VII. Si rien de bon ne t'arrive...

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Le garçon prit les gâteaux avec brusquerie et avala un onigiri d'une seule bouchée. Puis il se dépêcha d'en prendre un second.

- Eh ! Mais ça va pas, non ?!

Shizume recula sur les fesses, tentant de protéger son précieux paquet, et regarda le garçon avec des yeux écarquillés. Il engloutit le sandwich en mâchant bruyamment, les joues gonflées et la nourriture aux lèvres. Enfin, il finit d'avaler et se lécha les doigts, avant de poser les yeux sur celle qui lui offerte la nourriture. On aurait dit un autre. Toute envie de meurtre semblait l'avoir quittée. Ce n'était qu'un jeune homme perdu et affamé.

- Dis... ça fait combien de temps que t'as pas mangé un vrai repas ?

Étrangement, seul le silence lui répondit. Le visage de son mystérieux interlocuteur s'était fermé.

- C'est quoi, ton nom ?, réessaya la gardienne.

- Damao, répondit une voix.

- ... Moi, c'est Shizume... Qu'est-ce que tu fais tout seul ici ?

Je suis là pour vous tuer, enfin ! Shizume fit taire sa voix.

- ... Personne encore ne m'avait proposé ainsi des onigiri... Pourquoi as-tu fais cela ?

La fille bailla. Le ciel n'était plus tout à fait noir, et les premières lueurs du jours apparaîtraient bientôt.

- Bah ça me gonfle un peu de te dire ça, mais à la base ils étaient pour moi. Je t'en ai juste proposé un parce que t'avais l'air un peu pommé, après... En fait, je suis désolée de t'avoir frappé, mais j'sais pas d'où tu viens et tu...

- Tu... es... désolée ??

Il n'avait pas l'air de savoir comment réagir, mais la nouvelle le touchait clairement. La jeune femme haussa un sourcil, puis se leva.

- Bon, c'est pas tout ça, gamin, mais faudrait penser à arrêter les conneries et rentrer chez toi...

Ses yeux tombèrent sur la marque de l'enfant.

- ...enfin, si t'en as un...

Le soleil se lèverait dans peu de temps, et ses employeurs partirait avec lui. Shizume tourna le dos à l'étrange jeune homme et s'éloigna. Pour la première fois pourtant, un doute la hantait :

Cette aura meurtrière, cette énergie blanche... Cet enfant n'est pas un simple gamin. Mais bon... Pas mes oignons.

Attends !

Shizume se figea, et se retourna lentement.

Ennuis en vu !

- Oui ?..

De grands yeux lui apparurent alors à quelques centimètres de son visage. Elle faillit faire un bon de trois mètres. Comment s'était-il approché, celui-là ??

- Tu es une gardienne, non ?

Celle en question fit la moue. La marque sur son front paraissait si authentique que ça ?

- Tu as sûrement vu du pays, apprit comme te battre, et... contrôler ton don.

- Si c'est pour une démonstration, c'est...

- Apprends-moi.

- Ah ? Oui, bien sûr, je... NANI ?!

Son exclamations résonna dans le silence de la forêt.

- Pourquoi donc n'as-tu pas peur de moi, et qu'aucune pensée haineuse ne t'habite en ma présence..., demanda alors doucement Damao.

- Je ne voix absolument pas pourquoi j'aurai peur de toi. Bon, maintenant, j'ai un travail...

- Apprends-moi au moins comment contrôler mon don...

Shizume resta interdite.

- Tu as un don, toi ? L'énergie blanche de tout-à-l'heure...

Il baissa la tête.

- C'est mon but. Je veux rejoindre le mages pour...

- Hep ! Dis pas n'importe quoi. Damao hein ? J'crois qu'on est du même village. J'me disais bien que la tignasse me disait quelque chose. Bon désolée. Peux rien faire pour toi !

Elle entreprit de le contourner, mais il insista.

- Pourquoi refuses-tu ? Est-ce ainsi que tu manifestes ta peur ? Tu n'es pas mieux que tout les autres... Shine !

Il se jeta sur elle, mais celle-ci l'esquiva. facilement.

- Moi, peur ?!

Elle se tut...

- Euh, si je t'aide, faudra que tu te débarasses de ces envies de meurtres, hein... continua-t-elle d'une petite voix.

Ces paroles cassèrent l'élan du garçon.

- Tu... acceptes ?

Il regardait ses mains tremblantes.

Arigato... entendit Shizume derrière elle.

La jeune femme s'éloignait déjà dans la direction opposée à celle des marchants ambulants. Puisqu'elle avait décidé de tout quitter de nouveau, autant le faire de suite.

Mais qu'est-ce que j'ai fais, encore ?, se répétait-elle. Ce gamin ne m'apportera que des ennuis. Dire que j'avais trouvé un boulot...

Attends... où va-t-on ?, lui demanda Damao en la rattrapant.

- Tu as un endroit où aller ?

- ... Non.

- Voilà, gamin. On est seuls, maintenant.


Les yeux violets lui répondirent qu'ils avaient toujours été seuls.

La Destinée du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant