La Reine des damnés

La première fois

C'était quoi ces questions au juste ? Elle n'était pas préparer à ça ! Elle lui fit face, tout en gardant son regard sur l'horizon, dehors.

- Je suis devenu vampire de manière... imprévu. A l'époque, Christophe Colomb venait de découvrir l'Amérique que l'on connaît aujourd'hui. L'Espagne était à son apogée en terme de puissance et d'influence. C'était une grande époque. Un soir, je suis rentrée tard d'une soirée mondaine qui était donné par un riche représentant politique. J'étais jeune, insouciante. Certains hommes me prenaient pour une fille de joie car j'aimais la vie et ces déboires. Cette nuit-là, j'ai voulu prendre un raccourcis pour rentrer chez moi, j'étais seule et un vampire m'est tombé dessus. Il m'a mordu au cou, le grand classique. Il est partit, me laissant pour morte.

Elle prit une pause avant de reprendre, il semblait bercer par son histoire. Elle poursuivit.

- Malheureusement, je suis resté là... agonisante. Je sentais affluer en moi le poison de cette bête, ça me faisait horriblement souffrir. Une douleur inimaginable, insista t-elle en le regardant. Je ne pouvais pas bouger mais dans ma tête je hurlais de douleur priant pour que l'on m'achève.

Une nouvelle fois, elle prit une pause. Les souvenirs affluaient en nombre.

- Au petit jour, quand je me suis « réveillé », j'ai voulu rentrer chez moi mais la chaleur du soleil m'empêchait de bouger de cette ruelle noyé dans l'ombre. Alors j'ai attendu le soir et quand j'ai enfin pu sortir de là, la soif de sang s'est éveillé pour la première fois.

Il était passionné par son récit et il se surprit à imaginer la scène dans les moindres détails. Quelque part, il avait pitié d'elle. Voir sa vie prendre fin aussi brutalement ça ne devait pas être facile à vivre. Il essayait de se mettre à sa place, cherchant à comprendre ce qu'elle avait bien pu ressentir. A force d'imaginer il finit par se sentir mal alors il s'assied sur le canapé, croquant dans sa pomme à pleine dents. Elle resta debout, à regarder par la fenêtre baignée de lumières artificielles. Le silence s'installa entre eux, coupé uniquement par le bruit qu'il faisait en mangeant le « fruit défendu ». Il ne reprit la parole qu'une fois sa pomme finie alors qu'elle venait de s'asseoir face à lui.

- Hier soir... si cette femme n'avait pas joué à la version sexy de Hulk... tu nous aurais tué tous les trois ?

Elle croisait les jambes, une main soutenant sa tête lui faisant faire une petite moue et réfléchissait un instant.

- A vrai dire, je ne sais pas vraiment. Ma première intention était bien de vous tuer mais... elle s'arrêtait dans son récit. Tu es vivant ainsi que tes amis, estime toi chanceux.

Finalement, peut-être qu'Ania n'avait rien chamboulé du tout. Elle avait même protéger ces trois garçons sans raison, elle ne doutait pas qu'elle en ferait rapport au Conseil alourdissant sa peine déjà suffisamment pesante. C'était désormais à son tour de lui poser quelques questions, pour autant une seule lui vint à l'esprit.

- Et toi, pourquoi est-ce que tu restes ici ?

Pourquoi ? C'était une bonne question. Le problème c'est qu'il ne le savait pas lui-même.

- Aucune idée. Peut-être parce je suis trop curieux et que je veux des réponses. Ou alors parce que ta bibliothèque m'a demandé en mariage.

Elle le regarda sans réagir. Tentative d'humour échouée, échec de la mission. Il poussa un soupir et ferma les yeux, se calant confortablement dans le canapé. Il aurait bien aimé lui poser d'autres questions mais il avait le pressentiment que ce serait précipité les choses. Alors il restait là,, en silence. Cette fois c'était son tour mais, même si elle le savait, elle ne semblait pas vouloir faire le premier pas. Tant pis pour elle si il mourrait d'ennui, elle devrait se trouver une nouvelle poche de sang sur pattes. D'ailleurs, il ne comprenait pas vraiment l'utilité de son système. Après tout, absolument rien ne l'empêchait de le tuer, ni de tuer d'autres gens. Elle avait l'habitude d'après ce qu'il avait comprit. Sa voix le sortie des pensées dans lesquelles il s'était profondément perdu. Il la regardait un peu gêné avant de lui demander de répéter. Ce qu'elle fit non sans montrer un signe d'agacement au préalable.