XXI. La Villa aux Échos

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Autour d'eux, il n'y avait que de la pierre et de la poussière. Le soleil était maintenant haut dans le ciel, et ils continuaient toujours plus au Nord-Est. Y avait-il vraiment quelque chose là-bas, tout au bout du continent ? Damao avait de sérieux doutes : le paysage ne présentait ni âme ni construction, absolument rien qui puisse révéler une présence de civilisation dans ces montagnes du Nord. Et Shizume ne répondait pas à ses questions. Elle semblait savoir où aller, et pourtant les tentatives du garçon pour en savoir un peu plus se soldaient toujours par le même échec :

"- Tu verras."

Rien de plus frustrant. Alors ils cheminaient en silence.

Au détour d'une vallée aussi vide qu'un désert, quelque chose attira l'attention de Damao. Quelque chose qui se démarquait de ce qu'il avait vu jusque là dans ces contrées paumées. Une forme sculptée dans la montagne, se voyant de très loin par sa taille.

De toutes évidences, c'était là qu'ils se rendaient, et le jeune homme comprit vite qu'il s'agissait d'une porte. Une porte gigantesque, menant directement dans les entrailles de la montagne.

Très vite, il la vit grandir, et une fois arrivé au pied de l'immense ouverture, Damao s'arrêta la tête en l'air, ébahi.

Le portail devait bien mesurer une quinzaine de mètres de haut. D'imposantes colonnes de pierre taillées à même la roche soutenaient un porche au-dessus de deux battants de porte en pierre et métal, irrémédiablement fermés. Les taille et poids de ceux-ci dissuadaient quiconque de tenter d'en franchir le seuil. Il était tout simplement inimaginable qu'un tel passage s'ouvre. Et il était impossible de le dater. L'enfant n'avait jamais vu un monument comme celui-ci. Les piliers qui le soutenaient, la porte elle-même et jusqu'aux arcades qui la surplombaient, tout était entièrement décoré d'ornements figés dans la pierre. Beaucoup de végétation y était représentée, des imitations de plantes grimpantes s'étendants sur toute la hauteur de l'ouverture, mais aussi les motifs d'objets, de fleurs et de feuilles, d'animaux, ou géométriques. Des paysages grandioses, des montagnes, des châteaux, des temples. Il y avait à un endroit des formes étranges, comme une immense étendue d'eau peuplée de monstres colossaux. Des nuées d'oiseaux et de poissons fantastiques étaient représentés çà et là. Les détails et la taille de ces œuvre laissaient sans voix. Damao était fasciné.

- C'est... magnifique, murmura-t-il.

- Si tu es impressionné par ça, c'est que tu n'as encore rien vu des beautés du monde, lui répondit Shizume.

- C'est une vraie porte ?

- Bien sûr, viens on rentre.

- Mais comment veux-tu la franchir ?

- Ah, c'est sûr que tu ne peux entrer que si tu sais comment t'y prendre.

Elle tendit la main et s'approcha de la paroi jusqu'à la toucher. Celle-ci réagit immédiatement et toute la surface remua en un cercle parfait, comme une encyclie, avant de s'immobiliser. Damao n'en croyait pas ses yeux : quelle était cette matière ? Il s'approcha à son tour et tendit les doigts, mais avant qu'il n'ait pu toucher quoi que se soit, la gardienne frôla d'un geste rapide plusieurs endroits devant elle, ce qui produisit de nouveaux cercles lumineux à chaque touché. Puis elle plaqua ses mains l'une contre l'autre et un tourbillon de poussière l'enveloppa un instant.

Le sol sembla se mettre à vibrer. Sur la colonne de droite, une ouverture de taille d'homme apparut.

- C'est impossible...

- Cette porte a été créée par des arkassans très doués. Il s'agit de simples engrenages mécaniques, mais rendus totalement inviolables par une puissante illusion doublée par une matérialisation à distance.

La Destinée du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant