Jour 115

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Quoiqu'il arrive, il faut s'efforcer d'aller de l'avant...

Et puis la psy a dit que je devrais tout raconter à la police bientôt, donc autant m'y faire. Je dois être assez fort pour tout raconter, pour mettre des mots sur ça...

Bon... Par quoi commencer... Je vais reprendre à partir du moment où j'ai reçu le message de Paul, le jour 79.

Roxane m'a dit qu'il y avait un jardin derrière sa maison, qu'on pouvait s'échapper par là. Nous avons donc couru vers ce jardin, escaladé le grillage, et fait le sprint de notre vie.

Je ne sais pas combien de temps on a couru, mais nous étions hors d'haleine à la fin.

Dès que nous avons croisé une station de métro, nous nous sommes dépêché de descendre dans les souterrains et de prendre le premier métro.

Par chance, on s'est trouvé sur une ligne qui passait près de chez moi. Il y avait sûrement mes parents à la maison, et ils auraient pu nous aider. Nous avons vérifié un bon paquet de fois que Paul n'était pas dans le même métro que nous. J'étais liquéfié, je suais horriblement et je tremblais de partout.

Quand je pense qu'il était sur le point de me doigter...

Nous sommes descendus et avons couru encore deux minutes vers chez moi. Dès que nous sommes entrés, j'ai fermé la porte à double tour, j'ai baissé tous les volets et éteint toute les lumières. La lumière du jour passait entre les volets, juste assez pour qu'on puisse se voir.

Mes parents étaient encore au boulot, on était en milieu d'après-midi. Je leur ai envoyé un message, leur demandant de rentrer le plus tôt possible.

Désormais, il fallait attendre qu'ils rentrent pour enfin nous sentir en sécurité...

Nous sommes restés en silence, le regard dans le vide. Timidement, j'ai demandé à Roxane ce qu'il s'était passé pour qu'elle soit dans cet état là...

Elle a hésité. Elle semblait traumatisée... J'ai tout de suite regretté ma question... Mais elle s'est forcée à parler, sauf qu'elle bafouillait, elle bégayait, je n'y comprenais rien.

J'ai finalement réussi à entendre quelques mots au milieu de son charabia, elle répétait souvent « Paul », et puis à de nombreuses reprises le chiffre 3, puis « noir ».

Qu'est-ce que ça voulait bien dire ? Je n'en avais aucune idée. « Paul ; 3 ; noir »... J'ai cogité pendant de longues minutes, essayant de créer un lien entre ces mots. Mon cerveau fonctionnait à plein régime, j'avais l'impression que ma tête chauffait. Mais rien...

Roxane a arrêté de parler, je ne l'ai pas forcée à continuer. Elle avait vraiment l'air mal en point.

Je l'ai fait s'asseoir et je lui ai servi un verre d'eau. Elle était tellement pâle...

Les minutes défilèrent très lentement. Il n'y avait qu'elle, moi et le tic-tac de l'horloge de mon salon.

La pression est lentement redescendue. Je me suis dit qu'on l'avait semé, ou bien qu'il avait abandonné. Je suis allé jeter un coup d'oeil à la fenêtre : la rue était vide et silencieuse, et pas une seule trace de Paul.

J'ai proposé à Roxane d'aller se reposer dans ma chambre. Elle avait bien besoin de ça...

J'ai fouillé dans mon frigo et je me suis mangé un yaourt. J'ai poireauté quelques minutes, ne sachant que faire.

Je commençais à m'ennuyer, alors je suis monté dans ma chambre : Roxane était déjà en train de dormir... Elle était belle, quand même, malgré ses blessures et ses traces de coups. Elle avait l'air mieux, comme apaisée.

Journal d'un gayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant