Chapitre 6 : Riker

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Ses bras enserraient ma taille. Sa tête reposait contre mon dos. J'avais l'impression qu'elle me câlinait. Cela calma le bourdonnement dans mon crâne. La fatigue me tenaillait sévèrement. Sa présence, son toucher, m'apaisait.

Bounce, Mosh et Quicker avaient ramené un colis de choix, cette nuit. Nous avions donc passé des heures à conditionner ce jeune à la douleur sans chercher à le faire parler. Il ne l'aurait pas fait. Il était coriace mais bientôt, il chanterait la douce mélodie qui nous mènera à accomplir notre vendetta.

En attendant, ce doux jour, je comptais bien profiter de la magnifique créature collé contre moi. Je la sentais bouger doucement pour juxtaposer son front entre mes omoplates. Une décharge électrique m'obligea à me redresser. J'avais envie d'elle comme je ne l'avais jamais ressenti. Aucune femme ne m'avait fait éprouver un tel désir, au point de m'en rendre fou d'appétit sexuelle. Elle était un appel au pécher.

J'allais, presque, l'embrasser. J'en avais eu tant envie mais elle s'était détourner pour enfourcher ma moto, comme si elle l'avait senti et qu'elle n'était pas encore prête à ça. La savoir sur ma bécane, derrière moi, me faisait l'effet d'être propriétaire. Elle m'obsédait. Elle était à moi. Ma femme. Elle le savait, j'en étais certain. Sa façon de l'enlacer dans son bureau, au moment où j'avais eu besoin de réconfort sans en avoir conscience, le prouver. Elle était attentive, perspicace et cela me démontrer, d'autant plus, qu'elle était parfaite pour moi.

Elle allait rencontrer mes frères. Je ne doutais pas qu'ils allaient tomber sous son charme. Peut-être un peu trop. J'allais devoir être vigilant et annoncer la couleur le plus tôt possible. Je ne la ramenais pas pour en faire une brebis de plus mais pour la faire intégrer, petit à petit, mon monde. Je me doutais que cela allait être déroutant pour elle, au début. Cette femme n'avait pas l'air d'avoir connu l'horreur, la brutalité, la violence. Elle me faisait penser à une poupée qui aurait été mise sous-cloche, toute sa vie. Je m'apprêtais à l'en sortir. Que Dieu lui vienne en aide !

Je me garais devant le bar du club puis l'aida à descendre, à son tour. Elle était si belle dans sa robe blanche à corset. Les volants de son jupon long bougeaient en rythme avec le vent et ses boots noirs contraster admirablement avec sa robe d'un autre temps. Une petite touche rebelle dans son look victorien. Elle avait tressé quelques mèches de cheveux qu'elle avait laissé retombé sur sa massive chevelure blanche mais ce n'était pas cela qui allait attirer les regards de mes frères comme des mouches. C'était ses étranges yeux sans pupilles. Elle m'avait affirmé être née comme cela. Était-ce une anomalie due au manque d'un chromosome ? Une dépigmentation de l'iris ?

Peu m'importait. Elle était parfaite telle qu'elle était. Une beauté étrange, rare et mystérieuse.

Elle m'adressa un sourire malicieux qui éveilla mon envie d'accrocher mes lèvres aux siennes.

- Nous allons passer les prochaines heures ici ou nous allons assister à ce repas extérieur ? me taquina-t-elle avec sa drôle façon de s'exprimer alors que je prenais conscience que je la fixais comme un dément.

Je secouais la tête pour me remettre les idées en place puis attrapa sa main et la tira à ma suite. Je ne voulais pas l'embrasser maintenant. Elle méritait mieux qu'un baiser rapide. Je voulais imprimer dans ce premier contact intime, toutes mes pensées. Qu'elle ressente qu'il n'y aurait plus jamais personne d'autre que moi, dans son esprit. La patience était toujours récompensée.

Après avoir traversé, la salle, habituellement bondé et empestant, l'alcool, la cigarette et le sexe, j'ouvrais la baie vitrée qui donnait sur le terrain plat où se trouvaient une centaine d'hommes et de femmes qui s'était, brutalement tue à notre apparition.

Tous les regards s'étaient tourné dans notre direction, ou plus précisément, sur elle. Je constatais que tous la regarder avec curiosité, ce qui semblait la gêner car elle fit un pas en arrière pour se cacher à moitié derrière moi en posant sa main libre sur mon biceps. Ce geste fit grondait de fierté l'homme des cavernes en moi. Elle exprimait, par ce mouvement, qu'elle me faisait confiance pour la protéger. Je pivotais la tête vers elle. Elle était si petite. Elle paraissait si innocente lorsque ses grands yeux se levèrent sur moi. Cela serra la chose, en hors fonctionnement, dans ma poitrine. Je me devais, de veiller sur elle. Elle avait besoin que son homme soit fort, puissant pour qu'elle se sente en sécurité en toutes circonstances et je serais cet homme.

Je me remis face aux hommes qui discutaient, riaient et buvaient, quelques instants plus tôt et ordonna d'une voix menaçante.

- Retourner à vos occupations, mes frères.

Durant plusieurs longues secondes, aucun n'obéir puis ils recommencèrent, peu à peu, à retourner à leurs occupations. J'entraînais Millie dans l'énorme jardin pour nous diriger vers la table où était attablée Circé, Bounce, Broke, Kirse et Frame. Je pris place sur la seule chaise qui restait, face à mon meilleur ami et tirait Millie sur mes genoux. Elle ne moufeta pas, ce contentant de se mettre à l'aise, frôlant légèrement mon érection grandissante. J'aspirais de l'air entre mes dents en prenant la bière que Frame me tendait sans quitter des yeux ceux de Millie. Avant que les questions ne fusent, elle ouvrit la bouche, comme elle l'avait fait avec moi.

- Pas de couleur. Pas de lentille, marmonna-t-elle en regardant un à un les hommes qui feraient peur à n'importe quelle femme en temps normal, sauf elle, apparemment.

Un sourire de fierté pris forme sur mon visage.

- Comment c'est possible ça ? insista Kirse en la fixant intensément.

S'il n'arrêtait pas son manège, très vite, j'allais me lever pour lui coller mon poing dans la gueule. Comme si elle avait entendu mes pensées, elle se tourna vers moi et déposa un léger baiser sur ma joue avant de me regarder dans les yeux puis dits, de la plus tendre des manières.

- Je suis là... avec toi.

J'allais craquer. J'allais vraiment craquer et fourrer ma langue profondément dans sa bouche pour montrer à tous, qu'elle était à moi. Elle était trop parfaite pour être réelle, ce qui attisa l'envie des autres mâles l'entourant. Elle voulait, cependant, que de moi. Et moi, seul. J'étais le salopard le plus chanceux de cette terre.

Je bus une gorgée de ma bière en la fixant obstinément comme un putain de fou furieux, si bien que tous ce qui pouvait assister au spectacle, ne pouvaient que comprendre que cette femme m'appartenait. Ils avaient intérêt de se le rentrer dans le crâne car frères ou pas, je serais prêt à tout pour protéger mon plus précieux bien. J'entourais sa taille de mon bras et la ramenais à moi, dans un élan possessif. Elle cala sa tête dans mon cou et je reniflai la douce odeur sucrée qui émanait d'elle. Elle repoussa sa tête contre mon épaule pour me regarder. Ses extraordinaires yeux brillaient. Un doux sourire étira ses lèvres. Sans rien avoir commandité, ma bouche frôla la sienne. Lorsque je m'en rendis compte, je reculais légèrement pour évaluer sa réaction. Elle avait fermé les yeux, son corps tremblait faiblement, ses traits étaient tendus. Cela n'avait duré qu'un millième de seconde mais je n'avais pu échapper à cette vision. On aurait dit qu'elle lutter contre quelque chose de douloureux. Le mystère autour d'elle, s'épaississait, me donnant encore plus envie de le percer.

Illusion of appearancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant