XIX. Traque...

15 2 0
                                    

Il avait donc trois jours devant lui.

Damao prit sur lui de d'abord se reposer. Il ne s'était pas encore remis de ses récentes "batailles" et n'avait même pas eu le temps d'y repenser franchement. Il soupçonnait Shizume d'enchaîner l'exercice en toute connaissance de cause. La fille semblait experte dans l'art de refouler problèmes et cauchemars. Le faisait-elle pour lui, ou pour eux deux ? En se rappelant comme cela les objectifs, il était impossible à Damao de réaliser pleinement les derniers évènements. Ainsi, les idées noires, l'appel du sang, ne pouvaient approcher le garçon. Il se laissait entraîner dans la danse au rythme endiablé de son destin, se vouant corps et âme à son seul et unique objectif, qui jusque-là l'avait empêché de couler. Toutes ces heures pour tenter de contrôler son don n'étaient pas inutiles, ni invisibles, il le sentait - ou le souhaitait de tout son coeur.

Il sentait aussi cette autre puissance en lui.

Puis le contact de la petite figurine dans sa poche mit le point final et scella la détermination dans les yeux de l'enfant. La vie était un labyrinthe tant qu'on n'y trouvait pas ce que l'on souhaitait le plus au monde. Il fallait toujours se relever dans cette course de l'existence, vers ce que l'on voulait vraiment - être, et devenir - quelque soit ce qu'il se trouvait en travers de la route.


Le soleil se coucha, puis se leva. Damao avait élu domicile dans les branches d'un arbre pendant quelques heures afin de faire le point, et se dénicha de la nourriture. Pour atteindre le pic rocheux, il lui faudrait progresser à découvert. Des forêts semblaient longer le parcours à maintes reprises, mais il restait des zones entièrement recouvertes de cultures. Sans compter qu'il lui faudrait gravir des montagnes sans rien savoir de la végétation se trouvant de l'autre côté.

Fallait-il atteindre l'objectif et rester dissimulé jusqu'à la prochaine nouvelle lune, ou au contraire progresser le plus lentement possible et arriver là-bas juste à temps pour surprendre l'ennemi ?

Un sifflement près de son oreille le fit sursauter. Instinctivement, il leva la main, mais le kunai lui fila entre les doigts en entaillant la peau et se planta dans l'herbe derrière lui. Bien évidemment, il n'y avait plus personne : le kunai sortait de nul part ! Alors Damao regarda sa main légèrement ensanglantée.

Il l'avait vraiment fait ? Il avait vraiment failli rattraper l'arme au vol ?

Ébahi par ses propres progrès, il ramassa le couteau. C'était le sien. Celui qu'il se trimballait depuis le début, qu'il avait lancé sur Shizume à ses risques et périls. Avec lequel il s'était entraîné avec Maiko. Celui qu'il pensait avoir laisser au ryokan de Solana Tem, peut-être disparu aujourd'hui. Son ange gardien le lui avait donc prit, et rendu.

Elle l'observait donc, son ange gardien. Tout sauf bon signe.

Ficelé au manche de l'arme, le jeune homme découvrit un bout de papier. Il grimaça en découvrant son contenu après l'avoir déplié. C'était rempli de gribouillis incompréhensibles. Comment cela pouvait-il avoir un sens ? Impossible.

Damao soupira, et ses épaules s'affaissèrent. Un jour ou l'autre, Shizume l'apprendrait. Il finirait par lui dire, ou elle s'en rendrait compte par elle-même, ce que le garçon espérait éviter.

Le papier finit en boule dans sa poche, à côté du bandeau. Damao saisit celui-ci avec surprise, se rappelant son existence : devait-il le mettre ? Il l'étira entre ses doigts, puis se décida à le placer sur ses yeux. Il se devait d'être convaincu d'une chose : ses yeux ne lui étaient d'aucune utilité. Il n'en avait pas besoin.

Souple et doux au touché, le tissu était pourtant parfaitement opaque et bien couvrant. En ouvrant un œil sous le bandeau, seule une faible source de lumière lui apparaissait depuis sa joue. Il le referma.

La Destinée du DragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant