XVIII. Un nouveau départ ?

19 3 1
                                    

Quand Damao reprit conscience, la premier chose qu'il sentit fut le froid. Malgré la chaleur de l'été, il avait froid.

Peu à peu, ses idées se rangèrent dans le bon ordre et il prit conscience de ce qui l'entourait.

Il ne pouvait pas bouger.

Pieds et torse nus, vêtu uniquement de son short, il était assit dans la poussière, contre un mur. Ses poignets étaient solidement maintenus par-dessus sa tête par deux anneaux de métal.

La pluie incessante collait ses cheveux au visage.

Autour de lui, il y avait de hauts murs, et au-dessus, le ciel. Le tout d'un gris uniforme.

Deux hommes armés de sabre se tenaient de part et d'autre de lui. Ils ne faisaient pas un geste. Leurs visages semblaient de marbre.


Le garçon ne sut dire combien de temps il resta là, les bras fichtrement ankylosés, avant qu'une lourde porte s'ouvre enfin sur une silhouette à l'allure familière.

Elle portait un ample manteaux noir et un sandogasa dissimulant ses yeux. L'individu s'approcha de Damao et s'arrêta devant l'enfant au sol.

- J'imagine que tu es calmé, maintenant.

La même voix grave à l'accent atypique. Damao pinça les lèvres, souhaitant qu'elles se scellent à jamais devant cet homme menaçant. Son regard violet lançait des défis. Mais en patience et en froideur, celui-là ne semblait pas avoir d'égaux. Il restait droit sous la pluie, les traits détendus. Totalement maître de lui-même. Du genre de ces experts du combat à la volonté implacable, qui effectue chacun de ses gestes avec calcul pour le meilleur rendement possible. Alors Damao baissa les yeux. Il se soumettait. Il ne pourrait rien contre cet adulte.

- Qu'est-il arrivé... à Maiko ?, demanda-t-il faiblement, perçant le silence.

- La fille qui était avec toi lors de notre rencontre, hein ?, répondit l'homme. Elle est morte malgré mes soins. C'est toi qui l'a tuée.

Damao ne réagit pas, mais ses pupilles se dilatèrent au maximum et devinrent luminescentes.

- Peux-tu me dire où est la jeune femme qui t'accompagne, Damao ?

La question posée avec froideur sortit l'enfant du monde lointain où il semblait se trouver. Qui était cet homme, qui semblait savoir tout de lui ? Il recherchait donc Shizume. Mais même s'il l'avait voulut, Damao ne savait pas répondre. La gardienne n'était pas du genre à l'attendre patiemment. Où était-elle en ce moment ?

- Je ne sais pas, dit-il d'une petite voix.

- Si c'est la gardienne qui ne mérite plus son don après avoir abandonné son village et renié ses fonctions en dissimulant son tatouage, il vaudrait mieux pour elle que tu me le dises. Tu le sais, jeune Ino.

Le coup de grâce. L'enfant gémit et tenta de se recroqueviller un peu plus sur lui-même malgré ses liens. Il n'était plus qu'un petit animal apeuré et sans défense. Il put soudain voir les yeux ambrés de son interlocuteur. Ils échangèrent un long regard. Puis le guérisseur lui tourna le dos dans un soupir, et la porte se referma derrière lui sur ces paroles :

- J'ignore encore quelles sont les limites de tes pouvoirs, mais tu ne resteras pas éternellement ici. Je te conseille de réfléchir à tes prochaines réponses.


Damao dû dormir quelques heures, car quand il ouvrit les yeux, la pluie avait cessé et il faisait nuit noire. Une nuit d'encre, sans lune ni étoiles, silencieuse, chargée d'humidité et de secrets. Depuis combien de temps était-il ici ? Impossible à dire.

La Destinée du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant