Chapitre 11 : Evalia

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Geiburg, an 319

Au fond d'elle, Evalia était dévastée. Anéantie. Bouleversée. Son cœur était comme brisé en mille morceaux. Tout un monde venait de partir en fumée sous ses yeux. Mais ne voulant pas accepter la mort de son homme, elle s'efforçait de ne pas céder au chagrin et à la tristesse et concentrait toute son énergie sur sa colère et sur sa haine.


Depuis qu'elle avait vu son mari se faire poignarder sous ses yeux, Evalia n'avait pas cessé de s'agiter de partout. Elle n'avait qu'une idée en tête : retrouver le meurtrier et le décapiter elle-même sur la place publique.

Elle avait ordonné à l'intégralité des soldats qui étaient restés à la capitale de partir à sa recherche tout en leur donnant une description précise de l'homme en question. Tout s'était passé si rapidement qu'Evalia ne gardait que de brèves images en souvenir. Mais elle n'avait pas oublié à quoi ressemblait l'assassin et elle ne l'oublierait probablement jamais. Il était très jeune et avait une longue chevelure châtaine, un visage aux traits fins et un regard noir qui la hanterait toute sa vie.

Lorsqu'il l'avait vu se lever, il avait paru surpris, comme si elle n'était censée être là. Ses yeux d'un marron très foncé s'étaient écarquillés mais il s'était précipité sur le roi après s'être débarrassé d'elle d'un puissant coup de poing.

Écroulée au sol, elle avait vu cet homme lever son poignard et le planter dans le cœur de son mari. Le cri qu'il avait alors poussé résonnait toujours dans sa tête. Encore en possession du couteau qu'elle avait pris sur la table de chevet, elle s'était levée à toute vitesse pour attaquer par le côté le meurtrier. Ce dernier avait anticipé son offensive et lui avait asséné un coup de pied qui l'avait projeté contre le mur avant de fuir par la porte par laquelle il était entré. Lorsqu'elle l'avait vu partir, elle avait été tiraillée entre son désir d'être au chevet de son homme pour ses derniers instants et celui de rattraper celui qui l'avait tué. Finalement, elle s'était précipitée vers son mari.

- Tran ! Reste avec moi ! Reste avec nous ! S'il te plait ! l'implora-t-elle. Au secours ! Le roi a été poignardé !

Voyant qu'il ne bougeait plus, elle s'était simplement tue. Elle était sous le choc, incapable de prononcer un seul mot.

- Je te jure sur notre enfant que tu seras vengé, avait-elle fini par lui promettre. Ils paieront au centuple ce qu'ils nous ont fait.

Puis elle était partie à la poursuite de son assaillant. Devant la porte, les deux gardes chargés de surveiller la chambre royale étaient couchés sur le sol en train de se vider de leur sang. Evalia les avait enjambés sans leur lancer un regard et s'était élancée à la recherche du criminel.

- Sonnez l'alerte ! Le roi a été tué ! avait-elle crié éperdument dans les couloirs du château. Le meurtrier est dans le château !

Tout le monde s'était réveillé mais personne n'avait, au début, cru à ce qu'elle disait. Puis, se rendant compte que c'était bien vrai, ils s'étaient exécutés et étaient partis à la recherche de l'homme, fouillant tous les recoins du château, de la ville et même des alentours mais personne ne le trouva. A vrai dire, personne ne l'avait vu à part elle. C'était comme c'était un fantôme qui avait surgi de nulle part.

Comment avait-il pu s'introduire si facilement dans l'enceinte du château et surtout dans les appartements royaux ? Comment avait-il échappé à la vigilance des gardes ? Evalia avait besoin de savoir. Elle avait besoin de savoir pourquoi son mari était mort.

Elle interrogea donc tous les soldats qui étaient de garde au château pendant que le meurtre avait été commis. Elle suspectait que l'un d'entre eux les ait trahis. Folle de rage de les entendre tous nier, elle les jeta au cachot puis continua ses recherches.

La Danse des Royaumes - T1 : La Vengeance de l'ImpératriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant