Journal d'un gay

Jour 100

Parfois, on a envie qu'un moment ne soit jamais arrivé. Certaines choses ne pourront jamais être oubliées, et pourtant, qu'est-ce que j'aimerais remonter dans le temps pour tout effacer ! Je ne sais même pas si j'ai encore envie de vivre, je ne sais pas ce qui me retient d'aller me jeter d'un pont. Je n'ai plus faim, je n'ai plus envie de sortir, je ne veux plus rien faire...

J'ai parlé de mon journal à la psy, elle m'a dit que je devais écrire un peu, que je devais me lâcher sur le papier.

Je n'ai pas envie de raconter tout ça en détail, parce que je n'ai pas envie de revivre ce qu'il s'est passé, je ne veux plus revoir ces images.
Pourtant, je sais qu'il le faut, je dois me forcer... "Ça fait partie de la thérapie", comme dit la psy.

Ça fait trois semaines que je n'ai pas écrit, et je ne sais même pas comment j'ai pu trouver la force d'ouvrir à nouveau ce carnet, qui ne fait que me rappeler mes erreurs. Mais il fallait bien se lancer un jour...

J'ai relu tout ce que j'ai écrit depuis le premier jour, en faisant attention à tous les détails. De toute façon, je n'avais rien d'autre à faire... Ça a été assez douloureux, mais pas insurmontable.

Et j'ai tout compris.

J'ai été stupide du début à la fin. Tout était sous mes yeux, et j'ai été aveuglé par mon amour pour Paul, je me suis fait balader là où les gens le voulaient, je me suis induit moi-même en erreur, à cause de mes sentiments débiles et de mes suppositions foireuses. Mes amis ont essayé de me prévenir, je me suis entêté et j'ai foncé la tête baissée. Je n'ai écouté personne. J'ai vraiment agi comme un con...

Roxane va mieux. Elle s'en sort avec une commotion cérébrale et une jambe cassée, ça lui fera quelques semaines avec un plâtre. Elle est sortie de l'hôpital l'autre jour, je ne me souviens même plus quand. J'ai perdu tout notion du temps. Depuis ce qu'il s'est passé, je reste planqué dans ma chambre les volets fermés, sans rien faire. Je sais à peine si on est le jour ou la nuit.

Paul a été arrêté, et ses trois "complices" aussi. La psy dit qu'il faut que je me prépare à le revoir, face à moi, pour témoigner. Elle dit que j'ai tout mon temps, mais qu'il faut que je le fasse. Et pour me rassurer, elle m'a aussi dit que je le verrai, mais que lui ne me verra pas. Je serai caché derrière ce fameux miroir, comme dans les films. Heureusement...

Bref, j'en ai trop écrit. C'est déjà bien... Je ne me sens pas très bien, je crois que je vais essayer d'aller dormir...