Journal d'un gay

Jour 63

Je ne suis pas allé en cours pendant près de deux semaines.

J'ai dû rester cloué dix jours sur mon lit d'hôpital. Mes parents sont passés me voir tous les soirs en rentrant du boulot. En journée, je suis resté tout seul sans rien avoir à faire. Mes parents m'ont ramené mon portable, qui m'a permis de tuer le temps.

En semaine, Paul venait me voir après les cours. Il m'a raconté un peu ce qu'il avait fait de sa journée et me donnait les cours, pour que je ne prenne pas trop de retard. Le gars qui m'a tabassé a été exclu une semaine, avec un blâme et des travaux d'intérêt général.

On m'a demandé si je voulais porter plainte, mais j'ai refusé. Je ne vois pas l'intérêt de le faire : je passerais juste pour un lâche et je perdrais mon temps pour un résultat médiocre.

Il m'a aussi dit qu'il avait été là quand j'avais été amené aux urgences. Il a attendu pendant des heures en se rongeant les ongles pendant que je me faisais soigner. C'était donc lui dont l'infirmière m'avait parlé, qui avait été là, à mes côtés...

Mais il m'a aussi dit qu'il avait croisé Romain dans l'hôpital, et que lui aussi était venu pour me voir. Il a sans doute dû culpabiliser et se rendre compte de la gravité de la situation dans laquelle il m'avait mis. Quand ils se sont croisés, ils ne se sont rien dit. Mais Romain avait patienté dans la salle d'attente et était venu me voir dans la chambre. Je ne sais donc pas lequel des deux m'a embrassé le front. Il faudrait qu'un jour je demande à Paul si c'était lui.

Ils m'ont fait voir un psy, je n'ai pas compris le but. Il a bien vu que j'avais autre chose à faire que de répondre à ses questions stupides, et est parti au bout d'un quart d'heure en râlant, annonçant aux médecins qui tout allait bien, voire ​trop​ bien.

Quand je suis rentré de l'hôpital, j'ai enfin pu retrouver de la vraie nourriture. J'ai quelques points de suture à l'arcade sourcilière, mais je n'ai plus tellement mal. Par contre, je n'ai aucune envie de retourner en cours...