- J'ai éclaté en sanglots. J'ai un faible pour cette expression. On n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats.
Mr Daners, notre professeur d'arts, lit pour la énième fois, une des œuvres d'Albert Espinosa. Je ne m'y intéresse pas, tout comme certains. Jake est assis à quelques mètres plus loin, proche de Danielle et James.
La classe n'a jamais été aussi bavarde. Mes yeux se baladent dans la salle, l'esprit lointain. Taylor s'est endormie comme un bébé sur l'épaule de Ben. Qui lui même, n'écoute rien de ce qui est dit.
- Quelqu'un pourrait m'interpréter ce paragraphe ?
Rien. Personne ne se préoccupe de la question. Mr Daners râle en nous demandant tant bien que mal de nous concentrer. Ce qui, pour moi, est une perte de temps.
À chaque fois que ces classes sont réunies, nous sommes tous turbulents. Quelques élèves se font désigner par hasard. Les rires fusent de plus en plus fort, lorsque certaines réponses hilarantes résonnent.
Puis vient son tour d'être interrogé. C'est avec le visage dépité, que Jake accorde son attention à Daners.
- Vous pourriez m'interpréter ça, Burton ?
- Je ne crois pas.
- Rien ne vous vaut d'essayer, pourtant.
Le châtain souffle. Il a l'air déconnecté.
- Albert Espinosa dénonce la souffrance d'aimer ou de ressentir. On en retient que les sentiments peuvent atteindre de dévastatrices proportions.
Et voilà.
Il semble absent, comme blasé de tout. L'attitude de Jake Burton me tourne à l'énigme. Et pourtant il en garde quelque chose de si attirant. Le professeur acquiesce, sourire en coin.
- Quelqu'un d'autre ?
Le châtain se rassoit. J'intercepte le regard d'Oliver qui me mime un "je m'ennuie" avec ses lèvres. Je souris, compatissante.
***
Je discute avec Danielle pendant notre trajet. C'est à son tour de récupérer Tommy à l'école, alors je l'accompagne. La conversation me fait beaucoup rigoler.
Nous arrivons devant l'école. À l'entrée, un petit garçon y est assis, la tête dans ses genoux. Préoccupée, mon attention se porte à lui. Il n'a pas l'air bien.
- Tommy ? Demande mon amie.
L'enfant ne lui répond pas. Je l'examine plus attentivement. Et mon dieu. C'est Tommy. La brune se rue sur vers son petit frère, paniquée. Je la suis dans le même état.
- Parle moi, Tommy !
Il relève la tête. Ses petits yeux noisettes sont inondés de larmes. Il a tellement pleuré que tout son visage a rougi. Cette image me laisse sans voix. Qu'est-ce qui lui est arrivé ?
- Ramène moi à la maison, dit-il, la voix cassée.
- Qui t'as fais ça ? Dis moi...
- Je veux rentrer ! Hurle t-il.
Mon amie et moi sursautons. Ce changement d'humeur m'atteint d'un seul coup. Désemparée, Danielle le lève. Sauf qu'il nous demande de ne pas le toucher. J'essaye de l'approcher mais il me fuit. Il évite nos contacts.
La brune se courbe à sa hauteur. Je sens qu'elle en est affectée.
- Regarde moi, lui demande t-elle, la voix tremblante.
Il baisse la tête sur ses chaussures. Ses épaules se secouent à la mesure de son souffle.
- Regarde moi, s'il te plaît.
- Je suis un monstre, lâche-t-il en pleure, personne ne m'aime.
J'en ai la gorge serrée. C'est impuissante, que j'assiste à sa détresse. Ça a eu l'effet d'un grand écho. Voir un enfant se perdre dans la tristesse, c'est dur. Mais c'est encore pire lorsque vous savez que vous ne pouvez rien pour lui éviter ça.
***
Je ferme la porte, la faisant claquer. Danielle portant Tommy dans ses bras, entre dans le salon. Il s'est endormi sur le trajet, la fatigue a finit par le calmer. Elle le pose sur les fauteuils.
Je m'assois à côté de lui. Il dégage un air plus serein, plus reposé. La scène de toute à l'heure tourne en boucle dans ma tête.
- Je vais le monter dans sa chambre.
Danielle est devenue neutre, dépassée. Elle passe une main dans ses cheveux, le mascara dégoulinant.
- Tu veux que je reste ici, ce soir ? Hésitais-je, inquiète.
- Merci, ça va aller.
J'acquiesce en me levant. Son stress et sa peine se répandent dans l'habitacle. Le visage gonflé, elle me force un sourire. L'un de ces sourires difficiles que l'on fait pour rassurer. Je ressens encore la panique de son petit frère, plus tôt.
Je lui dit au revoir, puis m'en vais. Le vent comble le silence. Les yeux clos, je prends le temps de respirer. De me remettre l'espace d'un moment, de cet épisode de ma journée.
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A Dating Story ?
Roman pour Adolescents[ HISTOIRE TERMINÉE. ] Je m'appelle Peyton Amanda williams. Cette année, c'est mon avant dernière au lycée stratford school. Comme toi, ma vie est parfaitement normale : j'ai de superbes amis et une famille adorable. Je suis l'une des adolescentes...