A Dating Story ?

chapitre 23

L'ascension est peut-être longue mais la vue en vaut la peine, tu sais.

J'y ai pensé toute la nuit. Je n'ai pas dormi de la nuit. Ça m'a carrément hanté. Peut-être qu'il a raison ? Non, c'est n'importe quoi. De quoi aurais-je peur ? Pourquoi aurais-je peur enfin ? Il me fait m'interroger sur moi même. C'est trop.

Oliver devait passer me prendre toute à l'heure, pour qu'on aille au chalet de James. Mais j'ai repoussé jusqu'à demain. Pourquoi ? Je ne sais pas. Ben, James, et Taylor iront aujourd'hui. Et finalement Danielle aussi, a décidé d'y aller demain. Ça m'a semblé équitable.

Dans mon lit, je pense. Je pense à ces congés, je pense à mes amis, je pense à moi, je pense à Jake. Est-il déjà parti ? Ça me ferait quelque chose sinon. Mes yeux regardent mes dessins sans vraiment les voir. Comme si mon corps était là, mais pas mon esprit. Je réfléchis beaucoup trop.

Jake Burton. Pourquoi n'es-tu pas simple comme garçon ? Pourquoi faut-il que tu sois l'exception qui me pousse à apprécier la particularité ? Je ne te connais pas. Tu ne me connais pas plus. Nous sommes étrangers, l'un à l'autre. Alors est-il explicable que j'ai l'impression de m'attacher à toi ? Et que je n'arrive pas à lutter contre ça ? Quoi que tu décides d'accomplir comme folie.

Je ne sais pas ce que je ressens. Mais je suis sûre que ce n'est pas de l'amour. N'est-ce pas ? Parce que ça n'aurait pas de sens autrement. Être amoureuse d'un inconnu...ça sonne faux. Ça ne mérite même pas que je me penches sur le sujet. Peut-être est-ce son côté simple, blasé qui me fascine ? Il incruste tant mes pensées, c'est frustrant.

Toute la journée, j'ai passé à lorgner mon téléphone. J'ai espéré recevoir un message qui n'est jamais venu. Ça m'a déchargé les batteries. Et je suis restée à glander dans ma chambre. Le fait que lui fasse ce qu'il veut sur le coup, prouve notre différence. Je n'aime pas me la jouer aventurière. C'est dangereux. C'est effrayant, et loin d'être tentant. Pour ça, Taylor me trouve assez bizarre.

Et puis hier, ce gars sous des gradins me dit que c'est de ça qu'est faite la vie. Et ça remet tout en question. Il va partir pour visiter un fragment du monde, ici dans ces rues qui sembleront mortes sous la lune. Il a raison, j'ai peur. Mais peur qu'il décide de ne pas revenir. Qu'il se dise qu'il y a tellement plus à voir ailleurs. J'ai peur de ne plus jamais tomber sur son visage pendant les entraînements. À quel moment j'en suis arrivée là ? Je me demande.

C'est de ça qu'a été faite ma journée. À me tourner les pouces dans l'espoir d'oublier temporairement le châtain. Et, c'est amusant, mais c'est tout le contraire qui s'est passé. Maintenant il s'implique à tout. Si je mange, je me demande si il mange aussi. Si je dessine, je me demande où il peut être maintenant. Dans une chambre d'hôtel, à cocher des lieux sur sa carte ? Ou a préparer sa balade en faisant des provisions ?

- C'est insupportable, soufflais-je en me levant.

J'enfile un blouson sur mon pyjama, prend mes clés et descends au rez-de-chaussée. Ma mère n'est pas là. Ce n'est pas si étonnant. En bas, tout est silencieux. Rien ne vit, ni ne bouge. Ça détend les nerfs, dans un sens. J'enfile mes grosses bottes noires, puis franchis la porte. Ce que je fais n'a pas de retour. Au pire, je crois que j'aurais la honte de ma vie.

Quelques passants me dévisagent. C'est un peu gênant mais pas encombrant. Aujourd'hui il n'y a pas eu de soleil, juste un temps étrange. J'ai bien apprécié. J'ai même cru qu'il aillait pleuvoir mais non. C'était juste un temps étrange. À un coin de rue, je m'arrête face au parc qui se dresse devant moi.

J'ai envoyé un message à Camille pour lui demander, où pouvait être son cousin à cette heure ci. Sans hésiter elle m'a indiqué cet endroit. ''Au parc !'' m'a t-elle dit dans sa note vocale. Sur le coup, je ne me suis pas dit que c'était une mauvaise idée. Je ne me suis pas non plus demandé ce qu'elle croyait comprendre. Mais voilà, je me sens d'une autre humeur actuellement. Je ne peux pas l'expliquer. Rien ne m'importe. Mon pyjama n'en est pas la preuve suffisante ?

Mais j'appréhende. Les enfants courent avec des ballons, des vieux sont assis à regarder la jeunesse, en se contant la leur, des couples se prennent en photo, mais j'appréhende. Et puis j'avance, je traverse les enfants, les personnes âgés, enfin les couples. Je crois avoir gâché l'une de leurs images.

Je me place entre tout ce monde, en espérant le voir. Mais personne. Je tourne sur moi même. Me retourne. Refais mes pas. Reviens sur mes pas. Ça me tue, vraiment. Camille s'est-elle trompée ? C'était plan foireux de série télévisée, de tout façon.

Je range certaines mèches derrière mes oreilles, puis c'est comme un éclair. Je le vois. Il s'est assis contre un arbre, les yeux perdus sur quelque chose à ses pieds. Sa carte peut-être. Je ne réfléchis pas et je vais vers lui.

Je n'ai aucune idée de ce que je vais lui sortir, je ne sais même plus pourquoi j'ai autant tenu à le voir. Sauf que ce n'était pas un caprice. Il le fallait, je ne sais pas pourquoi mais il le fallait. Mon cœur bat furieusement, j'ai les mains qui vacillent. Mon corps se rapproche et j'ai la sensation de regarder la scène d'un étage au dessus.

Je dois parler à Jake Burton.

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