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 Combien de fois ai-je entendu "Il a l'air sympa", "T'as de la chance d'avoir un père aussi cool", et tant d'autre compliment envieux... Oh seulement si vous saviez... SI vous saviez l'enfer que c'était de vivre sous le même toit que cette homme. En me voyant marcher dans la rue, on ne pouvait se douter de rien... Mais quand on s'approchait de plus près, c'était une autre histoire. C'était souvent lancé sous forme de pics, de commentaires désobligeants comme : "T'as grossi", "Tu ne travailles jamais", "T'es résultats ne sont pas assez bon", "Seulement 18 !? Tu ne fais vraiment aucun effort". C'était des comparaisons sans cesse : à ta sœur de 8 ans "à force de manger tout et n'importe quoi, tu vas finir comme ta sœur", "ta grand mère à ton âge, elle était maigre, elle...", "tu ne savais pas faire ça, toi, au même âge"... Des comparaisons encore et toujours, la plupart du temps sur le poids et le physique... C'était des "T'es conne", des "t'es vraiment trop bête", des "tu es une incapable"... Mais aussi des menaces : "Tu la vois celle là", "Tu mériterais des claques"... C'était des insultes, des reproches, des éclats de voix, des excès de rage et de colère qui te glacent le sang. Et ça te tombait dessus d'un coup dans la plus banale des conversations... Puis c'était la fois de trop. En voiture, sur une route de campagne, il s'est énervé d'un coup. Il hurlait en frappant le volant, laissant la voiture zigzaguer au milieu de la départementale. Tout y passait : mes notes, mon physiques, mon entourage, mon charactère, et même mes passions. Il hurlait d'une force qui me terrorisait, et j'en venais à prier que la voiture finisse dans le champs pour que mon supplice s'arrête enfin. Mais non ! Dans sa folie, il gardait le contrôle du véhicule et continuait à m'insulter, moi, mais aussi ma mère, son autre ex-femme. Pour une raison que j'ignorais, il maudissait les femmes. Proférant même des menaces. Il parlait de suicides, d'armes à feu. Et si à l'arrière du véhicule il n'y avait pas eu ma demi-sœur qui, dans un mutisme glaçant, versait des larmes de terreurs, je vous assure qu'à un stop ou un feu-rouge j'aurai pris mes jambes à mon cou. Mais non, elle était là. Je suis donc resté dans cette voiture avec cette homme qui se prétendait mon père mais qui n'avait de cesse de m'enfoncer.

Arrivé chez lui, je profitais qu'il gare la voiture pour demander discrètement à ma sœur si il lui hurlait souvent dessus de cette façon. Les larmes aux yeux, elle m'avouait que oui. S'en était trop : il fallait que je parte sans plus jamais me retourner.

Et c'est ce que j'ai fait. Ce soir là je suis allé me coucher sans manger, j'ai fait mes bagages, mis le réveil. De toute façon, j'étais trop terrorisé et en colère pour réussir à fermer l'œil. Le lendemain, six heure, j'étais dehors à marcher vers la gare dans un quartier pourtant réputé dangereux. Il faut dire que j'avais moins peur de ce qui m'attendait dehors que ce que j'avais vécu la veille. 

Arrivé à la gare, je montais dans le train et m'en allai à tout jamais de chez cette homme inhumain à qui j'ai pardonné pendant trop longtemps, pensant que tout ce qu'il se passait était entièrement de ma faute. 

Ce jour là, j'ai compris qu'on est jamais responsable des violences qu'on subit. Qu'elles soient physiques ou psychiques... 

Vous vous douterez qu'il n'a pas voulu en rester là : il m'a harcelé de message pour que l'on se revoit car il voulait "s'expliquer". Il en était hors de question. Face à mes refus, il fini par m'écrire une lettre dans laquelle il mettait en cause mon comportement, mais également ses deux ex-femmes (ma mère, et celle de ma demi-sœur). Il me disait que ses mots avaient dépassés sa pensée. Mais comment écouter un homme qui prétend que ses enfants sont la cause de ses deux divorces... 

Cet homme m'a terrorisé pendant trop longtemps, et je ne pourrais jamais lui pardonner la souffrance qu'il m'a fait subir. 

Il est impensable de prétendre aimer quelqu'un si on lui rabâchant sans cesses des ignominies. C'est sont d'ailleurs pénalisables aux yeux de la loi. Malheureusement, lorsqu'on pousse la porte d'un commissariat, c'est souvent bien différent.  Le premier commissariat dans lequel je me suis rendu m'a renvoyé chez moi, refusant même de prendre, ne serait-ce qu'une main courante. Le deuxième s'est montré beaucoup plus compatissant mais m'a informé que, malheureusement, je ne pouvais pas porter plainte car il n'y avait aucunes preuves physiques et matérielles... 


PenséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant