La Danse des Royaumes - T1 : La Vengeance de l'Impératrice

Chapitre 23 : Percyn

Grande Plaine d'Opewaldia, an 319

Percyn ne parvenait pas à trouver le sommeil. Comme avant chaque bataille, il était beaucoup trop excité à l'idée de se battre. Il adorait ça et avait toujours adoré ça. La sensation de devoir tuer pour ne pas être tué le stimulait et l'enivrait de bonheur. C'était comme un jeu pour lui.

Depuis son plus jeune âge, en tant que centaure, il avait été élevé et conditionné pour une seule chose : protéger le royaume au péril de sa vie. Sa formation s'était déroulée dans le centre d'entrainement de Pholos où tous les centaures males de moins de quinze ans étaient hébergés et éduqués pour devenir par la suite des guerriers aguerris et nourrir les besoins des armées de centaures.

Très vite, il avait montré d'excellentes facultés au combat et avait monté les échelons à une vitesse impressionnante. Il avait été nommé à la tête de l'armée royale de centaures à seulement vingt-neuf ans, devenant le plus jeune commandant centaure de l'histoire.

Depuis sa nomination, il avait connu trois guerres : le Massacre du Sorcier face au Duché de Namir du Royaume de Wathaarm, la Dispute de Mahtal face au Royaume de Rohr et celle qui se déroulait actuellement. Les deux premières avaient été remporté brillamment par Opewaldia et surtout par l'armée de centaures que Percyn dirigeait. Ce nouveau duel face à Rohr ne serait pas aussi simple que le précédent mais cela rendait la chose encore plus excitante. Plus le danger était présent, plus les adversaires étaient puissants, plus les massacrer était satisfaisant pour Percyn et pour une bonne partie des centaures à ses ordres.

Demain matin, il ferait face à des géants et son rêve se réaliserait enfin. Lors de ses années à Pholos, ses instructeurs lui avaient beaucoup parlé de ces créatures à la grande taille et à la force redoutable. Percyn avait toujours imaginé en affronter un et le tuer de ses propres mains. Demain, c'était une dizaine de géants qui se dresseraient devant eux. Resteraient-ils cachés dans la forteresse ou oseraient-ils sortir combattre les centaures ?

Ekir lui avait demandé d'assiéger Cudmouth. Il ne comptait pas l'écouter. Les sièges étaient pour les lâches qui voulaient éviter la bataille. Les centaures étaient un peuple brave et fier qui ne se résoudraient jamais à utiliser une stratégie pareille. Ils attaqueraient le château et le feraient tomber et Percyn mentirait à Ekir en lui disant que les rohriens avaient commencé à lancer les hostilités. C'était inconcevable qu'ils restent bloqués à l'Est alors que de grandes batailles feraient rage dans quelques jours à l'Ouest.

Percyn était installé sur son lit, son corps de cheval couché dessus. Il était en train d'aiguiser sa longue et lourde épée lorsqu'il entendit un bruit de trompette retentir jusque dans sa tente. Une fois signifiait un danger, deux fois une attaque. Quelque chose se passait dehors. Il se leva, son épée à la main, et sortit immédiatement voir ce qu'il se passait. Un deuxième son retentit. Ils étaient donc attaqués. Il vit tous ses soldats se précipiter vers leurs armes. Il les imita et accourra à l'intérieur de son habitation pour y récupérer son arc et ses flèches.

Le chaos régnait dans le camp. Des flèches enflammées sifflaient partout depuis l'extérieur et de grosses pierres tombaient depuis en haut. Le noir empêchait Percyn de voir distinctement qui était touché malgré les flammes qui brulaient les tentes et éclairaient son champ de vision. Il n'eut même pas besoin de lever les yeux au ciel, il savait que le bombardement de pierre était l'œuvre des hippogriffes. Le commandant n'avait pas le temps de mettre en place une stratégie. C'était trop tard. De toute manière, il n'aimait pas ça, il n'aimait pas réfléchir. Il aimait seulement combattre et c'était exactement ce qui les attendait.

Heureusement, ils avaient choisi un grand plateau comme emplacement pour la nuit. Cela leur donnait une supériorité sur leurs adversaires qui devaient grimper pour parvenir à leur hauteur. Cela permettait également et surtout d'avoir une vue sur leurs assaillants. Percyn se précipita au bord du plateau. Il vit alors dans la pénombre partout autour de lui des petits humains bien alignés en train d'arriver droit sur eux et derrière eux les géants tant attendus.