Chapitre 5 : Millie

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Jace fermait le grand rideau de fer après notre longue journée de travail puis me prit la main pour m'emmener dans la ruelle à coté de l'entrepôt pour accéder aux escaliers qui menaient à son loft, au-dessus du garage.

- Pourquoi tes amis t'appelle-t-il Care ? lui demandais-je lorsque nous franchissions l'entrée.

- Parce que je suis la personne qu'ils viennent voir lorsqu'ils ont besoin... de quelque chose.

Je levais les yeux au ciel.

- Oh je t'en prie, Jace. J'ai très bien compris ce qu'ils faisaient de leur vie. Je te rappelle que je peux lire les âmes. Riker possède une aura très sombre.

Il souffla.

- D'accord. J'aurais aimé que tu ne sois pas mêlé à ce genre de monde mais tant pis. Ils viennent à moi s'ils ont besoin d'information sur certains sujets.

- Sont-ils venus pour cela, aujourd'hui ?

Il détourna le regard.

- Oui.

- Pourquoi en avoir honte ?

Une chose improbable se produisit alors. Les joues de Jace se colorèrent légèrement.

- Tu es un être céleste, ma puce, et moi, un simple humain. Je ne voudrais pas te perdre à cause de mes agissements. Et si, l'ange en toi désapprouvait cet aspect de ma vie ?

- Oh Jace... soufflais-je tristement. Tu ne pourrais jamais me perdre. Tu es important à mes yeux. Je t'aime, Jace.

Il baissa la tête pour mieux la relever et me prendre dans ses bras.

- Je t'aime aussi, Millielle.

Nous restions un temps dans les bras de l'autre tout en réalisant que cela était la première fois que je lui exprimais mes sentiments pour lui. Il avait vécu toutes ces années en doutant de mon attachement à lui et en avait visiblement souffert. La culpabilité m'étouffa. Jace était ce qui se rapprochait le plus d'une famille pour moi et je voulais qu'il soit convaincu de mon amour pour lui. Je le relâchai pour mieux attraper son visage entre mes mains.

- Ne doute plus jamais du lien qui nous unit. Maddie et toi êtes ma seule famille. Je m'estime extrêmement chanceuse d'avoir un humain tel que toi à mes côtés.

Un sourire vint illuminer son visage. Il déposa un baiser sur mon front puis laissa tomber le sien à la place de ses lèvres.

- C'est moi qui est de la chance de t'avoir, ma puce. J'adore avoir une sorte de petite soeur vagabonde, plaisanta-t-il.

- Une petite soeur , hein, répliquais-je sur le même ton. Je te rappelle que j'ai trois cents quarante-trois ans.

- Que des détails tout ça, balaya-t-il de la main en se dirigeant vers la cuisine pour se prendre une bière.

Je riais aux éclats en le suivant.

Lorsque mon ami décida de descendre la rue pour aller boire quelques verres, deux heures plus tard, j'en profitais pour prendre le volant de sa voiture, avec son autorisation et me dirigeai vers l'endroit le plus désert de l'État. Direction Big Bend. Depuis ma rencontre avec mon humain, mon dos frémissait d'expectative. Mes ailes combattaient ma volonté pour se libérer de leur cage. Pour cela, j'avais besoin d'un grand espace et ce que je préférais été les grandes étendues de nature brut afin de profiter pleinement de mon envolé.

Je me garais sous le couvert des arbres, à cinquante kilomètres de Big Bend et terminais le chemin à pied, impatiente de pouvoir me révéler pleinement et profiter de ces quelques heures d'abandon total.

J'étais installé derrière le bureau du garage, le lendemain. Je traitais les derniers dossiers en attendant l'arrivée de mon humain tout en exultant encore de ma nuit dernière. Je ne pouvais me permettre d'être complètement moi que très rarement car la terre était massivement peuplé. Les coins dépeuplés se faisaient rare alors quand l'occasion se présentait je n'y réfléchissais pas plus et je fonçais.

Le fort bruit d'un moteur fit écho dans le garage annonçant l'approche de Riker. La bête grondait de plaisir. Mon coeur tremblait d'expectative. Je gardais les yeux baisser sur mes dossiers afin de tenter de calmer mon intérieur. Mon démon voulait se dévoiler intégralement. Je ne pouvais le lui permettre.

- Millie ?

Sa voix rauque se répercuta jusque dans mes os, ce jouant de moi. Je le regardais.

- Tu es prête ?

Son regard avait changé depuis la veille. Il avait l'air épuisé mais il me scrutait plus intensément. Ses émotions se bousculaient en lui. Il y avait une grande colère qui peinait à dissimuler. Son besoin de me coller à son corps, de me faire sienne intégralement éclipsait cela, cependant. Il éprouvait beaucoup de difficulté à ne pas s'approcher de moi pour me serrer contre lui ce qui attisa mes désirs. Je me levai alors de mon siège, sans le quitter des yeux et pris les devants. Il se décala pour me laisser passer devant lui mais je le pris par surprise en enroulant mes bras autour de sa taille. Il en avait besoin autant que moi mais contrairement à moi, son coeur réclamer l'apaisement. D'abord sous le coup du choc, il resta immobile puis ses bras m'enserrèrent fortement, si bien que j'étais piégé dans la plus délicieuse des prisons. Je l'attendis me respirer puis il déposa un baiser dans mes cheveux. Je déliais mes bras de son corps puis lui dit.

- On va sur ta moto ?

Il me regarda avec une lueur tendre puis déposa un autre baiser sur mon front.

- Oui. Allons-y.

Avant de sortir, je me dirigeais vers Jace avec Riker sur les talons.

- Jace ?

Il s'écarta du véhicule, s'essuya les mains puis serra la main de mon humain.

- On part, l'informais-je. Tu es sûr de ne pas vouloir prendre quelques heures pour venir avec nous ? Je te promets de t'aider quand nous seront rentrés.

Il m'adressa un sourire attendri.

- Non, ma puce. Va t'amuser.

- très bien. À plus tard alors.

Je lui fit un signe de main pour lui dire au revoir puis suivit Riker à l'extérieur. Il enfonça un casque noir où son nom était dessiné à l'encre blanche puis l'attacha à ma place.

- Est-ce que tes frères savent que je viens ?

Ses mains s'immobilisèrent et ses yeux remontèrent jusqu'aux miens.

- Je vois que Care à parler, constata-t-il d'une voix bourrue.

- Détrompe-toi. Il n'était pas difficile de le deviner. Ta veste, Riker, ajoutais-je amusée, avant qu'il ne pose la question.

Il grogna pour toutes réponses.

- N'ai pas peur de mon jugement parce qu'il n'y a pas lieu d'être. Ce que tu fais de ta vie ne va pas définir ce que je pense de toi. Égoïstement, cela dépendra de ta manière d'agir envers moi et autant dire que tu t'en sors très bien, souriais-je affectueusement en grimpant sur sa moto.

Ses mains tremblaient lorsqu'il les posa sur le guidon. Son envie de poser ses lèvres sur les miennes le possédait puissamment mais je ne pouvais accéder à ce désir. Pas encore. Ne désirant pas que ce premier baiser se fasse à la va-vite. Je voulais que le moment soit parfait. Comme lui. 

Illusion of appearancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant