Hier soir à peut-être été l'une des soirées passées avec Jake que j'affectionne énormément, en plus de celle où nous nous sommes parlés pour la première fois. On est allés à une fête sur la plage, dans la nuit. À dire vrai, nous ne connaissions personne, alors il nous y a tout bonnement incrusté. Un peu effronté de sa part sois dit en passant, il a quand même réussi à nous faire fondre dans la foule. Il y avait tellement de gens, tellement de visages, tellement d'éclats de voix et tellement de vies. Tout ça au même endroit et à une heure approximativement la même. C'était si énorme, si grand.Il y avait des feux de camps, et des rassemblements de danseurs effrénés dans tous les coins. Certains jouaient de la vielle guitare acoustique. Et d'autres, plus attirés par la modernité, s'extasiaient sur la mélodie de chansons à la mode, branchées directement sur de grands baffles qui donnaient extrêmement fort. Je me sentais minuscule dans ce monde étranger, dans cette nouvelle atmosphère que je découvrais pour la première fois. Les quelques fêtes lycéennes organisées par les élèves de notre établissement, n'avaient clairement aucun moyen de rivaliser avec un rassemblement aussi gigantesque que celui auquel je faisais désormais face.
C'était comme se retrouver dans l'océan. Jetée parmi tous ces corps différents, j'étais devenue un poisson qui cherchait ses marques à travers un brin de rien, une chose à laquelle je pouvais m'accrocher pour pouvoir continuer. Ils étaient tous si déchaînés, les souffles saccadés, les hurlements confus et les membres contrebalancés, de façon révoltée par quelque chose qu'ils considéraient d'une injustice pure. Lorsque l'énième hit du moment démarrait, et qu'ils se mettaient à danser avec hargne et férocité, comme s'ils essayaient de manifester ou de laisser voir leur fureur avec tout ce qui prouvait leur mécontentement commun, je me suis sentie éblouie, accablée par de telles émotions envahissantes et divergentes.
Puis ma main est devenue toute chaude, glissant doucement contre celle de Jake qui s'était mit à me tenir de toutes ses forces. Jusqu'à ce qu'il ne revienne vers moi, je ne m'étais pas rendue compte qu'on s'était perdus de vue. J'ai posé mes yeux sur son visage, ensuite nos mains, puis encore son visage. Il était serein, quasiment inexpressif. Ne révélant pas le moindre sentiment de gêne ou autre, il s'était tourné dans ma direction en me souriant de cet air que lui seul pouvait faire, avant d'entremêler nos doigts. À ce moment là, je ne sais pas, mais c'était réconfortant. J'étais tellement à l'aise que je me suis demandée si j'étais réellement dans mon état normal, si tout ce qui était entrain de se passer était vrai.
On s'est arrêté par la suite, vers les vagues brouillantes. Il y avait un groupe de campeur plus loin. Tous étant assis en cercle face à un brasier titanesque. Ce soir tout avait l'air possible et faisable. Cela semblait sortir tout droit d'un rêve, ou d'un désir de réalité. On avait l'impression d'être en mesure d'accomplir n'importe quoi, peu importe à quel point ça pouvait être embarrassant. Cette escapade lunaire savait se donner un air si rassurant qu'elle pouvait même nous faire imaginer qu'elle garderait le secret de nos actes et nos mots interdits avec elle pour toujours. Jusqu'à ce que le soleil fasse réapparaître le bout de son nez, le moment venu. Oui, en somme, c'était pour moi, l'équivalent de l'indestructibilité : la liberté de tout faire.
Jake m'a tiré vers eux, puis nous nous sommes donc retrouvez face à ces inconnus, de manière peu attendue. Cela avait l'air d'être un groupe d'amis dont la rencontre ne remontait pas à cette fête. Rien qu'en ne se concentrant que sur leurs diverses interactions, il était facile d'avancer qu'ils se connaissaient depuis plus longtemps que ce soir. Pour une raison inconnue, notre présence n'était incommodante pour personne. On s'est assis près d'eux, et j'ai longuement observé les flammes se trémousser dans l'obscurité.
Les heures ont défilé si rapidement. J'en ai failli oublier où j'étais.
J'ai beaucoup ris. J'ai ris avec des gens dont je ne me souviens même plus des prénoms. En passant par cette blonde aux mèches teintes, puis à ces jumeaux au look mi-punk mi-gothique, j'ai fait le tour des rencontres d'une vie. Ce style de rencontres que je ne reverrais probablement jamais.
Ensuite, je me souviens à ce certain moment, d'avoir curieusement lorgné le châtain. Avec un visage qui ne trahissait rien, il semblait déjà avoir atteint la phase terminale de la boisson. Celle où on lutte avec notre conscience contre le sommeil et les mauvaise décisions qui veulent être prises. Alors patiemment, je le regardais en me demandant quelle partie de lui l'emporterait.
C'était la première fois que je le voyais saoule. Mais j'avais beau assister à quelque chose d'inédit, il tenait vraiment bien l'alcool. Sans perdre ses moyens, ou quoi que ce soit, il arrivait encore à converser avec les gens sans se perdre dans ses paroles. « Peut-être sa conscience avait-elle remportée le combat », me suis-je dit avec amusement.
Et là, il s'est tourné vers moi. Brusquement. Il m'a jugé un quart de seconde, comme s'il avait senti mes yeux ne pas le rater. J'ai détourné mon regard, coupable. Était-ce si évident ? Je ne pouvais pas lutter. En combattant avec peine mon embarras, j'ai senti son épaule se coller à mon dos. Mon cœur a fait un bond d'une éternité, sentant mes membres se congeler en un instant. Je me suis retournée encore une fois pour lui. Et cette fois, j'ai été bluffée.
Bluffée par l'état de mes poumons qui semblaient se remplir d'eau. Bluffée par les soudaines sueurs froides qui envahissaient ma peau, semblables à des fourmillements. Bluffée par son visage qui était devenu si près à un point qui était tel, que je n'avais qu'à lever une main pour pouvoir le toucher.
C'était comme si je ne pouvais pas me défiler. Comme si il n'était plus de mon ressort de l'éviter et de feindre. Non, maintenant, cela avait l'air hors du capable. J'ai commencé à faire de l'hyper ventilation, à respirer fort, bruyamment tout en le laissant me dévisager aussi franchement. Il ne disait rien, mais c'est comme si le reste de son corps, lui, bavardait. J'agissais comme si je comprenais. Mais c'était effrayant. C'était effrayant parce qu'une partie de moi, avait l'air de vouloir connaître la finalité de ça. Une partie de moi, lui parlait aussi en silence. Et il avait l'air de le savoir.
Alors je l'ai laissé posé une main sur ma joue, en fermant mes paupières. J'ai abandonné ma confiance en ses gestes si incertains. Lorsque son souffle a frôler mes lèvres, j'ai compris. J'ai compris comme ça n'avait rien d'une vulgaire illusion. J'ai compris comme c'était vrai. Tout ça. Lui, moi. Et quand sa bouche a touché la mienne, mes jambes se sont pétrifiées dans le sable froid. Il m'a embrassé vraiment, sans retenue. J'ai caressé ses cheveux sur le côté en replaçant ses mèches derrière son oreille, alors que je lui donnais tout ce que j'avais accumulé pour lui à travers ce baiser insensé. Tous ces sentiments confus qui n'ont jamais été dévoilés depuis quelque temps, jusqu'à présent. Je me vidais de ce béguin, comme un pneu qui se vidait d'air. Et il a passé son autre bras autour de mon ventre, comme si il le ressentait. J'aurais sûrement pu en pleurer.
Lorsque nos lèvres se sont décollées et qu'il respirait doucement de ce faible centimètre qui nous séparait sans me lâcher, j'ai eu envie de l'embrasser encore. Il a levé ma tête vers lui, et là, tout es devenu encore plus étrange que ça ne l'était déjà.
J'ai froncé les sourcils sans pouvoir comprendre, en confrontant désormais l'expression dépitée de Jake Burton qui me fixait fatalement. Le décor s'est terni, et ça été facile de réaliser comme il regrettait ce qui venait de se passer.
Enfin de compte, j'avais mal jaugé la situation. Car, il était flagrant de constater que c'était ces fameuses mauvaise décisions à prendre, qui avaient dominé sur son état de sobriété. Au final, sa conscience avait perdu. Et moi avec.
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A Dating Story ?
Teen Fiction[ HISTOIRE TERMINÉE. ] Je m'appelle Peyton Amanda williams. Cette année, c'est mon avant dernière au lycée stratford school. Comme toi, ma vie est parfaitement normale : j'ai de superbes amis et une famille adorable. Je suis l'une des adolescentes...