le fixais, attendant qu'il m'annonce que c'était une blague mais non, il était extrêmement sérieux. Il la connaissait mieux que moi. Cela me fit grincer des dents. Il connaissait sa façon d'agir en temps normal. Sa disparition ne semblait pas le paniquer.
J'entrais, il referma derrière moi puis se tourna vers moi.
- Alors raconte-moi.
Je fis ce qu'il me demandait. Je lui racontais l'après-midi, plus qu'agréable, que nous avions passé, dans les bras, l'un de l'autre, ce qui lui fait ouvrir les yeux en grand. Il me coupa.
- Ainsi elle a trouvé sa mission en lui, murmura-t-il pour lui mais j'avais entendu.
Son commentaire m'apportait plus de question. J'étais une mission pour elle ? Que cela voulait dire ?
Je repris mon monologue et terminais par sa confrontation avec Lizzie et un sourire lui vint.
- Pourquoi tu souris, putain ? Ton amie est partie bouleverser et seule et toi, tu souris comme un abruti, gueulais-je.
Il continua, néanmoins à sourire puis dit.
- Ne t'en fais pas pour elle. Elle reviendra. Elle a juste besoin... de temps.
- Non. Je veux que nous la retrouvions maintenant.
Soudain, il se figea et sembla se perdre dans son esprit. Cela ne dura qu'une petite minute mais je commençais, sérieusement, à me poser des questions sur la santé mentale de ses deux amis fidèles à leur amitié.
Lorsqu'il revint à lui, il souriait, presque fièrement, et me proposa une bière, l'air de rien.
- Dis-moi, exigeais-je.
- Te dire quoi, joua-t-il à l'idiot.
- Tu sais très bien, Care. Ne joue pas avec ma patience. Franchement, si tu es toujours debout, sur tes jambes, c'est parce que tu comptes pour elle.
Son souffle aurait pu s'entendre jusqu'en Alaska tant il y avait mis de la force.
- Il y a bien quelque chose chez Millie dont tu dois être au courant mais ce n'est pas à moi de t'en parler alors je ne le ferais pas. Désolé. Sache juste qu'elle va bien, d'accord ? Tu n'as pas à tant faire. Ce n'est pas la première fois qu'elle disparaît. Elle va vraiment revenir. Je ne te dis pas ça pour t'endormir.
Il y avait donc, vraiment, quelque chose qui clochait chez elle. Mais quoi ?
Je devais savoir où j'allais devenir fou. Je devais savoir si c'était grave.
Était-elle malade ? Sa dépigmentation viendrait de là ? Était-ce mortel ?
Les pires scénarios me montaient à la tête. J'essayais de cesser d'y penser, ne pouvant avoir les réponses à mes questions mais j'étais bien décidé à obtenir quelques éléments pour préserver mon état mental.
C'est ainsi que je passais la nuit dans le loft de Care, à boire, encore et encore, jusqu'à m'endormir, complètement bourré, sans m'en rendre compte, avec l'image de cette femme semblable à un putain de fantôme, qui allait m'entendre à son retour.
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Illusion of appearances
Roman d'amourMillie, déchu des cieux célestes, erre sur la terre des hommes depuis deux siècles en compagnie de sa soeur jumelle, Maddie, jusqu'au jour où cette dernière décide de partir de son côté, persuader qu'une mission les attend dans ce monde. Chose qui...