Les retrouvailles avec Aragorn furent un peu trop formelles au goût de Frodo, mais il pouvait difficilement en être autrement. Après avoir été salués par le roi, sa dame, et la cour entière, les Hobbits furent accueillis à l'intérieur de la grande salle de la citadelle où de longues tables étaient dressées pour le banquet qui serait donné plus tard en leur honneur. Même si les tables prenaient la plupart de l'espace de la pièce, Frodo était impressionné par les dimensions de la salle. Serrant la main de Sam, il regarda tout autour de lui les colonnes de marbre blanc et noir et les statues des rois qui avaient régné avant Aragorn. Mais la petite compagnie ne s'attarda pas dans le grand hall ; le roi les mena à travers des couloirs jusqu'à ce qui ressemblait à des appartements privés où ils purent se retrouver entre eux, sans les regards curieux des courtisans et des serviteurs qui veillaient aux préparatifs des festivités à venir.
« Frodo, dit Aragorn en s'approchant de lui et mettant un genou en terre, j'ai peine à croire que mes yeux ne me trompent pas. Et pourtant, vous êtes bien ici ! »
Sans laisser à Frodo le temps de répondre, il le serra dans ses bras.
« Il y aurait tant à dire, sur ce que nous aurions pu faire pour vous venir en aide, mais le temps n'est pas à cela, mon ami, continua-t-il en s'écartant. Me pardonnez-vous ?
— Il n'y a rien à pardonner, Aragorn, répondit Frodo d'une voix douce. Ma présence devrait en être la preuve.
— Oui, sire Aragorn, renchérit Sam. Nous avons fait tout ce long voyage, alors qu'on vient tout juste de récupérer monsieur Frodo, si je puis dire. Ce n'est certainement pas pour vous faire des reproches !
— Sam, dit Aragorn, vous ne savez à quel point je me réjouis de vous voir sourire de nouveau. Je gage que vous serez le guide de Frodo pendant votre séjour ?
— Je crains qu'il ne faille assommer Sam si vous voulez qu'il lâche Frodo, dit Merry en riant. N'essayez pas de vous entretenir en privé avec lui, ça serait peine perdue ! »
Le petit groupe se mit à rire et puis chacun s'installa dans des fauteuils et sur des divans. Aragorn lui-même apporta des rafraichissements et on échangea des nouvelles. La dame Arwen rapporta ce qu'elle savait de Fondcombe, des correspondances qu'elle entretenait avec le seigneur Elrond, et ce que Frodo apprit de Bilbo le réconforta grandement. Il était trop fatigué pour entreprendre le voyage jusqu'à Minas Tirith, mais il espérait que Frodo lui rendrait visite sur le chemin du retour. Les Hobbits étaient évidemment ravis de faire ce détour.
« Je n'ai pas la force de raconter de nouveau les épreuves traversées pendant ma longue absence, dit Frodo quand la conversation devint plus sérieuse. Peut-être que Gandalf aura la gentillesse de vous en faire un résumé, ou bien Merry ou Pippin. Mais il me faut cependant vous rapporter une partie de ce qui m'est arrivé, car nous avons à ce propos une requête à vous présenter.
— Il n'y a pas grand chose que je puisse vous refuser, admit Aragorn, la dette que les peuples libres ont envers vous est immense.
— Parlons-en, des peuples libres ! » pesta Sam entre ses dents en serrant la main de Frodo.
Celui-ci lui lança un sourire indulgent, touché de le voir encore si affecté par sa mésaventure.
« Que voulez-vous dire, maître Gamgee ? demanda Arwen d'une voix douce.
— Il veut dire qu'au nom de cette liberté chèrement acquise, certains se permettent des actes malhonnêtes, indignes de votre règne, répondit Merry avant que Sam ne puisse prendre la parole. Des actes de vengeance sont commis, parfois à votre gloire, pour amuser les foules.
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I will not say the Day is done
Fiksi PenggemarSam est revenu seul de son voyage en Mordor. Sollicité par les autres hobbits pour régler toutes sortes d'affaires dans la Comté, il est appelé pour identifier un mystérieux prisonnier. Et si le chagrin des trois dernières années pouvait enfin prend...