La nuit commençait à tomber, les hommes, à se faire plus bruyants dans leur brouillard alcooliser. Certaines femmes, très peu vêtu, dansaient langoureusement face à ses premiers. Le spectacle des couleurs chaudes que le ciel nous offrait était magnifique. À défaut de pouvoir me soulager amplement de mes tensions internes, je profitais de ce moment. Dans les bras de Riker, je me sentais à ma place, complète.
Quand il se leva, pour aller discuter avec un homme, à l'autre bout du jardin, en s'excusant et m'ordonnant de ne pas bouger du siège, près de Circé. Je n'aimais pas cela. Ma possessivité prenait un tour plus qu'inquiétant. Je le regardais s'éloigner avec l'envie de le traîner jusqu'à sa chaise et exiger qu'il n'en bouge pas. Je savais que cette insertion ne venait pas de moi mais de mon autre qui ne cessait de gronder, trouvant le temps long. Un regard sur ma droite m'apprit que Lizzie voulait une confrontation car elle se dirigeait vers moi, d'un pas déterminer, des flammes dans les yeux. Elle était en colère, certes, mais triste aussi. Cela faisait de la peine à mon côté bon mais n'importait, en aucun cas, mon côté sombre. Cette femme souffrait d'une peine de coeur mais je ne pourrais empêcher sa mort car en plus de vouloir me voler Riker, elle projetait ma mort. Elle comptait s'en prendre à moi. Cela étouffa dans l'oeuf ma pitié.
Circé tenta de faire barrage entre elle et moi mais je l'arrêtais. Cela pouvait être distrayant. Elle restait debout face à moi, essayant d'avoir l'air effrayante. La bête ricanait narquoisement, ce qui m'arracha un petit sourire. Il était rare de l'entendre rire et quoique cela soit diaboliquement grave, sourd et rauque, j'appréciais l'entendre, tout de même.
- Fais attention à toi, Lizzie. Je déconne pas, prévient Circé en reprenant place et jetant un coup d'oeil à mon humain.
- J'en aurais pas pour longtemps, gronda-t-elle.
Je réprimais l'étirement qui menaçait d'apparaître sur mes lèvres. Je m'amusais. Nous nous amusions. À cet instant, plus rien ne nous différenciait. Le démon était l'ange et l'ange était le démon. Un objectif commun. Faire déguerpir cette humaine de la vie de Riker. Nous n'avions, certes, pas la même conception de la pratique à entreprendre mais en définitive, le résultat était le même. Sa disparition définitive.
- Tu crois que tu as gagné ? Tu crois qu'il va rester avec toi ? Je vais le récupérer, tu entends. Riker est à moi et lorsque ça sera fait, je ferais en sorte que tu ne puisses plus jamais t'immiscer entre nous, connasse. Regardes-toi, franchement, tu ressembles à un putain de fantôme, ricana-t-elle, mauvaise.
Il était clair que nous voulions la même chose l'une de l'autre. La mort de notre concurrente, en théorie, car en pratique, elle n'avait aucune chance contre moi. Elle ne pourrait me faire du mal et Riker ne la choisirait jamais. Nous n'étions pas à égalité. J'avais l'avantage mais elle ne le savait pas. Le jeu qu'elle nous proposaient faisait plaisir à mon démon. J'en frissonnais d'anticipation.
Je penchais la tête sur le côté, faisaient traîner mes cheveux au sol, puis ouvrit la bouche pour répondre mais fut couper par une voix sombre.
- Lizzie, tu dégages d'ici et ce n'est plus la peine de ramener ton cul au club. Tu es banni, grogna Riker, sur notre gauche.
Je refermais la bouche en faisant une petite moue, déçu que le jeu se termine déjà et elle, écarquilla les yeux d'horreur.
- Riker.. Je suis désolée. Tu ne peux pas me faire ça, geigna-t-elle.
- Dégage, répéta-t-il plus durement, ce qui annonçait mon départ, à moi aussi.
Je la suivis des yeux alors que la bête errait sous mon épiderme, exultant, grognant, hurlant son avidité puis reporta mon regard sur Riker. Je n'avais aucune envie de le quitter si tôt mais il le fallait. Elle ne tiendrait pas longtemps.
Il passa sa grande main sur ma joue.
- Tu vas bien ?
- Oui mais j'ai besoin de retourner aux latrines, dis-je en me levant.
- Tu es sûr, insista-t-il.
Les mâchoires soudées, je luttais de tout mon être. Elle n'allait pas tarder à prendre le dessus. Je le savais lorsque ma voix fut plus obscure, tranchante et grave lorsque je lui répondis.
- Oui, je suis sûr.
Ses beaux yeux s'ouvrir en grand. Un frisson le parcourut. Je le dépassais en vitesse et prit la porte du bâtiment. Je ne pris pas à droite, comme plus tôt, mais fonçais tout droit, en direction de la sortie qui me mènerait à l'imposant portail coulissant qui me permettrait de quitter les lieux.
Un pas après l'autre, je sentais le changement s'opérait. Mes yeux d'un blanc pur prirent leurs exacts opposés et devinrent entièrement noirs ainsi que ma bouche. Mes cheveux de la couleur de la neige virèrent de la même couleur. Des veines noires s'imprimaient sous mes yeux. Mes dents devinrent plus tranchantes qu'une lame de rasoir. Mes ongles durcirent et s'allongèrent suffisamment pour devenir aussi coupante qu'un couteau. Mes ailes frémissaient entre mes omoplates, moins docile lorsqu'elles changeaient, elles aussi.
Je n'avais plus rien à voir avec la douce perfection angélique que tout le monde côtoyait. J'étais méconnaissable et pourtant si semblable. Pleinement transformer, je ressentais la soif m'imprégner. J'étais en chasse et j'aimais cela.
Respirant à plein poumon, je sentais la colère de ma proie croître sur le chemin que j'empruntais. Cela me mit l'eau à la bouche. Une odeur âcre se dégageait du sillage de la femelle. Je la suivis.
Elle était partie en voiture, étant donné que le QG de la bande de criminels de mon humain se trouvait isolé mais cela ne me posait, en rien, un problème. Après tout, la traque pouvait être une sorte de préliminaire. J'avançais à allure humaine, pour le moment, n'ayant pas encore décidé ce que je ferais de ma proie, une fois, entre mes mains. Mes désirs variaient considérablement, d'une seconde à l'autre.
Lorsque ma décision fut prise, j'accélérais puissamment. Sautant, tout d'abord, d'arbre en arbre puis en courant, à une vitesse implacable, si bien que l'oeil humain serait pas en mesure de me détecter. Puis m'arrêta devant un petit immeuble de trois étages récent. L'odeur était plus forte, plus délicieuse. Je distinguais les sons de ses pas lourds puis ses respirations saccadées.
Je sautais sur la façade, en silence, pour atteindre la fenêtre de son appartement.
Elle était assise sur son canapé, tentant d'échapper aux larmes de son coeur brisé, en se concentrant sur sa haine de moi. Son esprit était traversé de mille manières de venir à bout de moi.
Je fis coulissait la fenêtre, discrètement puis entrer alors qu'elle se tenait de profil. Perdue dans ses pensées, elle ne me vit pas arriver et lorsque ce fut le cas, s'était trop tard.
Ses yeux s'écarquillèrent d'effroi, à ma vue. Je m'assieds, près d'elle, sur le canapé et la regardais fixement. Elle s'écarta de moi, tremblante. La tête basse, les yeux plantaient dans les siens, je lui souriais.
Un petit cri se coinça dans sa gorge et je m'engorgeais de sa panique. Cela était si bon. Je penchais la tête sur le côté et humais profondément cette merveilleuse senteur de peur. Si sucrée et acide, à la fois.
Je fis craquer ma nuque et mis mon plan en action en disant de ma voix revenant du fin fond des enfers.
- Dors.
Elle sombra dans l'inconscience, immédiatement, en retombant, lourdement, de tout son long, sur le canapé jaune. Il en était fini du supplice de l'attente. Sa Sainteté Millielle pouvait aller se faire foutre.Moi, Millial, voulais une nuit entière pour m'amuser cette fois. Cette salope d'humaine méritait de souffrir pour avoir pensé que mon humain lui appartenait.
Que le jeu commence.
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Illusion of appearances
RomanceMillie, déchu des cieux célestes, erre sur la terre des hommes depuis deux siècles en compagnie de sa soeur jumelle, Maddie, jusqu'au jour où cette dernière décide de partir de son côté, persuader qu'une mission les attend dans ce monde. Chose qui...